UN Watch et les Droits de l’Homme à l’ONU, la chronique de Richard Prasquier

International.

On sait que  le Conseil des Droits de l’Homme, navire amiral de l’ONU à Genève est  un foyer de  diabolisation d’Israël mais certains ne connaissent pas UN Watch, une admirable ONG qui, par la voix de son directeur Hillel Neuer expose sur place cette dénigration systématique et fait connaitre en outre les militants des Droits de l’homme provenant de pays que le Conseil préfère ne pas froisser.
Je reviens de Genève où UN Watch a tenu son gala. Outre l’ancien Ambassadeur d’Israël aux Etats Unis Ron Dermer, on y a honoré Hussein Mansour, un jeune intellectuel égyptien passé de la sympathie pour le djihad à la lutte contre l’antisémitisme et Evguenia, l’épouse de Vladimir Kara Murza, un journaliste russe en prison pour s’être publiquement opposé à la guerre en Ukraine. Dans le passé, j’avais entendu parmi d’autres un rescapé de l’enfer de la Corée du Nord, le fils rebelle d’un dirigeant du Hamas et une jeune iranienne qui appelait à la liberté pour les femmes de son pays.
Il y a 10 000  fonctionnaires de l’ONU, plus qu’à New York, 350 0NG, 8000 réunions annuelles, l’étendue des règlementations concoctées défie l’imagination et le qualificatif de machin bureaucratique obèse s’impose à l’esprit. Il pèse dans ces lieux un parfum d’échecs. Le Palais des Nations Unies à Genève fut avant guerre le siège de la SDN, la peu efficace Société des Nations, et dans la Cour d’Honneur, un monument métallique célèbre symbolise, soi-disant, la résolution des conflits . C’est  une Sphère céleste dite armillaire, un objet tiré du temps où l’homme se croyait au centre de l’univers. Pourquoi la dédier au Président américain Wilson, initiateur de la SDN, mais dont le pays a refusé  d’y participer? Pourquoi le faire construire par une entreprise de l’Italie fasciste et l’inaugurer la semaine où l’Allemagne nazie envahit la Pologne? Pourquoi utiliser des alliages inadéquats qui ont vite rouillé et ont laissé l’eau traverser la structure?
Pas de chance. Pas de chance d’avoir choisi à Genève une directrice russe solidaire de son pays. Pas de chance non plus d’avoir fait entrer l’Iran à la Commission sur le Statut des Femmes. Aujourd’hui 24 novembre, d’ailleurs, la situation des femmes en Iran devrait enfin être abordée au Conseil des Droits de l’Homme, malgré l’opposition virulente de la Chine, du Venezuela et de la Russie, ces pays qui proclament que le charbonnier doit être maitre chez lui sauf si ce charbonnier est israélien!
Il a remplacé en 2006 une Commission des Droits de l’Homme qui dans son article 8 avait mis Israël sous accusation permanente, situation à laquelle n’était soumis aucun autre Etat. Mais un an plus tard, le Conseil a repris cet article sous le numéro d’article 7 et le jeu a repris: il y a les critiques ponctuelles et précautionneuses sur les Droits de l’Homme dans un pays donné et la critique répétitive et virulente contre Israël. Cela réfute toute prétention du Conseil à l’impartialité.
Le Conseil des Droits de l’Homme est composé de 47 membres, répartis en groupes géographiques qui défavorisent les démocraties au profit des  pires violateurs des droits humains, des pays qui se soutiennent les uns les autres sous la bannière de l’anti-impérialisme. Ils sont comme un Al Capone qui serait membre d’une Commission de lutte contre le banditisme.
Mais à l’Assemblée Générale elle-même, si on additionne les pays musulmans, ceux qui votent par affinité géographique, sociologique ou idéologique et ceux qui s’abstiennent pour de fumeuses considérations diplomatiques, on comprend qu’il n’y ait eu que 17 pays (et malheureusement pas la France) pour s’opposer au transfert  du dossier d’Israël vers la Cour Internationale de Justice pour cause d’apartheid, dossier établi par un trio d’enquêteurs à charge mandatés par le Conseil des Droits de l’Homme et dont un membre au moins aurait dû être chassé pour ses commentaires antisémites.
Mais le Conseil des Droits de l’homme est aussi un lieu de militance anti-israélienne au niveau de son administration. C’est ce qu’on apprend à la lecture de la plainte que UN Watch a déposée contre certains fonctionnaires qui cherchent à faire taire sa voix singulière et critique. Ce sont eux, les permanents, qui connaissent les hommes et les dossiers, qui orientent les choix vers des enquêteurs qui partagent leurs préjugés. C’est probablement leur entremise qui explique la nomination systématique aux postes marquants de représentants  qui devraient être neutres, mais dont on sait par leur passé qu’ils étaient fortement biaisés.
La superposition de ces différentes strates d’hostilité anti-israélienne, rapports d’enquête, votes du Conseil et de l’Assemblée Générale, produit un effet d’accumulation qui tend à délégitimer Israël dans le public. Mais derrière tout cela il y a moins des comparaisons objectives entre les violations des Droits de l’Homme par différents pays qu’une posture confortable et banale: il vaut mieux être du côté du nombre.
Mais si le nombre n’a jamais été de son côté, Israël a heureusement cessé d’être l’impuissant baudet des Animaux malades de la peste, la fable géniale de La Fontaine.
Le Conseil des Droits de l’Homme a bradé le bel espoir de la déclaration dont René Cassin fut le maitre d’œuvre. C’est un des grands échecs des Nations Unies. Il est ainsi, au même endroit, le triste successeur de la lamentable Société des Nations.
Richard Prasquier

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