Des progrès dans la maladie d’Alzheimer, la chronique du docteur Serge Rafal

France.

J’ai déjà abordé à plusieurs reprises dans cette rubrique la maladie d'Alzheimer mais des progrès sont réalisés régulièrement et il me semble utile de les dévoiler au fur et à mesure, sans tarder, tant elle terrifie une société qui vieillit. Nous disposons des chiffres de 2020. Les personnes de plus de  65 ans représentaient 20,5% de la population (soit 13 millions de personnes). Elles devraient atteindre d’après les prévisionnistes autour de 30% en 2050, soit environ 22 millions de personnes. Et qui dit vieillissement sous-entend augmentation des maladies neurodégénératives et bien sûr de la forme la plus emblématique de déclin cognitif, la maladie d'Alzheimer. D’après l’OMS, il y aurait 30M de cas dans le monde, nombre probablement sous-estimé pour des raisons qu’on imagine aisément, beaucoup de pays n’ayant pas un registre des maladies. En France, elle touche autour de 1,2 million de personnes en France dont seulement 750 000 sont diagnostiquées avec certitude. Elle se caractérise par une perte progressive de la mémoire et de certaines fonctions intellectuelles dites de cognition : - Troubles du langage ; - Non-reconnaissance des objets ou des personnes ; - Désorientation ; - Perte des fonctions exécutives. Cette évolution est toutefois variable chez chaque individu et d’une personne à l’autre, les symptômes n’apparaissant pas tous dans le même temps et avec la même intensité. La perte de ses clés, l’oubli du nom d’un acteur ou d’un médicament, le rappel d’un MDP ne sont pas nécessairement les prémisses d’une maladie d'Alzheimer. Il s’agit d’une maladie plurifactorielle complexe indiscutablement liée à l’âge. Il existe des prédispositions génétiques qui augmentent sa survenue : un gène sur le chromosome 19 est à présent identifié, c’est le plus connu. On retrouve également des facteurs de risque vasculaires, qui non traités viennent déclencher ou aggraver le déclin cognitif. Et des facteurs sociaux démographiques (mode de vie, état de santé) et environnementaux (lieu de vie) qui eux-aussi interagissent.  On sait que le cerveau s’atrophie dans cette maladie, ce que l’on constate sur l’imagerie et qui vient à l’appui de la clinique. Des protéines qui habituellement défendent le cerveau en s’attaquant aux pathogènes, forment de petits tas dans les neurones (ce sont les protéines amyloïdes) ou à l’extérieur (les protéines « tau »), ceci sous l’influence d’un virus (peut-être celui de l’herpès) ou du microbiote intestinal. Cette évolution a lieu en 2 temps : l’accumulation puis l’enchevêtrement qui aboutissent à la mort des neurones (20% d’entre eux). Mais cela n’explique pas toute la maladie. S’y rajoute un processus neuro-inflammatoire qui touche les agents immunitaires du cerveau, les cellules gliales. Elles deviennent comme folles et s’attaquent aux neurones au lieu de les défendre, accélérant le processus de destruction. Si l’on veut l’illustrer par une image, on peut dire que de pompiers, ces cellules protectrices deviennent pyromanes et propagent l’incendie au lieu de l’éteindre. Cela passera peut-être par des interventions sur le système immunitaire et le microbiote intestinal dont on connaît à présent l’importance pour la santé. C’est ainsi que le régime MIND qui met en avant certains aliments fermentés (kéfir, kimchi, kombucha, miso…), les baies et fruits rouges et bleus, les céréales complètes, des épices et des herbes (cannelle, curcuma, thym…), les légumes verts et à feuilles, les légumineuses, les oléagineux, les poissons gras pourrait d’après certaines études préliminaires se montrer intéressant. « L’espoir est une mémoire qui désire » écrit Balzac. Nous sommes précisément plein d’espoir devant cette maladie qui pour le moment fait perdre la mémoire puis la raison. Plus pour longtemps, espérons-le. https://youtu.be/3g2qlHYFgeE Docteur Serge Rafal

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