A regarder du côté palestinien, on a du mal à voir où passe la frontière entre la position officielle de Ramallah et la réalité sur le terrain. Mahmoud Abbas condamne les attaques terroristes perpétrées contre des Israéliens, tout en accusant Israël d'alimenter l'escalade de la violence. Mais le fait est que le chef de l'Autorité Palestinienne continue à se démarquer d'un soutien ouvert et officiel au terrorisme, comme le faisait son prédécesseur Arafat. On ne peut toutefois pas en dire autant de son parti, le Fatah, qui lui, célèbre les "martyrs " tombés pour la cause nationale palestinienne, autrement dit les terroristes, qui ont perpétré des fusillades, des attaques au couteau ou lancé des bouteilles incendiaires avant d'être abattus par les forces de sécurité israéliennes.
Et c'est encore plus vrai dans les zones de Judée Samarie où l'autorité politique de Mahmoud Abbas est de plus en plus affaiblie. Et en particulier dans le secteur de Djénine. C'est de cette région du nord de la Samarie qu'étaient sortis les auteurs des attentats de Bnei Brak fin mars et de Tel Aviv jeudi dernier. Le terroriste de Dizengoff venait même du camp de Djénine, en passe de redevenir le fief terroriste qu'il était durant l'intifada des années 2000. Dans ce camp palestinien, qui surplombe la ville éponyme, l'Autorité Palestinienne n'entre plus, que ce soient ses fonctionnaires ou ses policiers, par peur d'y laisser leur vie. Quant aux membres du Fatah et de sa branche armée qui y résident, ils se déclarent ouvertement hostiles à Mahmoud Abbas, même s'ils continuent à porter les insignes, voire les uniformes des services palestiniens. Ce qui laisse présager d'une scission, voire d'une explosion du parti palestinien après la disparition de son chef actuel. Ces responsables locaux du Fatah, comme le père du terroriste de Tel Aviv, soutiennent et exhortent aux actions violentes contre Israël. Ce qui est tout aussi vrai, mais plus cohérent, de la part des autres organisations palestiniennes, que ce soit le Hamas ou le Jihad islamique.
Et si dans le bastion de Djénine, les candidats au terrorisme ne manquent pas, on n'est pourtant pas dans un effet domino comme celui de l'intifada des années 2000. D'abord parce que l'infrastructure terroriste avait été démantelée par Israël sans avoir pu se reconstituer depuis avec la même puissance. Mais aussi parce que, au moins jusqu'à présent, la population palestinienne ne suit pas. Si les Palestiniens peuvent se réjouir en entendant que des Juifs ont été tués à Tel Aviv ou à Beer Sheva, cela ne leur donne pas pour autant l'impulsion du passage à l'acte. On ne voit pas non plus de manifestation de masse vers l'entrée des agglomérations palestiniennes pour rechercher l'affrontement avec les soldats de Tsahal. Et tant que rien ne se passe à Jérusalem, la situation pourrait se maintenir sans gravir un degré supplémentaire dans l'escalade. Mais cela ne suffit plus à rendre à la population israélienne son sentiment de sécurité. Aussi parce que le terrorisme est devenu beaucoup plus difficile à anticiper.
Pascale Zonszain
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