En ce moment Écouter la radio

Covid et précarité en Israël

Israël.

Covid et précarité en Israël
(Crédit : GPO)

L'économie israélienne n'a pas trop souffert de la crise sanitaire. Le taux de chômage est repassé sous la barre des 10%, avec un peu plus de 200 000 demandeurs d'emploi. Et Naftali Bennett assure qu'il fera tout pour maintenir l'activité économique ouverte alors que se profilent de nouvelles restrictions pour freiner la propagation du variant Omicron. Mais l'année 2021 n'aura pas été faste pour les plus faibles. Le rapport alternatif sur la pauvreté en Israël, publié hier par l'association Latet, est même assez préoccupant. Un constat qui s'appuie sur des données collectées par l'ONG qui a également une activité de banque alimentaire et chapeaute toute une gamme d'actions sociales auprès des plus faibles et qui publie donc chaque année depuis 19 ans un rapport détaillé sur la précarité en Israël. L'association recense aujourd'hui 2 millions 540 mille Israéliens vivant sous le seuil de pauvreté, dont plus d'un million d'enfants. Une précarisation qui s'est aggravée avec l'épidémie de Covid, puisqu'au cours de l'année écoulée se sont ajoutés quelque 230 mille foyers à ceux qui étaient déjà en situation de précarité économique.

Et l'association constate aussi l'émergence d'une "classe moyenne pauvre". Elle représentait 14% avant la crise sanitaire, elle est passée aujourd'hui à 23,6%. C'est donc près d'un quart de la classe moyenne israélienne qui est menacée de précarité. Pour établir ses conclusions, Latet se fonde sur cinq paramètres différents : le logement, l'éducation, le niveau de qualification, la santé, la sécurité alimentaire et la capacité à faire face au coût de la vie. Ce qui permet aussi de détecter les changements sur le court terme, induits notamment par la crise sanitaire. Depuis le début de l'année, ce sont près d'un tiers des ménages israéliens qui se sont retrouvés en situation de détresse économique, contre moins d'un quart avant l'éruption de l'épidémie. Ce qui est pourtant une amélioration comparé à octobre 2020, où plus de 38% des foyers s'étaient retrouvés dans cette situation. Il y a cependant un rétrécissement de la classe moyenne, qui est déjà passée de 58 à 48%.

Concrètement, cela signifie que  pour ces foyers qui sont soutenus par l'association, 77% n'arrivent pas à faire face aux dépenses d'alimentation, plus de 67% ont dû renoncer à l'achat de médicaments ou à un traitement médical, et plus de 70% n'ont pu assumer les frais de matériel scolaire pour leurs enfants. Pour ces ménages, les dépenses sont de plus de 60%, supérieures à leurs revenus. Autre donnée préoccupante, parmi ces Israéliens qui font appel à l'assistance de l'ONG Latet, près de 39% ont été contaminés par le virus du Covid, soit plus de trois fois plus que sur la moyenne de la population totale du pays. Enfin, en ce qui concerne la situation des personnes aidées par l'association, la moitié de celles qui travaillaient avant la crise sanitaire, ont perdu leur source de revenus depuis.

Si l'on extrapole à partir des données recueillies par Latet, c'est donc près d'un quart de la société israélienne qui a été touchée par les répercussions économiques de l'épidémie, qui n'a pas réussi à retrouver son statut d'avant la crise et qui risque de basculer dans la précarité. La fracture sociale en Israël n'a pas commencé en 2020, mais le Covid est sans aucun doute un facteur aggravant qui va exiger aussi des réponses politiques.

Pascale Zonszain

pzoom221221

Newsletter

Restez informé ! Recevez des alertes pour être au courant de toutes les dernières actualités.
Réagir à cet article

L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.

Inscrivez vous à la newsletter
La météo locale
Chabbat Pessa'h - 22/23/24 Avril
Chabbat Pessa'h Hol Hamoed - 26/27 Avril
Covid et précarité en Israël