Si la réforme judiciaire a d'abord réveillé le militantisme de ses détracteurs, on l'a vu avec treize semaines de manifestations contre le projet du gouvernement, c'est maintenant au tour de l'autre camp de se mobiliser. Cette majorité silencieuse, qui ne s'était exprimée que dans les urnes aux élections de novembre, commence à son tour à descendre dans la rue. Cela avait débuté lundi, avec un grand rassemblement à Jérusalem, à l'appel du Likoud, des partis nationalistes et de différentes organisations sionistes religieuses. Ce qui avait donné la plus importante participation enregistrée depuis les manifestations contre les Accords d'Oslo dans la première partie des années 90 et surtout depuis la mobilisation contre le retrait des implantations du Gush Katif et du nord de la Samarie en 2005. Depuis, ce public était resté en retrait, estimant qu'il suffisait que ses représentants soient désormais au pouvoir. Mais progressivement, s'est réveillé le même mouvement que celui que l'on avait vu durant le précédent gouvernement et qui visait la coalition menée par Naftali Bennett, Yaïr Lapid et les partis de gauche, qui s'étaient alliés pour la première fois à un parti arabe. Pour le public de droite, c'est le Likoud qui aurait dû rester au pouvoir, puisqu'il était arrivé en tête aux élections de 2021 et il estimait que ce bloc du changement était une alliance contre nature. Il lui avait en quelque sorte "volé l'élection", selon la rhétorique chère à Donald Trump, et que l'on commence à retrouver dans celle de la droite nationaliste israélienne. Car aujourd'hui, elle considère que si le gouvernement est bien le reflet des élections, ce sont encore une fois les "élites non élues" qui cherchent à le délégitimer et à lui reprendre le pouvoir. "Nous ne sommes pas des citoyens de seconde zone" pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants à Jérusalem.
Ce ressenti, s'il est subjectif, n'en est pas moins réel et il est vécu comme tel par ceux qui ne comprennent pas que la contestation extra-parlementaire ait pu geler le processus de réforme judiciaire juste avant le vote de la Knesset. C'est encore une fois cette fracture entre les "deux Israël" qui s'exprime. Celle qui oppose, pour simplifier, le centre d'Israël à la périphérie, les Ashkénazes aux Orientaux ou les séculiers aux religieux, même si les distinctions sont en fait beaucoup plus subtiles. Le problème, c'est que cela galvanise aussi une frange radicale, qui flirte avec la délinquance et qui cherche à attiser les haines contre "les traitres, les anarchistes et les gauchistes" selon sa terminologie favorite. Très actifs sur les réseaux sociaux, ces groupes appellent ouvertement à la violence, provoquant des incidents graves, même s'ils restent très limités. Ils sont le fait de groupes de supporters de foot ultra-violents, de groupuscules d'extrême-droite, ou de ceux qu'on appelle les "jeunes des collines" et que l'on voit à l'œuvre en Judée Samarie contre les Palestiniens et parfois aussi contre les soldats de Tsahal. Mais dans le climat de plus en plus inflammable de ces dernières semaines, il peut suffire d'une étincelle. Ce n'est pas ce que cherche l'écrasante majorité de la droite nationaliste, même celle qui commence à son tour à manifester et qui attend, comme les adversaires de la réforme judiciaire, que la fièvre se décide à retomber.
Pascale Zonszain
Le réveil de la droite israélienne
Actualités.
Publié le
31/03/2023 à 08h49 - Par Gabriel Attal
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