Il faut être réaliste : combien d'Israéliens vont-ils vraiment lire dans le détail le plan du président Herzog sur son alternative à la réforme judiciaire, en tout cas ceux d'entre eux qui ne sont pas juristes ? C'est pourtant ce que le chef de l'Etat a demandé à ses concitoyens, quand il a présenté mercredi soir son "plan du peuple". Itzhak Herzog propose une série de mesures plutôt techniques, qui devraient davantage alimenter le débat des juristes que celui des profanes.
C'est donc autre chose que recherche le président israélien quand il appelle le peuple à s'impliquer et à le soutenir. Plutôt relancer une dynamique qui élargisse le champ des options et des acteurs. Plus seulement un débat sans compromis possible entre deux camps politiques qui s'opposent à la Knesset et des manifestations de rue qui ne peuvent que déboucher sur une radicalisation. Mais une troisième voie qui serait soutenue par le public, qui pèserait à son tour sur la classe politique pour qu'elle reprenne le dialogue sur ce qui pourrait servir de base à un cadre constitutionnel. Itzhak Herzog essaie de changer les données de l'équation, en tablant sur l'idée que la polémique actuelle a réveillé chez les Israéliens leur processus de maturation politique et qu'ils sont prêts à entendre la réflexion sur une constitution, qu'ils repoussent depuis 75 ans. Si la controverse est tellement vive, c'est parce que le projet de réforme judiciaire de la coalition a remis en lumière toutes les questions non résolues de la société israélienne : sa fragmentation en secteurs ethniques ou religieux, les rapports entre la religion et l'Etat, son caractère national, ou encore la place des droits individuels. Tout ce qu'il a été jusqu'à présent impossible d'aborder sérieusement, à cause du modèle politique sur lequel fonctionne Israël. Avec un mode de scrutin de liste à la proportionnelle intégrale, sans circonscription, qui a permis l'essor de petits partis sectoriels, sans lesquels aucune coalition parlementaire et donc aucun gouvernement n'est possible.
Alors, évidemment, tout cela ne pourra pas changer en quelques jours, ni même en quelques semaines. C'est un long processus, qui exige une réflexion sereine, dans un climat apaisé. Mais en Israël, ces conditions idéales sont pratiquement impossibles à remplir. Depuis sa création, les crises ont été le principal moteur qui a permis à Israël d'avancer, souvent en devant prendre des décisions extrêmement rapides. On pense évidemment aux guerres, mais aussi aux vagues d'immigration qu'il a fallu organiser dans l'urgence, autant d'événements majeurs auxquels il a fallu donner des réponses immédiates. C'est ce qui a fait la force d'Israël, cette capacité à résoudre les problèmes au fur et à mesure qu'ils apparaissent. C'est ce qui a donné à Israël ses extraordinaires capacités de développement, qui en ont fait une puissance mondiale économique et technologique. Mais cela veut dire aussi passer rapidement au problème suivant, sans prendre le temps d'évaluer les répercussions des solutions trouvées ni de les pérenniser. C'est le fameux "ça va aller", cette phrase talisman que les Israéliens emploient en toute occasion. Sauf que cette fois, clairement, ça ne marche pas. C'est pour cela que le président Herzog a choisi de jouer en quelque sorte les accélérateurs de particules. Le chef de l'Etat d'Israël espère qu'en mettant ses concitoyens en face de leur réalité, il poussera aussi les politiques à prendre leurs responsabilités.
Pascale Zonszain
Le "plan du peuple" d'Itzhak Herzog : compromis ou coup de poker ?
Actualités.
Publié le 17/03/2023 à 08h51 - Par Gabriel Attal
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