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Procès de l’attentat de Nice : "L’humour tunisien" de l’ ami du terroriste fait froid dans le dos, la chronique de Michel Zerbib

France.

Toute la journée du jeudi 10 novembre du procès de l'attentat de Nice était consacrée à l'interrogatoire de l'accusé Chokri Chafroud sur les faits qui lui sont reprochés. Ce retour difficile dans ses souvenirs a fait douter la cour, l'avocat général et les avocats des parties civiles de l'honnêteté de ses propos et sur son rôle beaucoup plus important qu’on le croyait au départ. Chokri Chafroud, accusé d'association de malfaiteurs terroriste au procès de l'attentat de Nice, a répondu aux questions de la cour d'assises spéciale et des avocats pendant plus de neuf heures, ce jeudi 10 novembre. D’abord pour Chokri Chafroud, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel était une "personne bien élevée", "un individu normal, un copain normal". L'accusé se souvient de quelques épisodes étranges comme le jour où il lui a donné rendez-vous place Garibaldi à Nice, lui a demandé de prendre une photo ensemble et est reparti aussitôt. En janvier 2016, Chokri Chafroud part pour quelques mois en Tunisie et les deux hommes vont continuer à s’entretenir très régulièrement et en longueur sur la messagerie Facebook. Parmi ces très nombreux échanges, les enquêteurs ont relevé des messages particulièrement violents de la part de Chokri Chafroud. Il écrit notamment "niquer les têtes avec une épée", "égorger les Tunisiens", "je vais niquer Masséna" ou encore, il se surnomme lui-même "le plus grand assassin de France". Questionné sur ces propos violents, Chokri Chafroud répond qu'il s'agissait pour lui "d'une façon normale de parler, de rigoler" mais il ne se souvient pas exactement de pourquoi il avait dit ces choses-là à l'époque. Le président l'interroge également sur le message du 4 avril 2016, envoyé sur Facebook : "charge le camion de 2000 tonnes de fer et nique coupe lui les freins mon ami et moi je regarde". "Pouvez-vous expliquer ce que vous avez voulu signifier à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel ?", demande le président de la cour, Laurent Raviot. L'accusé répond qu'il avait envoyé ce message parce que son ami, conducteur de camion, se plaignait souvent de son travail. "Je voulais couper court à cette conversation qui se répétait tout le temps", explique-t-il.  "S'il en a marre de son travail, on dit arrête ton travail, rétorque Laurent Raviot. Là, on lui dit d’utiliser son outil de travail pour faire du mal." "Je ne voulais pas dire cela", dit l'accusé. Et sur les freins coupés ? "C’est de la blague à la tunisienne", répond-il. Chokri Chafroud est notamment soupçonné d'avoir aidé le terroriste dans ses recherches d'armes. Il s'en défend. "Pour moi, il s'agissait d'un camion de travail". Chokri Chafroud est accusé d'avoir participé aux recherches concernant la location du camion qui a servi à Mohamed Lahouaiej-Bouhlel pour commettre l'attentat du 14 juillet 2016. Il nie complètement avoir été au courant de cette location. Par ailleurs, le 12 juillet, Chokri Chafroud est monté à bord du camion loué par le terroriste pour l'attaque. "Je savais qu’il était chauffeur de camion, pour moi, il s’agissait d’un camion de travail", explique Chokri Chafroud. L'accusé fait partie des dernières personnes à avoir pu s'entretenir avec le terroriste avant son passage à l'acte. Le 13 juillet au soir, les deux amis se sont rencontrés près de l'Acropolis. Une photo montrant les deux hommes faisant un doigt d'honneur en atteste. Lorsqu'il est mis en garde à vue en juillet 2016, Chokri Chafroud dit d'abord qu'il n'a pas vu Mohamed Lahouaiej-Bouhlel depuis 10 jours. Concernant son emploi du temps du 14 juillet au soir, Chokri Chafroud n'est pas beaucoup plus prolixe. Le président insiste : alors si il ne l'a pas rencontré, pourquoi n'a-t-il pas répondu au sms l'invitant à le rejoindre par la négative ? "Je ne me rappelle pas si je l’ai rencontré, je ne l’ai pas rencontré normalement du tout." Lorsque l'avocat général lui repose la question sur cette rencontre, l'accusé finit par déclaré clairement : "Je ne l'ai pas rencontré." Avec ces déclarations qui évoluent au fil de l'audience et les souvenirs flous des accusés, le sentiment que toute la lumière ne sera jamais faite sur cette affaire se renforce sur les bancs de la salle. Michel Zerbib, envoyé spécial pour Radio J au procès de l'attentat de Nice

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