D’innombrables publications scientifiques ont validé l’association entre une alimentation de mauvaise qualité nutritionnelle et un risque accru de cancers, de maladies cardio-vasculaires, d’obésités. Rappelons d’abord à nos auditeurs ce qu’est, ce nutriscore. Il s’agit d’un système d’étiquetage, lancé en France il y à 4 ans, qui attribue à un produit alimentaire une note en fonction de sa valeur nutritionnelle présumée. Cet outil qui se veut éducatif et préventif-santé, est destiné à améliorer la qualité des achats alimentaires, en s’aidant d’un code simple de lettres (de A à E) et de couleurs (de vert à rouge). Il prend en compte les éléments positifs (teneur en fruits et légumes, en fibres, en protéines) et négatifs (apport calorique, concentration en sucres et en acides gras saturés, salinité, présence d’excipients) d’un aliment. C’est ainsi qu’un produit A vert est en principe préférable car présumé meilleur pour la santé qu’un produit E rouge. Ce système fait tranquillement sa place puisqu’environ près d’un millier d’entreprises l’ont adopté en France et quelques pays européens (dont l’Allemagne, la Belgique, L’Espagne) se sont engagés à l’utiliser.
C'est globalement efficace. Il permettrait en France, d’après une récente modélisation, d’éviter chaque année entre 6600 et 8500 décès par surpoids et obésité, cancers, maladies cardio-vasculaires, liés une alimentation de mauvaise qualité nutritionnelle, ce qu’on appelle plus prosaïquement la malbouffe.
Les industriels et certains nutritionnistes lui reprochent un côté simpliste qui incite à une approche restrictive de l’alimentation, sans réflexion sur la fréquence et les quantités à consommer. Or peu d’aliments sont bons ou mauvais, c’est beaucoup plus subtil. Les sucres, si souvent critiqués, constituent la part la plus importante de l’alimentation et le carburant privilégié du cerveau, les graisses saturées, à la si mauvaise réputation, sont essentielles à la santé… à condition d’être apportées en quantités optimales. Et il en est de même des protéines dont l’excès tout comme l’insuffisance d’apports sont préjudiciables tout particulièrement chez les enfants et les seniors.
Le succès d’une application comme Yuka, certains ne faisant leurs courses qu’avec elle. C’est certes informatif mais pas plus, tout dépend ensuite des quantités ingérées : un peu de beurre est bon, trop de beurre non, 2 c à soupe par jour d’huile d’olive oui, une louche par jour, non, 5 noix par jour, c’est parfait, 15, c’est beaucoup trop et finalement contre-productif. Un aliment n’est pas nécessairement plus mauvais, même s’il contient de l’huile de palme qu’un autre qui ne contiendrait pas de gluten. Et pour prendre un exemple pratique, une c à café d’une célèbre pâte à tartiner reste un bon accompagnement du petit-déjeuner, la louche plantée dedans une aberration.
Il est largement utilisé et bien connu des ados ce que confirme une enquête réalisée par Santé Publique France en octobre 2021 auprès de jeunes de 11 à 17 ans, répartis sur l’ensemble du territoire. En effet 97% des ados le connaissent, les 2/3 sont capables d’expliquer en quoi il consiste, 7 sur 10 ont déjà acheté un produit en jetant un œil au logo qui en a influencé 1 sur 2… et leurs parents. Relativisons ces résultats très encourageants : le nutriscore constitue un élément de choix pour seulement moins d’1 adolescent sur 5. Il reste donc encore du travail !
Nous connaissons tous le jeu « Des chiffres et des lettres », jouons maintenant à « Des couleurs et des lettres » avec cet outil qui malgré ses imperfections apporte des informations utiles et bénéfiques à la santé… à condition de l‘utiliser intelligemment.
https://youtu.be/pEYyvVF8KTg
Docteur Serge Rafal
Le nutriscore, un outil utile pour le choix de ses achats alimentaires ? La chronique du docteur Serge Rafal
France.
Publié le 09/09/2022 à 08h30 - Par Gabriel Attal
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