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La haine des élites, essence de l’antisémitisme, la chronique de Guy Konopnicki

France.

La haine des élites, essence de l’antisémitisme, la chronique de Guy Konopnicki
(Crédit : DR)

Nous respirons un peu mieux, depuis dimanche soir… Une large majorité de Français a refusé de confier le pouvoir à l’extrême-droite, et à la médiocrité indissociable de cette idéologie.

J’ai bien dit, médiocrité. Car la triste campagne que nous avons vécue s’est terminée par une critique de l’arrogance des élites du savoir, et il faut comprendre ce que cela signifie. Emmanuel Macron aurait eu le tort de montrer publiquement qu’il maîtrisait les connaissances nécessaires à la conduite d’un État moderne en même temps que d’une nation chargée d’histoire. C’était nous a-t-on répété, une manière d’humilier une femme, qui représente le peuple, une pauvre fille élevée dans le château paternel, et qui, au long de ses études de droit a fréquenté une bande plus familière des bagarres de rues que des bibliothèques, des musées et des théâtres.

Le savoir serait donc l’apanage illégitime des élites, la source de leur arrogance, et l’on serait en phase avec le peuple, en affichant son ignorance et en flattant ses bas instincts.

Ce rejet des élites n’est pas seulement la marque historique de l’extrême-droite, il est largement partagé, au sein des élites elles-mêmes. Il est l’essence même de l’antisémitisme porté par les populismes de gauche comme de droite.

D’abord parce que l’élitisme définit le peuple juif, élu pour connaître et étudier, ce peuple dont le sacré ne s’incarne pas dans les statues et les grigris mais dans le texte lu et commenté, transmis de génération en génération.

La haine des élites ne se distingue pas de l’antisémitisme. Ce n’est pas tant l’argent que l’on reproche aux juifs, que la connaissance et, plus encore, la réussite par la connaissance. Les deux populismes ont ouvertement flatté les frayeurs suscitées par la vaccination et les mesures sanitaires si bien que l’on a vu, sur les plateaux de télévision et, surtout, sur les réseaux sociaux, des charlatans en tous genre dénoncer un mystérieux complot des blouses blanches mondialisées…

Pour ceux qui n’avaient pas compris, les manifestations contre le vaccin et le passe sanitaire, ont décodé cette sourde dénonciation des entreprises pharmaceutiques, des médecins et des responsables des politiques sanitaires… 

On a osé parler de « dictature sanitaire », et traiter d’empoisonneur les chercheurs, les médecins et les responsables politiques qui combattent la pandémie, au moyen d’un vaccin révolutionnaire. 

Ceux à qui nous devons le recul spectaculaire des formes mortelles de l’infection au COVID, sont affublés d’une nouvelle insulte, ce sont des « sachants », non plus des savants, et bien sûr, les réseaux sociaux ne manquent pas de débusquer les noms à consonnances juives parmi ces sachants.

Cette même démarche se retrouve en politique, quand on prétend opposer le peuple « souverainiste » de l’élite « mondialiste »… Il y aurait donc des gens définis par leurs attaches géographiques, face à d’autres, qui ont le tort d’avoir étudié, voyagé, et de tenter de comprendre le monde.

La haine du savoir et des « sachants » a été le moteur électoral qui a propulsé le vote Le Pen à plus de 41%, chiffre jamais atteint par l’extrême-droite dans la France républicaine.

Emmanuel Macron a été au centre de ces attaques haineuses, en tant que détenteur des savoirs. Les réseaux sociaux et nombre de médias, ont relayé la haine des cancres en lynchant symboliquement le premier de classe.

Préférant les facilités du populisme au difficile combat contre l’obscurantisme, une partie de la gauche, la plus nombreuse, hélas, a piétiné son histoire, fondée, depuis les Lumières, sur l’éducation du peuple. Désormais, on va chercher les suffrages du peuple, en lui donnant raison quoiqu’il advienne. Et l’on reproche aux « sachants » de le mépriser.

En vérité le mépris se trouve du côté de ces flatteurs, qui jouent des frustrations de ceux qui n’ont pas eu accès au savoir et se trouvent désarmés devant les mutations vertigineuses du monde contemporain.

Pour désamorcer les populismes, il importe aujourd’hui de réhabiliter la connaissance, et donc d’accorder une priorité absolue à l’enseignement et à la culture. Car la fracture, visible dans toutes les études sociologiques de l’élection, sépare une moitié population que l’école n’a pas réussi à préparer aux mutations scientifiques et technologiques, qui ont transformé la vie sociale et économique, d’une autre moitié de la population dont les connaissances générales ont, elles, spectaculairement progressé.

L’élitisme pour tous, est la seule réponse au populisme…

Guy Konopnicki

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