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Juifs français, non à l'extrême droite, la chronique de Guy Konopnicki

France.

Juifs français, non à l'extrême droite, la chronique de Guy Konopnicki
(Crédit : DR)

On me dit que quelques juifs se seraient introduits parmi les électeurs de la vieille droite pétainiste et maurrassienne, en votant pour un candidat qui doute de l’innocence d’Alfred Dreyfus…

En étudiant de près les résultats, je m’aperçois que ce phénomène ne s’est produit que dans les communes et les quartiers aisés, où il s’est mêlé à un vieil électorat ultra réactionnaire, hostile à l’abrogation par Jean XXIII et Jean- Paul II des anciens dogmes antisémite de l’église catholique.

Mais, me dit-on, regarde le vote des Français d’Israël ! Sur 10% des inscrits, en effet… Au surplus la notion de Français d’Israël, m’interroge toujours. Bien sûr, il y a, comme dans bien d’autres pays, des expatriés temporaires, ce que l’on appelle des Français de l’étranger, et il est normal qu’ils votent à l’élection présidentielle et élisent leur député. Mes amis, mes proches, Israéliens venus de France, leurs enfants nés en France, ne votent jamais aux élections françaises. 

Ils n’ont pas émigré par haine de la France, pour la plupart d’entre eux ce fut même un déchirement. Ils ont décidé de monter en Israël, par conviction ou, parfois, à la suite d’une rencontre amoureuse. Mais ils sentent pleinement citoyens d’Israël et se rendent aux urnes pour élire la Knesset, non pour choisir le président de la République française, pays qu’ils ont décidés de quitter. Ils conservent parfois la double nationalité, pour simplifier certaines démarches administratives, ou pour voyager, car il est des pays où il est préférable de présenter un passeport français.

Ils ont gardé des liens avec la France, je reverrai toujours ce cousin hélas disparu me montrer avec fierté sa bibliothèque, ce morceau de France qu’il avait emmené, Rousseau et Victor Hugo, Zola et Anatole France. Je retrouve des amis, au festival du film français de Tel-Aviv, au campus francophone de Nataniya, à l’institut français ou encore dans ce formidable festival musical de Kfar Blum, ce Kibboutz qui porte le nom de Léon Blum. Ils gardent ce lien en tant qu’Israéliens, amoureux de la culture française, s’intéressent à notre vie politique, mais ne votent pas aux élections françaises.

Comment des juifs installés en Israël ont-ils pu voter pour un candidat qui avait déclaré, à propos de victimes de Toulouse, que l’on n’est pas Français lorsque l’on choisit d’enterrer ses proches dans la terre d’Israël… Certes, une grande partie de ces électeurs se sont installés en Israël avant leur enterrement, pour passer leur retraite au soleil. 

Je les comprends, c’est très agréable de conserver tous les avantages du modèle français, la retraite, la prise en charge des frais de maladie, et d’acheter un appartement en investissant des économies réalisées en euros. Ceux-là, sont arrivés en ayant passé l’âge du service militaire, ils n’ont pas vécu les difficultés des Israéliens, au passage, ils les ont aggravées, en contribuant à l’envolée des prix immobiliers, au détriment des jeunes israéliens qui peinent à se loger…

Ces Français d’Israël, qui le plus souvent vivent entre eux, dans quelque petit paradis de bord de mer, m’ont fait honte, en donnant par leur vote, une légitimité juive à Zemmour, thuriféraire et allié des pires antisémites.

J’ai honte, aussi, quand ceux-là mêmes qui appellent à voter avec les antisémites, écrivent, dans un français truffé de fautes grossières, de longs textes diffusés sur les réseaux sociaux, accusant Emmanuel Macron d’être un ennemi d’Israël. Antisémite, le président qui fit entrer Simone Veil au Panthéon et prononça à cette occasion un extraordinaire discours sur la place des juifs dans l’histoire de France. Ennemi d’Israël, le président qui affirme que l’antisionisme n’est qu’une forme de l’antisémitisme, et dont le gouvernement a interdit les organisations liées aux terrorisme, au séparatisme islamiste, les associations organisant le boycott d’Israël, ainsi que les collectifs Palestine vaincra. Honte, oui, de voir des juifs soutenir des candidats qui veulent abroger les lois Pleven et Gayssot, autrement dit légaliser l’antisémitisme, le racisme et la négation de crime contre l’humanité… Car c’était dans le programme de Zemmour et c’est dans le programme de Le Pen !

La France que nous aimons est en danger, et nous devons la défendre, contre la candidate des antisémites… 

Notre vote trouve son sens, lors de cette belle fête de Pessah, où nous nous souvenons d’avoir été étrangers au pays de Pharaon et d’avoir été libérés des chaînes de l’esclavage.

Guy Konopnicki

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