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La voix glaçante d’un terroriste résonne dans la cour, la chronique judiciaire de Michel Zerbib

France.

La voix glaçante d’un terroriste résonne dans la cour, la chronique judiciaire de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)

La cour venait de parler de la fuite de Dahmani pendant 3 heures , on en arrive à ce qu’a fait Mohamed Abrini à partir du 13 novembre. Le policier commence par aborder sa cavale. Le jour même, il avait visité un appartement à Jette pour signer un bail de location. Le lendemain, au moment du retour de Paris après les attentats, Salah Abdeslam s’était rendu dans cette planque de la rue Henri Berger, note le témoin.

En plus de son ami, l’accusé y avait rejoint les coaccusés Sofien Ayari et Osama Krayem, déjà présents. Les frères El Bakraoui sont également passés les voir. Le groupe s’était ensuite séparé en deux, une moitié se rendant dans la cache de Jette. Après le décès d’Abdelhamid Abaaoud et de Chakib Akrouh , la cellule s’est réorganisée pour préparer d’autres attentats.
Au même moment, entre le 14 et le 26 novembre, plusieurs interpellations ont lieu : Mohamed Amri, Hamza Attou, Ali Oulkadi, Abdellah Chouaa et Mohamed Bakkali sont arrêtés.

Pour rappel, la semaine dernière, Mohamed Abrini avait révélé qu’il devait faire partie des commandos et se faire exploser à Paris. Mais l’accusé avait, selon ses déclarations, renoncé, avant d’être remplacé par Salah Abdeslam. Il avait ensuite rejoint Bruxelles en taxi.

L’enquêteur belge note que l'interpellation de Salah Abdeslam, comme celle de Sofien Ayari, a bouleversé la cellule terroriste. Le principal accusé est impliqué dans une fusillade ayant eu lieu dans un appartement du quartier bruxellois de Forest, le 15 mars 2016. « Une enquête banale avait viré à des échanges de tirs », note le témoin. Salah Abdeslam avait réussi à prendre la fuite, avant d’être finalement arrêté lors d’une opération policière menée à Molenbeek-Saint-Jean, le 18 mars 2016, après une cavale de 125 jours.

L'enquêteur diffuse un fichier audio retrouvé dans le PC de la rue Max Roos Par Najim Laachraoui. Ce message était destiné à Oussama Atar, le commanditaire présumé des attaques et frère de Yassine Atar, assis sur le banc des accusés. Il y évoque la fabrication d’explosifs et des projets d’attentats, notamment à l’occasion de l’Euro 2016 de football en France, ou encore la libération de prisonniers comme Mohamed Bakkali, ce qui serait « une grande victoire pour l’état islamique », dit le policier fédéral. Les noms d’Abdelhamid Abaaoud et de Chakib Akrouh ressortent.

Rappelons que Najim Laachraoui est un des membres de la cellule terroriste belge et l’un des kamikazes des attentats de Bruxelles en 2016. Le terroriste est considéré comme l'artificier présumé des attentats de Paris.

Dans son message, l’artificier présumé des attentats du 13-Novembre s’interroge et dit vouloir se focaliser sur la France: il évoque un projet d’attentat qui viserait un événement en lien avec l’Euro 2016 de football, organisé en France, « pour le faire annuler ». On entend aussi quelques minutes plus tard : « tuer des supporters. »  En fond, on entend des moteurs de voitures, le kamikaze a enregistré ce vocal dans la rue. 

Najim Laachraoui parle de son « idée de kidnapper une ou deux tête et demander en contrepartie la libération de un ou deux frères, comme Nemmouche ou Mohamed Bakkali. »

Cinq enregistrements retrouvés dans l’ordinateur « Max Roos »( je vous avais raconté). C’est Ibrahim El Bakraoui qui remercie notamment les terroristes avec épanchement du cœur… Dans un nouvel audio diffusé, il critique le mode de vie occidental et appelle à tuer tous les mécréants, « les kouffars ». Lorsqu’il parle français, entre des versets du Coran prononcés en arabe, il assure avoir « prêté allégeance à l’État islamique » en 2014, « physiquement et dans mon cœur ».

« Si ce message est écouté, c’est qu’Allah nous a permis de frapper nos ennemis au cœur de chez eux », déclare également le terroriste. Parlant de « grenades, de couteaux », le kamikaze lance à « ses frères qui vivent en terre de mécréance » un appel à commettre des meurtres, des attentats. Quelques jours après avoir enregistré ce message, Ibrahim El Bakraoui mourra en se faisant exploser sa ceinture explosive à l’aéroport de Bruxelles, le 22 mars 2016.

Le policier belge fait ensuite référence à un fichier écrit par Bakraoui, et qui serait adressé à Mohamed Abrini. Ce dernier « aurait une occasion de mourir en martyr » et est encouragé par l’auteur : « Ne rate pas une deuxième occasion ». Un message attribué à Salah Abdeslam lu à la cour

« Le rédacteur semble être Salah Abdeslam », note le policier belge. Ils sont signés d'un certain Abu Abderrahman, un pseudo. L’auteur se présente comme ayant participé à la première attaque de Paris, et qu’il aurait voulu figurer parmi les kamikazes, mais « qu’Allah en a décidé autrement », « il y avait un défaut dans ma ceinture. » 

L’enquêteur parle ensuite de plusieurs lettres qui étaient semble-t-il destinées à sa mère, à sa sœur, et à sa compagne. À la première, il écrit avoir prêté allégeance à un émir de l’état islamique. « On a terrorisé la France qui combat les musulmans », aurait-il voulu dire à sa sœur. Enfin, à sa compagne, à qui il avait « promis le mariage », Salah Abdeslam aurait rédigé les mots suivants, trois jours avant les attentats du 13-Novembre : « je me serais senti lâche de faire ma vie comme si de rien n’était alors que nos frères souffrent », en lui demandant pardon pour son sacrifice.

Les avocats de La Défense vont ensuite tenter jusqu’à 21 heures de trouver des arguments devant ces témoignages dévastateurs …

https://youtu.be/UHM79qCGCE0

Michel Zerbib

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