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Procès 13 novembre 2015: le temps des témoignages des parties civiles, la chronique de Michel Zerbib

France.

Procès 13 novembre 2015: le temps des témoignages des parties civiles, la chronique de Michel Zerbib
(Crédit: Twitter)

Dans sa chronique ce jeudi à 8h17, au micro d’Ilana Ferhadian dans le Morning sur Radio J, Michel Zerbib, qui couvre le procès des attentats du 13 novembre 2015 à Paris pour Radio J est revenu sur le début des témoignages des parties civiles.

Jusqu’à vendredi, les parties civiles des terrasses défileront à la barre. La cour a choisi de les entendre de façon chronologique, en suivant le déroulé des attaques: les parties civiles du bar Le Carillon, du Petit Cambodge, de la Bonne Bière, de la Casa Nostra, de La Belle Équipe et enfin du Comptoir Voltaire.

Pour affirmer le poids des parties civiles dans ce procès, le président Jean-Louis Périès a choisi de dédier cinq semaines aux témoignages des blessés et proches des 130 victimes assassinées le 13-Novembre.

En moyenne le Président a prévu d’entendre 12 à 15 parties civiles par jour sachant que chaque personne ne va pas avoir le même temps de parole , pas de temps imparti bien sur , on ne pourrait pas dire à des témoins que leur témoignage serait plus long en fonction de la gravité de ce qu’elle rapporte ; on imagine pas quelle épreuve c’est : vous arrivez à la barre dans une salle qui est immense avec une image filmée qui est diffusée sur plusieurs écrans , une web radio pour les victimes qui n’ont pas eu la force de venir physiquement ou qui n’ont pas voulu . 

 C’est en effet  un décor impressionnant dans lequel le témoin doit donc raconter un morceau terrible d’intimité avec 14 accusés dans le box à gauche qui vous regardent . Souvent comme pour le procès Charlie Hypercacher , les victimes veulent s’adresser directement aux accusés et c’est le président qui le décide. Pour le maitre des débats ça ne doit pas aller jusqu’à l’invective . Il peut y avoir des moments exceptionnels au bon sens du terme bien sur si l’accusé veut prendre la parole .Mais ce procès est déjà l’occasion de passes d’armes très pénibles avec les interventions du terroriste principal .

Aujourd’hui alors que les témoignages ont commencé donc pour plusieurs semaines on peut se poser la question de ce que peuvent attendre les témoins, les survivants de ces massacres de cette confrontation directe avec les accusés ? 

 Il faut redire l’importance de ces témoignages dans le cadre de la solennité de la Cour . Car si depuis les attentats  de novembre 2015 la presse a largement donné des informations sur l’enquête et diffusé des témoignages, si la  couverture mondiale de ces événements 

nous donne peut être l’impression de connaitre beaucoup de choses ,  ce moment du procès est fondamental et surtout du coté des parties civiles , qu’elles soient victimes directes ou proches , ici La violence de l’attentat s’invite à la cour par la voix des vivants . Cela va dépasser tous les exposés théoriques qu’on a entendu depuis le début .

Par expérience ( procès Mehra , hyper cacher ) l’attente des témoins est très complexe, parfois paradoxale  et sera souvent déçue : car on attend toujours la vérité de ces accusés mais lorsqu’ils s’expriment comme Abdeslam , leurs réponses sont inacceptables ( il dit qu’il est un combattant légitime de Daesh!)ou alors des excuses peu convaincantes et mensongères .Car si vous avez été  capables de commettre de telles atrocités , on voit mal comment ils éprouveraient des remords devant une telle monstruosité qu’ils auraient été donc paradoxalement impossibles qu’ils aient perpétrés .Un Salah Abdeslam sera par exemple insensible aux témoignages qui l’agacent particulièrement .Les autres vont tenter de minimiser leur participation . L’attente de toute façon sera toujours décevante (il sera  soit sans  , soit menteur etc )

Les premières confrontations ont eu lieu hier avec Abdeslam et les témoins et les survivants que le président doit calmer 

«T'as fait le lâche, frère»: c’est un rescapé du Stade de France qui a interpellé hier Salah Abdeslam le terroriste 

Vladimir  dînait à la terrasse du McDonald, avec sa compagne ce vendredi 13 novembre. Ce père de famille était aux premières loges lorsque le dernier kamikaze du Stade de France a actionné son gilet explosif: 

Sa compagne de l'époque, son «ex, malheureusement» est gravement blessée dans l'attentat. «Elle a failli être amputée.» Aujourd'hui, «psychologiquement ça ne va pas, et physiquement, je ne vous en parle pas», dit devant la Cour ce témoin bouleversé 

Depuis presque six ans, il porte ce traumatisme toujours intact: «On ne peut plus rien faire quand à l'intérieur on n'a plus envie de vivre (...) On est des morts-vivants.»

 «Ceux qui ont fait ça... C'est même pas que je veux leur manquer de respect. Moi j'ai grandi dans des cités. Il sortira, il recommencera... On le sait très bien.» Lance encore le survivant .

Vladimir a regardé droit dans les yeux Salah Abdeslam: «T’as fait le lâche frère, tu l’as pas gardée la ceinture sur toi. Tu l’as pas gardée!»

Le président: «Je ne veux pas de débordement, il n'y en a pas eu jusque-là

«Il m'a bousillé ma vie»,  dit le témoin pour finir sans lâcher des yeux le terroriste dans le box .

Des témoins qui se succèdent à la barre disant tous l’horreur du massacre  et l’impossibilité de penser à autre chose . On s’arrêtera  aujourd’hui sur un témoin qui a admonesté à la barre le terroriste en se disant petit fils d’une grand-mère rescapée de la Shoah . Xavier , c’est son nom , a parlé d’ Abdeslam qui n’est rien d’autre  qu’une  petite racaille .

Son ami a été fusillé de sept balles dans le corps sur la terrasse du Carillon. «Boom, boom, boom, boom, boom, boom, boom»,a crié d'un seul coup le rescapé saisissant la salle  «Sept balles, ça fait ça.» 

À l'Institut médico-légal de Paris, «il faudra quatre jours pour qu'on reconstitue son corps, en bouchant les trous avec de la cire», dit Xavier 

Le rescapé a démarré ensuite la lecture d'un texte de plusieurs pages, dans lequel il écrit sa colère et la douleur d'avoir été victime d'un attentat islamiste «pour un petit-fils d'une grand-mère qui a fui la Shoah».

Les terroristes comme ceux du 13-Novembre: les Iraniens «les pendent aux lampadaires»,dit encore Xavier qui revenait en novembre 2015 d’un voyage à Teheran 

«Salah Abdeslam n'est rien d'autre qu'une petite racaille. Il nous fait croire qu'il est un guerrier. Il n'est rien de tout ça. Moi j'ai vu son frère tuer des gamines de vingt ans, sans défense», a poursuivi le rescapé à la barre .Pour lui r: «Oui le terrorisme islamiste tue (...) Il est temps de pointer tous les petits Abdeslam de France.» «Qu'il n'y voit rien de personnel», pour se moquer des termes de Salah Abdeslam, Xavier regrette ouvertement que l'accusé n'ait pas eu «le courage» de se tuer. 

Le rescapé finit avec rage  «S'il reste un peu de vie, d'honneur dans ce pays: n'ouvrez jamais cette porte au dialogue avec ce cancer qu'est l'islamisme.»

Dans le box le Daeschien ( le terroriste Abdeslam ) n’a pas bronché pas , les avocats des parties civiles auraient bien aimé l’entendre mais le président refusera arguant que l’accusé s’est déjà exprimé plusieurs reprises . C’est l’une des premières passes d’armes entre des témoins et le terroriste ; Ça ne sera sûrement pas la dernière  . Abdeslam et les treize autres accusés écouteront deux autres témoignages de victimes appelant à la vengeance , l’un des témoins de fin de journée dira même <> . Les témoins et les survivants attendent peut être encore une réaction du tueur …

Le procès reprendra  à 12h30 avec les témoignages des parties civiles du bar Le Petit Cambodge, La Bonne Bière, Casa Nostra, puis La Belle Equipe. 

https://youtu.be/8SJ_Yc2OOeU

Michel Zerbib

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