Les Israéliens ont l'impression d'être abonnés à la loi des séries. Après un quatrième scrutin législatif en deux ans, c'est maintenant un troisième confinement en moins de dix mois. Ils accueillent la nouvelle entre frustration, lassitude et résignation, alors qu'ils n'ont pu empêcher ni l'un ni l'autre. Le confinement débutera dimanche en fin d'après-midi, alors que le précédent n'était même pas tout à fait terminé. Les restaurants et les cafés n'ont pas eu le temps de rouvrir leurs salles, la culture n'avait repris qu'à minima, avec la réouverture de quelques musées. Quant au secteur du tourisme, il n'avait eu droit qu'à un programme test pour les hôtels d'Eilat et de la mer Morte, qui vont devoir refermer leurs chambres.
La troisième vague épidémique qui a frappé au début du mois de novembre n'a pas pu être freinée, alors qu'il faut maintenant faire face à une souche mutante du virus, qui a déjà atteint Israël, même si son ampleur semble encore limitée. Pour les commerçants qui vont devoir baisser leur rideau pour la troisième fois, c'est évidemment l'inquiétude. Combien parmi eux seront encore en mesure de reprendre leur activité, alors qu'un sur cinq était déjà menacé de disparition à l'issue du deuxième confinement. Et même si le commissaire au Covid, le Professeur Nachman Ash tente de rassurer le public en espérant que ce troisième confinement sera le dernier, car la campagne vaccinale a commencé, la fatigue générale se fait sentir. Le gouvernement promet un confinement court, de deux semaines, mais qui pourra être prolongé de la même durée, si d'ici le 6 janvier, les objectifs sanitaires ne sont pas atteints, soit moins de mille nouveaux cas par jour ou un taux de reproduction inférieur à un.
Et la situation est d'autant plus frustrante, qu'il y a eu des trous dans la raquette. D'abord l'incapacité à briser les chaines de contagion, notamment dans les agglomérations arabes et les localités ultraorthodoxes. Les attroupements, les mariages, les événements collectifs ont continué, malgré les consignes, et sans que la police parvienne à les faire respecter.
L'autre facteur aggravant dans la propagation de l'épidémie a été le tourisme extérieur. Pas celui évidemment des étrangers, qui ne peuvent plus entrer en Israël depuis des mois, mais celui des Israéliens qui ont voyagé à l'étranger. Pour des raisons diplomatiques, le gouvernement israélien a tardé à classer les Emirats en zone rouge, dispensant les Israéliens de se mettre en quarantaine à leur retour. Et il faut constater que pour les autres destinations, seuls un quart des Israéliens ont effectivement respecté les consignes d'isolement en rentrant chez eux. La réouverture d'un dixième seulement des centres commerciaux s'est également révélé un facteur aggravant, en générant un excès de fréquentation, alors qu'une réouverture totale aurait dispersé l'affluence.
Il faut espérer maintenant que la campagne de vaccination permettra d'inverser durablement la courbe. La bonne nouvelle est que, contrairement à ce que l'on pouvait craindre, les Israéliens sont prêts à se faire vacciner. Alors que les vaccinations ne concernent encore que les soignants, les personnes âgées et les sujets à risque, les centres de vaccinations sont déjà saturés de demandes. Au point que le ministre israélien de la Santé promet de les ouvrir à d'autres secteurs de la population dans moins de deux semaines.
Pascale Zonszain
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