L'économie de la paix

Israël.

L'économie de la paix
(Crédit: porte-parole d'El Al)

Si la politique intérieure d'Israël s'enlise dans la crise sanitaire, on ne peut pas en dire autant de sa politique extérieure. Depuis le mois d'août et l'annonce de la normalisation des relations avec les Emirats Arabes Unis, puis avec le Bahreïn, on a l'impression qu'une dynamique régionale est relancée entre Israël et les pays arabes sunnites.

C'est aujourd'hui que doit arriver en Israël la première délégation officielle des Emirats Arabes Unis, conduite par deux ministres du gouvernement d'Abu Dhabi, qui s'entretiendront successivement avec Benyamin Netanyahou, son ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi et son ministre des Finances Israël Katz. Entre les deux pays, la concrétisation de l'accord de paix signé à Washington il y a un peu plus d'un mois, a déjà bien avancé. Le premier vol commercial de la compagnie émiratie s'est posé hier à l'aéroport Ben Gourion et un premier cargo battant pavillon des Emirats fait escale depuis la semaine dernière dans le port de Haïfa et a même reçu lundi la visite du Premier ministre israélien.

Avec Bahreïn, on a franchi une nouvelle étape avec la signature dimanche soir d'un communiqué conjoint d'établissement des relations diplomatiques. Et les deux pays vont poursuivre les contacts pour normaliser l'ensemble de leurs relations dans les semaines et les mois qui viennent.

C'est évidemment le résultat de la politique initiée par l'administration américaine et du plan du président Trump, qui a modifié les paradigmes des rapports entre les pays de la région. Plutôt que de continuer sur la trajectoire politique, le chef de la Maison Blanche a déplacé les enjeux sur le terrain économique, ou du moins sur l'exploitation des intérêts de chacun des acteurs. On peut dire que d'une certaine manière, le président américain cherche à intéresser la transaction. Pour les Emirats Arabes Unis, nul doute que la possibilité de se doter d'armements sophistiqués pour leur aviation a pesé dans la balance. Pour le royaume de Bahreïn, ce sont les opportunités commerciales que porte une normalisation avec Israël qui sont entrées en ligne de compte.

Pour l'émirat du Qatar, qui est encore à un stade préliminaire, une normalisation avec Israël pourrait avoir une contrepartie alléchante : la levée du boycott que lui imposent depuis 2017 les autres monarchies du Golfe persique et l'Egypte, pour le sanctionner de son rapprochement avec l'Iran.

Même avec le Soudan, qui serait près de réaliser la normalisation avec Israël, les Etats-Unis ont des arguments de poids : rayer le Soudan de la liste noire des pays qui soutiennent le terrorisme, et aussi une partie de sa dette extérieure de trois milliards de dollars.

Et on ne doit pas oublier le Liban, qui a entamé la semaine dernière des pourparlers avec Israël, sous la médiation américaine, en vue de régler le litige sur la frontière maritime entre les deux pays. Là encore, ce sont des arguments économiques qui ont fait la différence, puisqu'une solution lui permettrait de lancer l'exploitation de gisements de gaz dans la zone contestée, alors que le pays du Cèdre est au bord de la faillite.

L'économie ne remplace pas la diplomatie et ne règle pas tous les problèmes, mais elle peut parfois être un bon catalyseur.

Pascale Zonszain

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