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Comment freiner la violence dans le secteur arabe ?

Israël.

Comment freiner la violence dans le secteur arabe ?
(Crédit : unité du porte-parole de la police)
Benyamin Netanyahou a réuni hier une cellule de crise sur la lutte contre la violence à l'intérieur du secteur arabe israélien. Le phénomène s'aggrave constamment, alors que le Premier ministre en avait pourtant fait une des priorités de son nouveau gouvernement. Et on est face à des chiffres totalement inédits. 156 Arabes israéliens tués depuis le début de l'année, c'est un record absolu, même si la hausse est constante et qu'elle s'est amorcée il y a déjà une dizaine d'années. Ce qui avait commencé par des violences sur fond de rivalités claniques et aussi de féminicides, a évolué vers des assassinats de type mafieux, qui représentent aujourd'hui plus des deux tiers des cas d'homicides dans le secteur arabe. Au point de rendre la vie impossible à la population locale, qui vit dans la peur et l'insécurité permanentes. L'entrée des services de sécurité intérieure – le Shin Beth - dans la lutte contre la criminalité organisée pourrait freiner la tendance. Quand on voit des tueurs s'en prendre à des notables, comme le directeur général de la mairie de Tira ou un ancien officier druze qui venait d'annoncer sa candidature aux municipales d'octobre dans son village,  on n'est plus dans le simple crime crapuleux. On est dans un projet de prise de contrôle de tous les leviers de pouvoir par des organisations criminelles : économiques avec les trafics et le racket, et maintenant politiques en intimidant et même en assassinant des élus ou des représentants du pouvoir local. La police seule n'a pas les ressources nécessaires pour faire face. Mais il faudra que l'action du Shin Beth soit très encadrée, tant sur le contenu que sur la durée. Et parallèlement, il faudra s'attaquer à tous les autres aspects du phénomène. Itamar Ben Gvir, le ministre de tutelle de la police est aussi le leader du parti nationaliste Puissance Juive. Il est vrai que son approche, comme celle du ministre des Finances, le leader de Sionisme Religieux Betsalel Smutrich, ne sont pas exemptes de considérations politiques. Les deux ministres nationalistes ont plus tendance à envisager le secteur arabe israélien comme une minorité nationale, qui peut se sentir plus proche des Palestiniens de l'autre côté de la ligne Verte, que de ses concitoyens juifs. Le ministre des Finances avait d'ailleurs annoncé il y a quelques jours qu'il allait retenir une partie du budget alloué aux collectivités locales arabes, le temps de vérifier que les fonds ne seraient pas détournés par des organisations criminelles. Il y a une défiance et une forme de polarisation, qui est aussi vraie dans l'autre sens. Les citoyens arabes commencent à exprimer des doutes sur les motivations du gouvernement à leur égard. Et certains députés arabes accusent même le gouvernement de laisser délibérément la situation pourrir. Il ne faut surtout pas qu'une telle tendance se renforce, car elle reviendrait à réaliser la prophétie de catastrophe d'Itamar Ben Gvir, qui prédit que les organisations mafieuses arabes finiront par retourner leurs armes contre le reste du pays. Il faut d'urgence renforcer les liens économiques et combler les fractures entre la population arabe israélienne et l'ensemble d'Israël. C'était déjà l'objectif du plan le plus ambitieux de l'histoire du pays pour le secteur arabe, qui avait été élaboré en 2015 par… Benyamin Netanyahou. Pascale Zonszain

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