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Les éoliennes et la colère druze

Israël.

Les éoliennes et la colère druze
(Crédit : Autorité de la nature et des parcs)
Le 21 juin, on a assisté à de véritables émeutes sur le Plateau du Golan, près de la frontière syrienne. Cette fois, c'est la colère de la communauté druze qui s'exprimait, sur fond de projet d'installation d'éoliennes. D'abord, deux rappels pour mieux comprendre le contexte : en 1981, Israël a formellement annexé le Plateau du Golan, qu'il avait conquis sur la Syrie pendant la guerre des Six Jours. Ensuite, les Druzes du Golan, contrairement à ceux du nord d'Israël, ont pour la plupart le statut de résidents, car ils ont refusé de prendre la citoyenneté israélienne. Donc, mercredi, des centaines de manifestants ont voulu empêcher le montage de nouvelles éoliennes sur le Golan et se sont violemment heurtés aux policiers. Et quand plusieurs de leurs chefs locaux ont été interpellés, ils ont assiégé un poste de police, tandis que leurs coreligionnaires de Galilée bloquaient les principales routes de la région. Et il a fallu que le Premier ministre reçoive le chef de la communauté druze dans l'après-midi, pour que le calme revienne, après des affrontements qui ont fait une quinzaine de blessés. Il faut savoir que la communauté druze, qui est une minorité religieuse dans le monde islamique, est extrêmement solidaire. Et en cas de crise, pas de différence entre ceux qui sont Israéliens et les autres. La loyauté à la communauté passe en premier, celle envers l'Etat ne vient qu'en deuxième place. Alors quand les Druzes du Golan ont des ennuis, ceux de Galilée leur viennent en aide. C'est aussi ce qui s'est passé pendant la guerre civile en Syrie, où les Druzes d'Israël ont aidé leurs frères de l'autre côté de la frontière. Mais ce contentieux autour de l'installation des éoliennes n'est qu'un problème parmi d'autres. Pour les Druzes israéliens, qui, il faut le rappeler, font leur service militaire, le plus souvent dans des unités combattantes, ils se plaignent d'un traitement inégal dans leur vie civile. Leur communauté compte environ 145.000 personnes, et leurs localités souffrent de problèmes d'infrastructure et d'urbanisme. Ils ont beaucoup de difficultés à obtenir des permis de construire, ce qui les oblige à construire illégalement et évidemment à payer de fortes amendes, surtout depuis la loi en vigueur depuis six ans. Et ensuite, il y a eu le vote en 2018 de la loi fondamentale sur Israël, Etat-nation du peuple juif, que les Druzes ont perçu comme une discrimination. Et encore plus maintenant que le nouveau gouvernement veut que ce texte, initialement déclaratif, prenne un contenu concret. C'est ce qui explique que les Druzes prennent part depuis le début de l'année aux manifestations contre la réforme judiciaire. Cela faisait déjà plusieurs mois que les responsables de la communauté druze mettaient en garde le gouvernement sur l'éruption d'une crise grave. Ce qui explique que Benyamin Netanyahou ait bouleversé son planning mercredi, pour recevoir le Sheikh Muafak Tarif, le chef de la communauté druze. Il y a un pacte entre les Druzes et Israël depuis le début de l'Etat. Et il doit absolument être préservé. Il faudra d'abord désamorcer les tensions sur le Golan et ensuite trouver le moyen de réintégrer les Druzes dans le consensus national. Pascale Zonszain

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