Il est difficile pour un observateur extérieur de comprendre comment s'agencent ces deux mondes parallèles en Israël. D'un côté la société juive, de l'autre la société arabe qui représente un peu plus d'un cinquième de la population totale d'Israël. Deux populations qui travaillent ensemble mais vivent séparément. A part quelques villes à population mixte comme Jaffa, Haïfa ou Lod, dans le reste du pays, les deux populations résident dans des localités exclusivement juives ou arabes. Et aujourd'hui, dans toutes les agglomérations où se trouve une population arabe, la violence règne. Et tant qu'elle ne déborde pas sur les localités juives, le phénomène apparait presque étranger à la majorité des Israéliens. Pourtant, cette violence a déjà commencé à déborder. On le voit notamment dans le sud du pays, dans le Néguev et aussi dans les villes mixtes. On se souvient des terribles émeutes du printemps 2021. Mais pour l'instant, la priorité, c'est bien celle de la violence à l'intérieur de la société arabe israélienne. Depuis que l'on a évoqué le sujet ici au début de la semaine, la situation s'est encore dégradée. Hier, presque simultanément, deux fusillades dans deux localités de la région de Nazareth. La première à Kfar Kana a fait deux blessés graves, dont une fillette de trois ans. La seconde quelques minutes plus tard à Yafya a fait pas moins de 5 morts. Dans ce cas, apparemment, c'est une rivalité entre deux organisations criminelles qui a dégénéré en bain de sang. Un scénario malheureusement familier, mais qui cette fois a pris des proportions effrayantes. Les secouristes qui sont arrivés sur place ont d'ailleurs comparé la scène à celle d'un attentat terroriste. On en était à 90 victimes d'homicide depuis le début de l'année dans le secteur arabe. On en est donc à 95. Et à ce rythme, on pourrait atteindre les 200 morts d'ici la fin décembre, si rien n'est fait pour enrayer la vague.
La violence à ce niveau devient pour Israël une menace pour la sécurité nationale. Même si son moteur est d'abord criminel, cette violence est en train de paralyser le secteur arabe. Avec des conséquences sociales et économiques. La population locale est pressurée par des organisations criminelles qui pratiquent le racket et l'extorsion, mais elle est aussi menacée par la véritable guerre que se livrent ces organisations, la plupart d'ailleurs formant des familles ou des clans et qui se disputent le trafic d'armes ou de drogue. Les élus locaux ne sont pas épargnés quand ils tentent de se dresser contre ces organisations mafieuses et certains l'ont même payé de leur vie. Quant à la population, elle vit dans une terreur permanente.
Le chef du gouvernement israélien a annoncé hier qu'il allait renforcer le déploiement de la police dans les villes arabes et même mobiliser l'assistance du Shin Beth. Ce qui pourrait d'ailleurs poser un problème, dans la mesure où l'organisation chargée de la sécurité du territoire n'est pas censée surveiller les citoyens s'ils ne sont pas impliqués dans le terrorisme ou l'atteinte à la sécurité de l'Etat. Mais la situation est en train de devenir incontrôlable, car c'est toute la société arabe qui risque de basculer sous le contrôle des organisations criminelles. Le plan élaboré par le précédent gouvernement Bennett-Lapid avait commencé à donner des résultats. Et vu la défiance du secteur arabe à l'égard du ministre de la Sécurité Nationale, Benyamin Netanyahou va devoir s'impliquer personnellement, tant que les voyants resteront dans le rouge.
Pascale Zonszain
Arabes d'Israël : la cote de violence est entrée dans le rouge
Actualités.
Publié le
09/06/2023 à 08h39 - Par Gabriel Attal
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