Quand le débat public ne s'apaise pas, il finit par se propager aussi aux symboles. Depuis plus de trois mois que la réforme judiciaire alimente la controverse sur la démocratie israélienne, elle devait se télescoper avec les cérémonies anniversaires de l'Indépendance. Ce soir, débute le Yom Hazikaron, la journée de commémoration des combattants tombés dans les guerres d'Israël, et des victimes du terrorisme. C'est un des moments les plus éprouvants du calendrier national et celui qui doit marquer, peut-être plus encore que tous les autres, l'unité du pays. Et voilà que l'on se retrouve dans la situation inverse. Un peu partout, des familles endeuillées demandent aux membres du gouvernement et aux députés de la coalition de ne pas participer aux cérémonies qui se tiendront mardi matin dans les cimetières militaires. Pour être tout à fait précis, l'appel s'adresse à ceux qui n'ont pas servi dans les rangs de Tsahal et à ceux qui, depuis le début de la mobilisation contre la réforme judiciaire, ont tenu les propos les plus radicaux contre les réservistes qui se sont joints à la contestation, et les ont qualifiés "d'anarchistes", voire de "terroristes".
Ce n'est pas la première fois, que cette journée terrible prend un tournant politique. L'an dernier, à la cérémonie nationale qui se tient au cimetière du Mt Herzl à Jérusalem, c'est le discours du Premier ministre Naftali Bennett qui avait été interrompu à plusieurs reprises par les cris et les protestations de parents de soldats tués à Gaza et qui accusaient le chef du gouvernement de s'être allié au parti islamiste Ra'am. En 2007, c'était le Premier ministre Ehud Olmert et son chef d'état-major Dan Halutz, qui avaient affronté la colère de familles de soldats tués quelques mois plus tôt, durant la 2e guerre du Liban. Cette année, le scénario est différent, mais le résultat est le même. On redoute de voir se reproduire et se multiplier des scènes encore plus émotionnelles et douloureuses, qui rendraient ces cérémonies insoutenables, au point que certaines familles ont préféré avancer de 24 heures leur visite au cimetière.
Cette journée du Yom Hazikaron est aussi un des rares moments où des représentants du pouvoir politique se retrouvent au contact de la population. Depuis l'assassinat d'Itzhak Rabin en 1995, les ministres ne se déplacent plus qu'entourés d'un cordon infranchissable de gardes du corps, les rendant virtuellement inaccessibles à tout contact direct avec le public. Et si pour les familles qui ont perdu un proche dans les guerres ou les attentats, le deuil n'est pas une affaire de calendrier, elles tiennent à ce moment spécifique de reconnaissance et d'hommage officiel des représentants de l'Etat. Et jusqu'à présent, leur légitimité n'avait pas été remise en cause. Quand le ministre ultra-orthodoxe Yaakov Litzman avait représenté le gouvernement, personne n'était venu lui reprocher de ne pas avoir fait son service militaire. Au contraire, sa participation avait été accueillie comme un symbole d'unité du peuple.
C'est donc la dégradation générale du climat public de ces derniers mois qui est exacerbée par cette journée particulière et qui donne la mesure du phénomène. Certains ont compris la gravité de la situation, et pris l'initiative de ne pas participer aux cérémonies comme deux ministres orthodoxes de Yaadut HaTorah et un ministre du Shas. Reste à savoir ce qui se passera avec ceux qui décideront d'aller jusqu'au bout.
Pascale Zonszain
Souvenir et tempête
Israël.
Publié le 24/04/2023 à 08h54 - Par Gabriel Attal
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