La communication évasive de Netanyahou

La parole de Benyamin Netanyahou se fait rare ces temps-ci, alors quand le chef du Likoud accorde une interview, même à un média hors d'Israël, on l'écoute. D'autant que la façon dont le futur Premier ministre israélien conduit ses pourparlers pour la formation de son gouvernement suscite un certain nombre d'interrogations. "L'essentiel de la politique et la politique générale sont définies par le Likoud et pour être franc, par moi. Et je crois avoir une certaine influence " explique Benyamin Netanyahou à la journaliste Bari Weiss, du site américain Common Sense, ajoutant qu'au cours de ses quinze années passées à la tête de l'exécutif israélien, il avait entendu à de nombreuses reprises des prophéties d'apocalypse, qui ne s'étaient jamais réalisées. "J'ai préservé le caractère démocratique d'Israël, j'ai préservé les traditions d'Israël. Cet Israël ne sera pas gouverné par la halacha – le droit talmudique – " assure le chef du Likoud dans son entretien pour Common Sense. "Le ministère de la Défense va rester aux mains du Likoud, assure encore Benyamin Netanyahou qui explique que la Défense ne se limite pas à intercepter des missiles, mais que cela consiste surtout à décider sur des mesures à implications explosives. Et c'est ce que j'essaie justement d'éviter", affirme le futur Premier ministre israélien. Il faudra dans ce cas expliquer aussi le moment venu comment le transfert des compétences relevant de l'administration civile des implantations de Judée Samarie - du ministère de la Défense qui restera donc au Likoud – vers des ministères détenus par les deux partis nationalistes Sionisme Religieux et Puissance Juive, n'accroitra pas le risque de prises de décisions potentiellement explosives. Et surtout qui mettraient le ministère de la Défense en position extrêmement difficile, quand il lui faudra gérer sur le terrain des situations où il ne maitrise justement pas tous les paramètres de décision. Il semble donc que ces propos du futur chef du gouvernement israélien soient plus destinés à répondre aux inquiétudes de ses lecteurs anglophones et en particulier les décisionnaires qui siègent à Washington, qu'aux interrogations du public israélien. Selon les informations qui se précisent sur les termes de l'accord entre le Likoud et Sionisme Religieux, le parti de Betsalel Smutrich devrait aussi partager le ministère des Finances avec le parti Shas, sous la forme d'une rotation, comme celle déjà expérimentée pour les Premiers ministres. Sauf que ce scénario est inédit et que de surcroit, les deux partis, l'orthodoxe et le nationaliste, ont des visions diamétralement opposées de la gestion des finances publiques. Alors, si, comme l'assure le futur Premier ministre, c'est bien le Likoud et son chef qui garderont la haute main sur la ligne politique du gouvernement israélien, il serait bon que Benyamin Netanyahou donne rapidement et directement à ses concitoyens - qui ont plus que jamais besoin de clarté et de stabilité - des clés de lecture pour démêler ces contradictions. Et de préférence en hébreu. Pascale Zonszain