Arié Bensemhoun, vous revenez aujourd’hui sur la manifestation en soutien aux femmes iraniennes qui s’est tenue dimanche dernier à Paris...
En effet, J’aimerais revenir sur un événement qui peut sembler anecdotique de prime abord mais qui révèle pourtant l’imposture de la gauche sur la question de l’islamisme. Alors que des milliers de personnes défilaient dimanche pour condamner la répression des manifestations en Iran déclenchées par la mort de la jeune Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs, la députée écologiste Sandrine Rousseau, qui comme on le sait ne recule devant aucune outrance, a décidé de prendre la parole. Sans surprise elle a été huée par une partie des manifestants qui lui reprochent son discours hypocrite sur les femmes et plus particulièrement sur le port du voile.
Au micro d'Europe 1, elle avait notamment estimé : « qu'en France, l'émancipation des femmes ne passe jamais par une interdiction du vêtement ». Avant d'ajouter : « Stigmatiser les femmes au titre des vêtements qu'elles portent, c'est précisément ce qui fait que les femmes ont été stigmatisées durant toute l'histoire de notre pays. »
Ce double discours est monnaie courante au sein de la gauche...
... et c’est en grande partie cette ambiguïté permanente sur l’islamisme, pour ne pas dire cette connivence, qui a creusé la tombe de la gauche de gouvernement, devenue opportunément, trop perméable aux idées de l’extrême gauche dont les prises de position liberticides, antisémites et antisionistes, scandent l'actualité.
Depuis plusieurs années, on assiste à une importation des États-Unis de l’idéologie dite « wokiste » et de ce qu’on appelle communément la « cancel culture », qui désigne la volonté de réduire au silence dans l’espace public tous ceux qui portent des paroles ou un comportement jugés « offensants ». Elle consiste aussi à enrayer, détruire l’existence d’une personnalité dans le débat d’idées, dans la vie publique et le cas échéant dans la vie académique ou artistique, au motif que ce qu’elle a dit ou fait s’oppose au point de vue des « cancellistes ». Une forme de dictature de la pensée qui, comme à chaque fois, précède la dictature tout court !
C’est dans ce contexte délétère que le débat autour de « l’islamo-gauchisme » a réapparu.
Le terme a été forgé au début des années 2000 par le philosophe Pierre-André Taguieff pour désigner « une alliance de fait nouée en Europe, au moment de la deuxième Intifada, entre certains courants de la gauche de la gauche et des mouvements proches des islamistes ». Comme il le souligne, « l’islamo-gauchisme n’est nullement un « concept venu de l’extrême droite », comme l’ânonnent les ignorants, les imbéciles et les gens de mauvaise foi ».
L’expression a également été employée pour désigner la « nouvelle judéophobie », fondée sur un antisionisme radical dont l'objectif est l'élimination de l'Etat juif, Israël.
Les courants « gauchistes » voudraient voir se substituer à l’image du prolétaire exploité celle de l’immigré musulman et dans celle de l’islam la religion des pauvres et des opprimés. Pour eux, l’islamisme serait porteur d’un « potentiel révolutionnaire » justifiant qu’on puisse passer des alliances avec certains activistes islamistes.
Ce courant s’est largement renforcé et est instrumentalisé par La France insoumise notamment, qui participait en 2019 à la manifestation « contre l’islamophobie » organisée par le CCIF, aujourd’hui dissous.
En quoi la question du voile est-elle symptomatique de l’effondrement moral de la gauche ?
Il est aujourd’hui insupportable de voir les militants (militantes a fortiori) d’extrême gauche prétendre soutenir ces femmes iraniennes qui se battent de façon héroïque pour leur liberté, et affirmer en France que le port du voile est une liberté. Rappelons-nous de la campagne honteuse du Conseil de l’Europe où l’on pouvait lire sur des affiches : « Mon hijab, mon choix », « La beauté se trouve dans la diversité comme la liberté dans le hijab » ou encore « Apportez de la joie, acceptez le hijab ». Poussée par une organisation islamiste, le Forum of European Muslim Youth and Student Organisations (Femyso) et soutenue pas l’extrême gauche, cette campagne délivrait un message terrible aux femmes, obstruant le fait que certaines d’entre elles peuvent être violées, vitriolées, brûlées ou tuées, comme c’est le cas en Iran ou en Afghanistan, si leur comportement ne respecte pas les « codes de la modestie musulmane ».
Que faire alors selon vous ?
Il est temps que ce double discours cesse. Ce déni de la dérive islamiste dans notre société est particulièrement préoccupant et témoigne d’une compromission avec les théories indigéniste, racialiste et décoloniale. Le vide idéologique et politique qui opère depuis plusieurs décennies au nom de formes pernicieuses de la bien pensance a laissé le champ libre au militantisme le plus décérébré.
Se montrer bienveillants avec les malfaisants est pure folie.
Continuer sur cette voie serait un suicide pour la République.
La France et l’Europe doivent tirer les conséquences qui s’imposent dans leurs relations avec ceux qui ignorent les principes fondamentaux des principes qui garantissent notre avenir en tant que civilisation.
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Arié Bensemhoun
Le combat des femmes iraniennes et l’imposture de la gauche, la chronique d'Arié Bensemhoun
International.
Publié le 06/10/2022 à 10h13 - Par Gabriel Attal
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