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Accord sur le nucléaire iranien : où en est-on à l’heure de la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies ? La chronique d'Arié Bensemhoun

International.

C’est du nucléaire iranien que vous allez nous parler aujourd’hui, alors que se poursuit la 77e session de l’Assemblée générale des Nations unies. Où en est-on, à l’ouverture de la troisième semaine des débats ?  Faisons un bref rappel des derniers événements, qui, malheureusement, vont tous dans le sens de la marche inéluctable de l’Iran vers l’obtention de la bombe.  Le 8 août dernier, les Européens, confiants, avaient présenté un texte final pour réhabiliter l'accord historique de 2015, rendu caduc par les nombreuses infractions iraniennes et le retrait américain en 2018. L'Iran y a ajouté des exigences, rejetées par les États-Unis car relevant d’une démarche non « constructive ».  Lundi 19 septembre, la ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a déclaré qu’il « n’y aurait pas de meilleure offre pour l’Iran » et qu’il revenait à Téhéran de prendre la décision d’accepter la proposition européenne.  Mardi 20 septembre, Emmanuel Macron a rencontré son homologue Ebrahim Raïssi en marge de la conférence pour lui exprimer ses regrets et l’encourager à coopérer pleinement avec l’Agence Internationale de l’Energie Atomique : un vœu pieux.  Le lendemain, le président iranien a affirmé que son pays ne cherchait pas à se doter de l’arme nucléaire. Personne, pourtant, n’est dupe : l’AIEA, de son côté, a continué de dénoncer l’obstruction du régime iranien à ses enquêtes sur les sites d’uranium enrichi, activité non déclarée et donc en violation de l’accord de 2015.  Côté israélien, le Premier ministre Yaïr Lapid, dans son allocution du vendredi 22 septembre, a appelé à une menace militaire crédible, seule manière d’empêcher Téhéran de se doter de la bombe et de « négocier un accord plus long et solide avec lui ». Tout ceci ne signifie-t-il pas un échec de la diplomatie ? Exactement, et la situation est d’autant plus ironique que ce lundi était célébrée la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires. Les négociateurs européens commencent à comprendre qu’il ne sert à rien de courir après les Iraniens : leur optimisme initial a laissé place à un aveu d’échec. Téhéran continue d’exprimer le plus grand mépris pour les efforts diplomatiques déployés par le P5+1 à Vienne et d’esquiver toute responsabilité. Les Iraniens renvoient la balle dans le camp américain, affirmant douter de leur engagement à revenir dans l’accord. Les deux pays, en rupture diplomatique depuis 1979, n'envisagent aucune rencontre bilatérale aux Nations unies, en dehors des discussions sous médiation européenne.  C’est donc un cycle sans fin, dont Israël avait prévu la futilité et la débâcle depuis le début. Pendant ce temps, rien n’empêche le processus d’enrichissement d’uranium, qui a franchi la barre des 60%, de se rapprocher dangereusement du seuil fatidique des 90%, nécessaire pour confectionner une arme atomique.  En parallèle, la guerre en Ukraine continue de faire rage, occultant l’urgence de la situation… Il est clair que la guerre en Ukraine occupe le devant de la scène internationale et met la question du nucléaire iranien au second plan, même si la Russie est partie aux négociations du JCPOA et s’est rapprochée progressivement du régime de Téhéran. A l’heure actuelle, les Occidentaux arbitrent entre deux agendas autocratiques : celui de Poutine en Ukraine et celui des mollahs sur le nucléaire et la déstabilisation régionale au Moyen-Orient, pendant qu’Israël continue de tirer la sonnette d’alarme.  Emmanuel Macron en a fait lui-même la démonstration puisque son discours à l’Assemblée générale ne comportait qu’une très brève allusion au sujet et était consacré en majorité à la guerre en Ukraine. Pourtant, les deux conflits sont plus liés qu’on ne pourrait le croire.  Qu’envisage Jérusalem alors que l’absence d’accord se confirme ? Israël travaille à la formation d’une coalition de dissuasion avec les États-Unis, à laquelle il encourage la France et la Grande-Bretagne à se joindre. Ces derniers, qui ont pris acte du « pas en arrière » iranien, préparent la suite. Face au risque d’escalade nucléaire dans la région (notamment du côté turc et saoudien si la puissance chiite se dotait de la bombe), une action militaire, qui nécessiterait un certain consensus au sein des grandes démocraties occidentales, pourrait devenir inéluctable.  En attendant, la dissuasion préventive reste l’unique option, en espérant qu’il ne sera pas nécessaire de recourir à l’usage de la force. Si pareille situation devait se produire, nul ne pourrait en prédire les conséquences. Mais pour Israël, c’est une menace existentielle : toutes les forces politiques s’accordent sur cette question. Reste à savoir comment les Européens et les Américains réagiraient si Israël prenait l’initiative de tirer le premier.  [playlist ids="179296"] Arié Bensemhoun

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