"L'Allemagne paiera" : la symbolique douloureuse des relations entre Berlin et Jérusalem

Israël.

"L'Allemagne paiera" : la symbolique douloureuse des relations entre Berlin et Jérusalem
(Crédit : Wikimedia Commons)
Il y a des coïncidences de calendrier qui donnent des frissons. Lundi 5 septembre marquera le 50ème anniversaire de l'assassinat des onze athlètes israéliens aux J.O de Munich par les terroristes palestiniens de Septembre Noir. Et le 10 septembre, ce sera le 70ème anniversaire de l'accord de réparations conclu par l'Allemagne Fédérale et l'Etat d'Israël. Deux étapes terribles dans l'histoire des relations bilatérales. La tragédie de Munich de septembre 1972, ce n'était pas un attentat terroriste de plus, comme Israël en avait déjà affronté beaucoup. Perpétré par des Palestiniens du Fatah, il s'était déroulé en terre allemande. D'ailleurs, pour beaucoup d'Israéliens à l'époque, envoyer une délégation à Munich n'allait pas de soi. Pour les premiers Jeux olympiques d'été organisés par Allemagne depuis ceux de 1936, comme manifestation de la puissance nazie, il restait très difficile de dépasser la douleur de la Shoah. Alors, la prise d'otages des onze athlètes israéliens et la gestion catastrophique des services de sécurité allemands, qui n'avaient pu empêcher leur meurtre, avait été vécue comme une faute de plus. Surtout quand les jeux avaient repris comme si de rien n'était, après une discrète cérémonie d'hommage aux victimes. Car dès les premières années de l'Etat, les Israéliens n'ont pas accepté facilement de considérer l'Allemagne comme n'importe quel autre pays. Les relations bilatérales n'ont été établies qu'en 1965, et encore seulement avec l'Allemagne de l'ouest. Israël n'a jamais eu de relations avec la RDA. En 1951, Ben Gourion avait refusé de mettre fin à l'état de guerre avec l'Allemagne, bien que l'Etat d'Israël ait vu le jour 3 ans après la fin du second conflit mondial. En revanche, le dirigeant israélien avait accepté de présenter une demande de réparation par l'Allemagne pour les crimes perpétrés par les nazis contre les Juifs et pour permettre l'aide et l'intégration des survivants de la Shoah établis en Israël. L'accord est donc signé le 10 septembre 1952, mais en Israël, il déclenche un véritable tollé. Pour les survivants, l'argent allemand est vu comme une manière d'obtenir le pardon pour un crime inexpiable. Un argent souillé que Ben Gourion ne doit pas accepter. Le débat descend même dans la rue, avec le seul cas d'émeutes violentes devant la Knesset, alors que les députés votaient sur le principe de l'accord. Depuis, les esprits se sont évidemment apaisés. Les 3 milliards de marks versés par l'Allemagne et son engagement répété à la sécurité d'Israël ont consolidé les liens entre les deux Etats. Les indemnisations payées par l'Allemagne ont aussi contribué au démarrage de l'économie israélienne. La chancelière Angela Merkel avait réaffirmé en 2008 l'engagement imprescriptible de l'Allemagne auprès d'Israël et même encore lors de son dernier voyage à Jérusalem à l'automne dernier. Son successeur, Olaf Scholz, s'était montré moins assuré il y a quelques semaines, quand le chef de l'Autorité Palestinienne Mahmud Abbas avait refusé de demander pardon pour l'attentat de Munich, commis, il faut le rappeler par une branche de son parti, le Fatah et qu'il avait botté en touche en accusant Israël d'avoir perpétré "50 Shoah" contre des Palestiniens. Alors, dans ce contexte l'indemnisation des familles des athlètes assassinés reste totalement dans le même ordre symbolique. Celui que l'Allemagne doit assumer jusqu'au bout, car pour Israël, ce ne sera jamais un pays comme les autres. [playlist ids="174591"] Pascale Zonszain

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