Emmanuel Macron refuse toute "repentance" et appelle à regarder le passé "avec courage"

Au deuxième jour de sa visite officielle  à Alger, Emmanuel Macron a été très clair sur la question de la repentance réclamée par les Algériens. Pour le chef de l’Etat, la recherche de «la vérité» et de «la reconnaissance» est plus importante que la «repentance» sur les questions de la colonisation et de la guerre d'Algérie qui ont toujours abimé la relation entre Paris et Alger. «J'entends souvent que, sur la question mémorielle et la question franco-algérienne, nous sommes sommés en permanence de choisir entre la fierté et la repentance. Moi, je veux la vérité, la reconnaissance  sinon on n'avancera jamais», a déclaré le président français lors d'un point presse à Alger (AFP). Le locataire de l'Elysée a affirmé avoir destiné sa visite à «bâtir l'avenir» sans rien occulter du passé colonial.

Cimetière de Saint Eugène : la mémoire des exilés

En dépit de l’absence du Grand Rabbin de France la mémoire juive n’a pas été occultée dans la visite au cimetière d’Alger. Le chef de l'État est arrivé au cimetière européen Saint-Eugène, le principal de la capitale au temps de la présence française. Un geste important du président :une gerbe devant un monument aux «morts pour la France» a été déposée, pendant que retentissait la «sonnerie aux morts» avant la Marseillaise entonnée par le chœur de l'armée française.

Carré juif

Emmanuel Macron a pris son temps pour se promener ce vendredi matin dans les différentes parties de Saint Eugène : carrés chrétien, militaire, puis s'est particulièrement attardé dans le carré juif. La question de la préservation des cimetières et de la mémoire juive algérienne était la raison de l’invitation faite à Haïm Korsia, le Grand rabbin de France. Une visite qui avait déclenché une vive opposition en Algérie dans les milieux nationalistes et religieux algériens non sans accents antisémites violents. Figure plus consensuelle à Alger, l’acteur Roger Hanin enterré selon ses volontés en Algérie a été honorée. Devant la tombe en marbre de l’acteur metteur en scène né en Alger, le président français s'est recueilli avec à ses côtés le réalisateur Alexandre Arcady et l'économiste Jacques Attali, tous deux nés en Algérie. Tous les deux juifs. Emmanuel Macron a très nettement marqué sa présence dans ce symbole du passé juif.

Lutter contre l’immigration clandestine

Cette visite qui se termine demain a permis à Alger a dors et déjà permis un rapprochement entre le président français et son homologue algérien Tebboune. Emmanuel Macron, a souhaité en effet «travailler ensemble» avec son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour être «plus efficace» dans la lutte contre l'immigration clandestine et en même temps «plus souple» sur l'immigration «choisie».  «Ce que nous avons décidé, c'est de travailler ensemble et avec aussi une certaine confiance collective. On va être très rigoureux pour, ensemble, lutter contre l'immigration clandestine et les réseaux et être beaucoup plus efficaces pour prévenir et pouvoir raccompagner (les clandestins, ndlr) plus efficacement», a déclaré M. Macron à l’AFP. «Et nous souhaitons avoir une approche beaucoup plus souple sur l'immigration choisie, c'est-à-dire les familles de binationaux, mais aussi les artistes, les sportifs, les entrepreneurs et les politiques qui nourrissent la relation bilatérale.» Parmi les sujets «sensibles» et sources de «tensions» entre les deux pays, on trouve la question des visas. «C’est un dossier sur lequel on a longuement parlé hier, jusqu'au milieu de la nuit, avec le président» algérien, a souligné Emmanuel Macron, «et sur lequel nous avons mandaté nos ministres et donc qui va avancer dans les prochaines semaines et prochains mois». Paris a réduit de 50% le nombre de visas accordés à l'Algérie - comme au Maroc - pour mettre la pression sur des gouvernements jugés peu enclins dans la réception de leurs ressortissants expulsés de France. Michel Zerbib