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La Russie pousse l'Agence Juive vers la sortie

Israël.

La Russie pousse l'Agence Juive vers la sortie
(Crédit : DR)
La crise est désormais ouverte. Hier, le ministère russe de la Justice a déposé devant le Tribunal de District de Moscou une demande de liquidation des activités de l'Agence Juive en Russie, au motif que l'organisation israélienne, qui organise l'immigration des Juifs en Israël, est en violation de la loi. L'audience a été fixée au 28 juillet. Donc, cette fois, c'est concret. Ce qui avait commencé au début du mois par un courrier de fonctionnaires aux bureaux de l'Agence Juive en Russie, sort maintenant au grand jour. Le ministère russe de la Justice avait tout d'abord demandé à l'organisation israélienne de se mettre en conformité avec la législation locale. Il s'agissait apparemment de la loi de 2015 interdisant l'envoi et le traitement informatiques de données personnelles de citoyens russes à l'extérieur du territoire national. La direction de l'Agence Juive avait espéré traiter l'affaire discrètement et trouver un compromis avec les autorités russes, mais très vite, il lui a fallu faire intervenir le ministère des Affaires étrangères. L'ambassadeur d'Israël à Moscou avait été reçu par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, qui semblait ouvert à un arrangement. Sauf qu'entretemps, le président des Etats-Unis était passé par Jérusalem, et parmi les dossiers stratégiques et diplomatiques discutés avec ses hôtes israéliens, Joe Biden avait exigé une prise de position sans ambiguïté du nouveau Premier ministre sur la guerre en Ukraine. Et lors de leur conférence de presse conjointe du 14 juillet, Yaïr Lapid avait évoqué le sujet en quatre mots : "invasion injustifiée de l'Ukraine par la Russie". Rien de plus, mais rien de moins, surtout que l'on trouvait dans la même phrase la référence à la menace nucléaire de l'Iran, pour rappeler que, selon les termes du Premier ministre israélien : "parfois, pour protéger la liberté, il faut faire usage de la force". Yaïr Lapid, alors qu'il était encore ministre des Affaires étrangères du gouvernement Bennett, avait condamné l'invasion russe en Ukraine. Mais depuis, Jérusalem avait tenté de maintenir une certaine neutralité sur le sujet, afin de préserver les intérêts stratégique qui le lient à la Russie, sans pour autant se mettre en porte-à-faux avec ses alliés occidentaux. Alors évidemment, la procédure administrative et judiciaire russe fonctionne à son propre rythme, mais la coïncidence reste troublante. Et cette fois, plusieurs ministres israéliens ont jugé à propos de manifester publiquement leur préoccupation, pour ne pas dire plus. La ministre de l'Alyah et de l'Intégration, Pnina Tamano Sheteh, a confirmé qu'elle avait déjà réclamé à Yaïr Lapid qu'il consacre une réunion de travail à ce dossier, et rappelé que l'alyah était un droit fondamental pour tous les Juifs du monde. Le ministre chargé de la Diaspora, Nachman Shaï s'est montré nettement plus virulent, en affirmant que "les Juifs de Russie ne devraient pas être les otages de la guerre en Ukraine", ajoutant que cette "tentative de punir l'Agence Juive pour la position d'Israël sur la guerre en Ukraine était pathétique et insultante" selon ses termes. Vladimir Poutine sait parfaitement ce que représentent pour Israël l'alyah et les relations avec la communauté juive de Russie. Si le tribunal de Moscou fait droit à la demande du ministère de la Justice et interdit l'activité de l'Agence Juive en Russie, une étape aura été franchie dans les relations entre Israël et la Russie. [playlist ids="168849"] Pascale Zonszain

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