Naftali Bennett sort du jeu

Israël.

Naftali Bennett sort du jeu
(Crédit : chaîne de la Knesset)

Naftali Bennett sort du jeu. S'il reste dans le gouvernement de transition dont Yaïr Lapid va prendre la direction, il se retire du reste de ses fonctions politiques. La décision était attendue mais pas certaine, depuis que le chef du gouvernement israélien avait annoncé la dissolution de la Knesset, il y a tout juste dix jours. C'est l'issue d'un parcours difficile que Naftali Bennett a présenté jeudi soir en forme de rapport d'activités et de testament politique. Le Premier ministre sortant a défendu le bilan de son gouvernement, sur la reprise de l'économie après la crise sanitaire, la lutte contre la menace iranienne, la gestion de la situation sécuritaire après la vague de terrorisme du printemps, mais aussi le calme maintenu sur le front de Gaza. Naftali Bennett tient à ce que ce rapport d'exercice montre un gouvernement opérationnel, en dépit des divisions politiques.

Car le leader du parti Yamina sait qu'un des facteurs qui le poussent aujourd'hui vers la sortie, c'est sa perte de légitimité. Beaucoup de ceux qui avaient voté pour son parti ne lui ont pas pardonné d'avoir fait alliance avec la gauche, mais surtout avec un parti arabe. Et ceux qui ont soutenu son choix lui ont reproché de ne pas avoir assez lutté pour maintenir son gouvernement à flots et de ne s'être pas assez investi personnellement dans la gestion de sa coalition disparate. Et ce, alors que c'est au sein même de son parti, Yamina, qu'est née la discorde, au point que Bennett s'est retrouvé écartelé entre trois députés fidèles et trois députés frondeurs. A commencer par sa numéro deux, la ministre de l'Intérieur Ayelet Shaked, qui va donc lui succéder à la direction du parti, même si c'est pour Naftali Bennett une sorte de coup de grâce. Car Ayelet Shaked n'a jamais caché son intention de ramener le parti dans la constellation du Likoud, dont à son avis, il n'aurait jamais dû sortir.

Et d'ailleurs, en quittant Yamina, Naftali Bennett accepte de lâcher prise et de laisser à celle qui lui succède la totale liberté de ses choix politiques. Mais c'est à ce prix que le parti que les deux anciens membres du cabinet de Netanyahou et qui ont fait ensemble leurs premières armes politiques chez les sionistes religieux, c'est à ce prix que le Yamina peut avoir une chance de survivre à la débandade et de retrouver une place dans la prochaine Knesset. Le premier sondage réalisé hier soir par la chaine N12 révèle que le parti Yamina dirigé par Ayelet Shaked obtiendrait 5 députés. Et surtout qu'il donnerait une majorité de 63 sièges à une coalition dirigée par Netanyahou autour du Likoud, avec les partis orthodoxes et le parti ultranationaliste Sionisme Religieux.

Et ce n'est que le début d'une reconfiguration du paysage politique israélien. Maintenant que Naftali Bennett s'est déclaré hors course, on peut imaginer que les autres partis de droite et du centre vont repenser leur positionnement et éventuellement leurs alliances. Mais clairement, le patron sortant de Yamina a reconnu son échec à réunir une droite libérale compatible avec l'ensemble du paysage politique. S'il ne renonce pas à son projet de sortir le débat public israélien de sa polarisation, il sait qu'il lui faudra commencer par faire taire sa voix, s'il veut pouvoir à nouveau la faire entendre.

Pascale Zonszain

pzoom300622

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