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Terrorisme et politique : quels risques pour le gouvernement Bennett ?

Israël.

Terrorisme et politique : quels risques pour le gouvernement Bennett ?
(Crédit : Twitter)

Quelques semaines avant les élections législatives de 2021, la numéro deux de Yamina, Ayelet Shaked, assurait qu'un gouvernement qui appuierait sa majorité sur des partis arabes, serait de fait empêché de conduire une politique sécuritaire et de lancer par exemple une opération militaire contre la Bande de Gaza. A l'époque, la députée nationaliste dénonçait les contacts engagés par le Likoud, en vue d'étudier une coalition avec le parti islamiste Ra'am. Un an plus tard, c'est un gouvernement dirigé par un Premier ministre Yamina, Naftali Bennett, et dont la coalition s'appuie sur ce même parti arabe islamiste, qui est confronté à une vague de terrorisme. Un paradoxe qui n'a évidemment pas échappé à l'opposition de droite, qui s'est empressée de renvoyer l'ascenseur. Et Benyamin Netanyahou, presque dans les mêmes termes, a mis en doute les capacités du gouvernement de coalition Bennett-Lapid à lutter efficacement contre le terrorisme.

Et il est vrai que pour Naftali Bennett, la configuration politique est loin d'être simple. Avec un parti de seulement six élus, il dirige une coalition de huit partis différents, dont un parti arabe non sioniste et deux partis de gauche, traditionnellement perçus dans l'opinion israélienne comme plus faibles dans les crises sécuritaires. Pourtant, qu'il soit de droite ou de gauche, un gouvernement israélien a entre les mains à peu près la même boite à outils pour lutter contre le terrorisme. Les décisions à prendre sont essentiellement d'ordre tactique, voire micro-tactique. Le positionnement idéologique a en effet peu de poids quand il s'agit de décider quels effectifs mobiliser, où déployer les troupes, ou d'autoriser des actions d'interception de commandos terroristes. C'est d'ailleurs exactement ce qu'a confirmé le ministre Nitzan Horowitz, leader du Meretz, qui a estimé que son gouvernement "fait ce qu'il faut" pour lutter contre la vague d'attentats.

La question est évidemment plus délicate en ce qui concerne le parti Ra'am. Son patron, Mansour Abbas, a condamné sans appel les attaques terroristes de la semaine dernière, que ce soient celles commises par des Arabes israéliens ou celle perpétrée par un Palestinien. Il est vrai qu'il s'agissait d'attaques survenues à l'intérieur d'Israël et qui ont visé en priorité des civils. Sans compter que les deux attentats perpétrés au nom de Daech n'ont rien à voir avec des revendications nationalistes palestiniennes, ce qui a permis à l'ensemble de la classe politique arabe de les condamner. De surcroit, le parti islamiste, s'il fait partie de la coalition, ne siège pas au gouvernement. Et dès la négociation de l'accord de coalition, le parti Ra'am et son conseil religieux avaient pris deux décisions stratégiques : pas d'implication dans les décisions sécuritaires, ni dans celles relevant de la politique étrangère.

Cela dit, cette prudence sera mise à l'épreuve sur la durée. Dans quelle mesure les islamistes pourront-ils tenir si la dégradation sur le terrain devait déboucher sur une opération militaire d'envergure à Gaza ou en Judée Samarie ? Ou même seulement si le gouvernement décidait d'imposer un bouclage des territoires ou des limitations d'accès au Mt du Temple ? Mais Mansour Abbas a déjà reculé sur d'autres lignes rouges, en déclarant qu'Israël était un Etat juif, et qu'il ne pratiquait pas de politique d'apartheid. Tout dépendra du contexte pour ce gouvernement inédit, sachant aussi que d'autre avant eux, et sans soutien de partis arabes, sont tombés sur des enjeux sécuritaires.

Pascale Zonszain

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