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Israël, entre Ukraine et Russie, la chronique de Guy Konopnicki

Israël.

Israël, entre Ukraine et Russie, la chronique de Guy Konopnicki
(Crédit : DR)

Les attentats de Beer-Shev’a et Hadera constituent la réponse de l’État Islamique au nouveaux liens établis par Israël avec plusieurs états arabes. Le terrorisme islamique se manifeste toujours quand se dessine la possibilité d’une paix entre Israël et le monde arabe.

Ces attentats nous rappellent la fragilité de la situation d’Israël et nous permettent de comprendre la prudence de son gouvernement vis-à-vis de la guerre russo-ukrainienne.

Il est certes naturel que le président Zelensky, parlant en visio conférence à la Knesset demande à l’État juif de s’engager totalement à ses côtés, en lui fournissant les armes sophistiquées qui permettent d’intercepter les missiles du Hamas – mais pas tous malheureusement. Or, un engagement de cette nature permettrait à Poutine d’inscrire Israël sur la liste des cobelligérants, ce que ne peut se permettre un état directement menacé par de fidèles alliés de la Russie, dont la Syrie n’est pas le moindre. D’autant que l’Iran, sans être tout à fait un allié, entretient d’étroites relations avec Moscou et recherche son soutien pour accéder au nucléaire. Naftali Bennett et Yaïr Lapid ont donc toutes les raisons de se montrer prudents et de maintenir le dialogue avec Poutine.

Ici, en France, des intellectuels peuvent toujours sommer l’État juif d’être en tous points irréprochable et de fonder sa politique extérieure sur des principes éthiques. Qui ne rêverait de voir Jérusalem se porter au secours de tous les peuples martyrs ?

Mais que cela nous plaise ou non, Israël ne peut renvoyer la Russie dans le camp de ses ennemis irréductibles, où se trouvait l’Union Soviétique, quand elle équipait et encadrait les armées égyptiennes et syriennes, lors des guerres de 1967 et 1973, quand le sionisme était considéré comme un crime antisoviétique, quand une simple demande de visa d’émigration devenait un passeport pour l’archipel du Goulag…

En 1967, Leonid Brejnev rompit les relations diplomatiques avec Israël, et elles ne furent officiellement rétablies qu’en 1991 par Mikael Gorbatchev, qui avait, quelques années plus tôt, permis l’alya des juifs d’URSS. 

Depuis, des centaines de milliers d’Israéliens, sont venus de l’ex- Union Soviétique, et nombre d’entre eux maintiennent des liens avec des familles, restées en Ukraine comme en Russie. Les juifs français, qui sont nombreux à se rendre régulièrement en Israël pour retrouver leurs proches sont bien placé pour savoir que ce lien est précieux, et que le gouvernement d’Israël a le devoir de le préserver, pour les citoyens dont les proches se trouvent en Russie, en Ukraine, en Géorgie et dans les autres pays de l’ex URSS.

Israël s’honore, en envoyant en Ukraine de l’aide humanitaire, du matériel et des équipes médicales. Israël respecte ses obligations, en accueillant les juifs d’Ukraine, conformément à la loi du retour, fondatrice du sionisme.

Dans la situation fragile du pays, l’accueil du président Zelensky a la Knesset était un acte de courage. Mais en dépit de l’admiration que je porte à ce président courageux, dont la détermination et la présence permettent aux combattants et au peuple ukrainien de résister à l’agression, il n’était nullement obligé de réécrire l’histoire. Il y a bien eu, des Ukrainiens pour résister au nazisme, ils étaient nombreux à le combattre dans les rangs de l’armée soviétique, dont l’héritage n’est pas la propriété exclusive de la Russie, mais ils étaient aussi en nombre dans les hordes antisémites du sinistre Bandera. Hélas, le sauvetage des juifs n’est pas la caractéristique de l’Ukraine, qui est, pour nous, un vaste cimetière, souvent profané. L’Ukraine d’aujourd’hui, est une démocratie qui mérite d’être défendue face à l’agression criminelle de la Russie. Mais ça ne saurait justifier celle d’hier. Et Israël ne peut s’engager de la même manière que la France et l’Union Européenne. Pour des raisons historiques et géographiques.

Solidaire tout à la fois de l’Ukraine et d’Israël, ce n’est pas simple. Mais il y a bien longtemps que je répète que les idées simples sont trop simples pour être des idées justes.

Guy Konopnicki

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