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Les intellectuels dans la Résistance : le jour ou Stefan Zweig a rencontré le « Prophète » Theodor Herzl ! La chronique de Michel Zerbib

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Les intellectuels dans la Résistance : le jour ou Stefan Zweig a rencontré le « Prophète » Theodor Herzl ! La chronique de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)
Le 22 février 1942, l’écrivain Stefan Zweig se donnait la mort au Brésil , il y a 80 ans .Son oeuvre reste capitale à la compréhension du Monde d’hier (titre de son livre de souvenirs) et celui d’aujourd’hui . Ce récit extraordinaire écrit de mémoire en 1941 au Brésil ou le triomphe du nazisme en Autriche a contraint Zweig à émigrer, est l’un des grands livres- témoignages sur l’évolution de l’Europe . L’écrivain Juif Viennois écrit dans ce livre un formidable portrait de Theodor Herzl et ce matin Michel vous évoquez ce livre , son auteur et le père du sionisme. Dans le Monde d’hier Stefan Zweig retrace ,dans un va et vient constant , la vie de la bourgeoisie éclairée et le destin de l’Europe jusqu’à son suicide , sous les coups du nationaliste , de l’antisémitisme et de catastrophe Nazie jusqu’en 1939. Crépusculaire. Ecoutez le avant qu’il se donne la mort : « Le monde, ma propre langue est perdu pour moi. Ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est anéantie elle-même. Il fallait à soixante ans des forces exceptionnelles pour tout recommencer à nouveau et les miennes sont épuisées par des années d’errance sans patrie. Aussi, je juge préférable de mettre fin, à temps et la tête haute, à une vie pour laquelle le travail intellectuel a toujours représenté la joie la plus pure et la liberté individuelle le bien suprême sur cette terre. Je salue tous mes amis ! Puissent-ils voir encore les lueurs de l’aube après la longue nuit ! Moi, je suis trop impatient. Je les précède. »Terrible constat. La lettre de suicide de Stefan Zweig ainsi que d’autres de ses manuscrits se trouvent à la Bibliothèque Nationale d’Israël à Jérusalem. Dans le Monde d’Hier sous-titré Souvenirs d’un Européen, Stefan Zweig (1881-1942) décrit l’Europe d’avant 1914 correspondant à l’époque de sa jeunesse, puis la guerre 14-18, l’après-guerre et le livre s’achève en 1939 lorsque la guerre est déclarée. On y trouve un portrait du génie du sionisme Theodor Herzl. Dans le chapitre Universitas vitae, il livre un portrait extraordinaire de Théodore Herzl, alors encore rédacteur en chef du journal la Neue Frei Presse à qui il apporte l’un de ses premiers textes: « Je suis heureux de pouvoir vous annoncer que votre bel article est accepté pour le feuilleton de la Neue Frei Presse. » Ce fut comme si Napoléon sur le champ de bataille, épinglait à la poitrine d’un jeune sergent la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Cela parait en soi un épisode sans importance, mais il faut être viennois, et viennois de cette génération pour comprendre quelle brusque ascension cette faveur représentait pour moi. Dur jour au lendemain, j’étais promu, dans ma dix-neuvième année, à une situation éminente (…) », raconte celui qui était alors un tout jeune poète et écrivain viennois. Zweig qui raconte encore cet illustre journaliste Viennois en poste à Paris qui va être marqué à jamais par un événement considérable. « Theodor Herzl avait vécu à Paris une expérience qui avait bouleversé son âme, une de ces heures qui change toute une existence: il avait assisté en qualité de correspondant à la dégradation publique d’Alfred Dreyfus, il avait vu arracher les épaulettes à cette homme pale qui s’écriait: « Je suis innocent. » Et à cette seconde, il avait su jusqu’au plus profond de son coeur que Dreyfus était innocent et qu’il n’était chargé de cet abominable soupçon de trahison que parce qu’il était juif. Or Théodore Herzl, alors qu’il était étudiant, avait déjà souffert dans sa généreuse fierté d’homme du sort des Juifs. Bien plus, grâce à son instinct prophétique et à ses prémonitions, il en avait souffert par avance dans tout son tragique à une époque où le danger ne paraissait pas vraiment redoutable, explique Zweig qui poursuit : «Si nous souffrons d’être sans patrie, édifions nous une patrie nous-mêmes. C’est alors qu’il publia sa brochure, L’Etat juif, dans laquelle il proclamait que toute assimilation, tout espoir de tolérance totale était impossible pour le peuple juif. Il devait fonder sa nouvelle, sa propre patrie dans son ancienne patrie, la Palestine.» Tout est dit en quelques mots sur la « prophétie » de ce Juif assimilé qui imagine un Etat Juif «dans moins de 50 ans ». Zweig nous livre le magnifique portrait du journaliste viennois devenu une sorte de roi en exil du sionisme ? L’ espoir d’Israel n’aura pas , hélas empêché l’écrivain de se suicider sans connaître la résurrection de l’État des Juifs. Lisons encore Zweig : « Herzl se leva pour me saluer, et j’éprouvai aussitôt le sentiment instinctivement qu’il y avait du vrai dans le surnom de « roi de Sion » qu’on lui donnait par moquerie: il avait réellement une apparence royale avec son haut front découvert, ses traits purs, sa longue barbe de prêtre, d’un noir presque bleuâtre, ses yeux mélancoliques d’un bleu sombre. Ses gestes amples, un peu théâtraux ne semblaient pas affectés chez lui parce qu’ils étaient conditionnés par une noblesse naturelle, et il n’y aurait pas eu besoin de cette particularité pour me le rendre imposant. » Merveilleux portrait. Lisez ou relisez cet été le formidable Monde d’hier de Stefan Zweig pour y trouver un aliment au monde de demain. https://youtu.be/VXakH_-N1oE Michel Zerbib

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