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Israël-Turquie : antiterrorisme et diplomatie

Israël.

Israël-Turquie : antiterrorisme et diplomatie
(Crédit : Boaz Oppenheim/GPO)

C'est sans aucun doute une réussite remarquable de la coopération sécuritaire entre la Turquie et Israël, que Yaïr Lapid est allé saluer ce 23 juin à Ankara. L'attentat iranien qui devait viser un ancien diplomate israélien et son épouse à Istanbul, et dont les organisateurs ont été appréhendés par les services de sécurité turcs quelques jours plus tôt, a prouvé non seulement qu'Israël avait de très bonnes raisons de mettre ses ressortissants en garde, mais aussi que la Turquie était déterminée à enrayer ces attaques. La Turquie ne rompra probablement pas ses relations diplomatiques avec l'Iran, comme elle l'avait fait avec l'Arabie Saoudite après l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018, mais il est clair qu'Erdogan n'apprécie pas du tout que son pays serve de théâtre à des conflits qui ne le concernent pas.

La visite de Yaïr Lapid à Ankara confirme en tout cas que les relations bilatérales se sont considérablement réchauffées au cours des derniers mois et que les tentatives iraniennes d'attaquer des ressortissants israéliens ont paradoxalement servi d'accélérateur dans ce rapprochement.  Et il était important pour Yaïr Lapid de tenir le rendez-vous fixé, moins d'un mois après avoir reçu son homologue turc à Jérusalem, s'il doit effectivement dès la semaine prochaine succéder à Naftali Bennett à la tête du gouvernement. Il aurait été plus compliqué pour lui d'aller à Ankara en qualité de Premier ministre en exercice, et pas seulement pour des raisons de protocole. Les deux pays ont progressé dans leur normalisation, mais n'ont pas encore atteint le stade d'échange d'ambassadeurs. Et à Jérusalem, on n'est pas prêt à brûler les étapes.

C'est un long processus qui s'est mis en place entre les deux pays, car si la Turquie est pressée de revenir à la normale, Israël est nettement plus prudent. Depuis bientôt treize ans que les relatons se sont dégradées, il y a eu plusieurs tentatives de réconciliation, mais qui ont été compromises par des revirements aussi nombreux de la part du président Erdogan, qui a pour habitude de brandir son hostilité à Israël chaque fois que cela peut détourner son opinion publique des crises intérieures. C'est la raison pour laquelle les deux capitales ont mis en place un mécanisme de gestion des conflits, de façon à anticiper sur des événements susceptibles de générer de nouvelles tensions diplomatiques. Ce qu'Israël a utilisé auprès de la Turquie au cours du printemps, quand les incidents sur le Mt du Temple pendant le mois de Ramadan risquaient de provoquer de nouvelles réactions hostiles d'Ankara.

Et il reste toujours la question épineuse du Hamas et de ses leaders en exil, toujours bienvenus sur le sol turc, en dépit des demandes répétées du gouvernement israélien de ne plus leur donner asile. Ce qui pourrait expliquer, en tout cas en partie, pourquoi le Hamas cherche maintenant à se rapprocher de la Syrie. Au début de la guerre civile syrienne, l'organisation palestinienne avait choisi le camp des rebelles sunnites contre celui du président Assad, ce qui lui avait valu de se faire expulser de Damas. Mais depuis que le dictateur syrien a repris le contrôle de la majorité de son territoire, grâce notamment à l'aide de l'Iran, le Hamas a besoin de son ancien allié pour garder une base arrière dans sa lutte contre Israël. Et encore plus, si la Turquie persiste dans sa décision de normaliser jusqu'au bout ses relations avec Israël.

Pascale Zonszain

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