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Un temps de chasse à l’homme, la chronique de Guy Konopnicki

France.

Un temps de chasse à l’homme, la chronique de Guy Konopnicki
(Crédit : DR)

Le Grand Inquisiteur est intervenu au lendemain de la formation du gouvernement. La fonction avait disparu, en 1944, lorsque furent interdits les organes de presse spécialisés dans la délation, pour certains depuis les années 30. 

La disparition de la presse à scandale n’étant sans doute pas étrangère à la désaffection du public populaire, le vide laissé par Gringoire et Je suis partout fut comblé par Mediapart, qui n’a de cesse de traquer les écarts des hommes politiques et autres personnalités publiques.

Le patron de Mediapart est très attaché à la morale. Tout jeune journaliste, sous le pseudonyme de Joseph Krasny, il se distingua en saluant les assassins des athlètes israéliens aux Jeux Olympiques de Munich. Reprenant le nom d’Edwy Plenel, il embrassa une cause philosophique, celle du prédicateur des Frères Musulmans, Tariq Ramandan, avec lequel il signa un ouvrage retentissant, en discutant toutefois quelques points de doctrine, comme la légitimité des châtiments imposés aux femmes.

Magnanime, Edwy Plenel, a respecté la présomption d’innocence de Tariq Ramandan, mis en examen pour une douzaine de viols.

Cependant, selon les principes de la Grande Inquisition médiatique, la présomption d’innocence ne saurait s’appliquer aux hommes politiques. Médiapart a donc chargé Damien Abad dès sa nomination dans le gouvernement d’Elisabeth Borne.

Lourdement handicapé par une maladie génétique, l’arthrogrypose, Damien Abad a été visé par deux plaintes, dont la première est classée sans suite. Selon les plaignantes, cet homme qui se tient péniblement sur ses jambes et ne peut se servir que d’un seul bras aurait par deux fois traîné une femme jusqu’à sa chambre pour lui faire subir des violences sexuelles.

S’il y a une instruction judiciaire, il faudra vérifier la possibilité de l’acte, avec au besoin une reconstitution.

En attendant, Damien Abad est présumé innocent. Ou du moins, il devrait l’être. Malheur aux transfuges. Damien Abad était président du groupe LR à Assemblée Nationale, il a démissionné de ce poste pour intégrer le gouvernement la majorité présidentielle. Il se trouve donc des députés LR pour révéler, en gardant l’anonymat, que tout le monde savait que Damien Abad avait un comportement inapproprié avec les femmes. Aucune, cependant, n’a saisi le service de l’Assemblée nationale chargé de la lutte contre les violences sexistes.

Un observatoire autoproclamé des violences contre les femmes clame sur toutes les antennes qu’il avait informé l’ancien et le nouveau parti de Damien Abad. Cet observatoire fondé par une élue EELV de la mairie de Paris, est certainement d’une totale impartialité quand il s’agit d’un homme de droite rallié à Emmanuel Macron.

Tout comme Olivier Faure, premier secrétaire du PS qui estime que l’on doit écouter les plaignantes et suspendre l’activité politique d’un homme suspecté de violences contre les femmes, ce qui revient à instruire exclusivement à charge et à supprimer la présomption d’innocence.

Dans ce chœur d’indignation, Marine Le Pen occupe une place de choix, en appelant à écarter de la vie politique tout homme suspect de mal se comporter avec les femmes. Ce qui ferait sans doute des ravages au sein de son propre parti. Elle sait ce que sont les violences contre les femmes, Marine Le Pen, c’était le métier de son parrain, Henri Bottey, dit Monsieur Éric à Pigalle, condamné pour proxénétisme aggravé.

Dénoncé par le tribunal d’Inquisition Mediapart, Damien Abad est poursuivi par la meute.

La chasse à l’homme se substitue à la justice.

Pour la justice, Damien Abad est présumé innocent, tant qu’une investigation et un jugement n’établissent pas sa culpabilité, sur la base de preuves et de témoignages vérifiés.

S’il suffit d’un soupçon pour briser une carrière politique, si un homme doit démissionner pour se défendre, cela signifie que pour toute nomination, le président de la République doit tenir compte de l’avis des Inquisiteurs. Il se peut, malheureusement, que les choses se passent ainsi.

Les Inquisiteurs ont déjà quelques têtes à leur actif, des élus ont démissionné, parfois sans l’ombre d’une procédure ou même d’un délit.

N’importe quel groupe de pression peut provoquer la chute d’un homme.

Ou pire. Je n’oublie pas Pierre Bérégovoy, ce grand serviteur de la République.

Je ne sais si Damien Abad est innocent ou coupable. Je ne le connais pas.  Il a été jeté aux chiens et même s’il doit demain répondre devant la justice, ceux qui aboient avec la meute sont indignes. 

Guy Konopnicki

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