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L’un des trois accusés demande "pardon" à un rescapé et à la soeur du prêtre égorgé, la chronique de Michel Zerbib

France.

L’un des trois accusés demande "pardon" à un rescapé et à la soeur du prêtre égorgé, la chronique de Michel Zerbib
(Crédit : Twitter)

Rappelons que quatre hommes sont jugés, dont un grand absent, Rachid Kassim désigné comme l'instigateur de l'attentat, soupçonné d'avoir commandité cette attaque, présumé mort en Syrie. Parmi les parties civiles : Guy Coponet, le paroissien grièvement blessé le 26 juillet 2016, la famille du père Hamel notamment sa sœur Roseline,Hubert Wulfranc, le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray à l'époque et l'archevêque de Rouen Monseigneur Lebrun.

Aujourd'hui âgé de 92 ans, Guy Coponet a été le premier à témoigner jeudi matin. « Si vous voulez que je vous raconte cette matinée du 26 juillet, c’est bien frais » . Il poursuit "C’était le jour de mon anniversaire. Le père Hamel partait en vacances après, il était gai". Le témoin a été forcé de filmer l’assassinat : "Le père Hamel s’est mis à vomir du sang et il n’a plus bougé ce pauvre prêtre, c’était terminé pour lui. C’est affreux".

Guy Coponet a lui-même pris des coups de couteau dans le dos, au bras et à la gorge. Il a fait le mort et a attendu : "Cela a été long, je finissais ma prière à Marie quand quelqu’un est arrivé". Et le catholique d'entamer un "Je vous salue Marie" dans la salle d’audience. Une première dans un tribunal . A la hauteur de ce crime contre un homme de Dieu. Pour Guy Coponet, il y avait "un meneur qui disait ce qu’il fallait faire", en l'occurrence Abdel Malik Petitjean.

L'un des accusés  va prendre la parole pour demander pardon une première fois : "Je vous demande pardon pour mon cousin". C’est l’un des moments forts de cette audience Farid Khelil, l'un des accusés, a demandé à prendre la parole ce jeudi à la mi-journée. Jugé pour "association de malfaiteurs terroriste" et cousin du terroriste Abdel-Malik Petitjean, il va déclarer  : "Vous m’avez bouleversé, M. Coponet. Depuis 5 ans et demi, tous les matins, c’est à vous et au père Hamel que je pense. Je vous demande pardon pour mon cousin entré dans l’église". Guy Coponet a jugé la démarche de l’accusé "formidable". Alors naïveté ou foi sublime ?

Toujours est il qu’il dit "penser" aux tueurs "tous les matins" car la zone autour de sa gorge où il a été touché est devenue insensible depuis l’attentat. Le président lui a demandé ce qu’il attendait de l’audience : "Que ceux qui ont donné des ordres demandent pardon. Ce serait merveilleux". "Dieu seul le sait… Et encore c’est pas sûr !" Le président le remercie pour "ses propos d’une grande sagesse".

Le président de la République de l’époque François Hollande a appelé plusieurs fois Guy Coponet. Il a fait rire la salle en racontant : "Je lui ai remonté le moral ! J’aime mieux être à ma place qu’à la sienne". Et redit son incompréhension : "C’est l’amour qui guide le monde !".

Guy Coponet a répondu aux questions de l’avocate générale : "Chrétiens ou musulmans, on croit en Dieu mais bon sang, c’est le même amour ! Pourquoi des gens acceptent de faire n’importe quoi au nom de Dieu ?"

Des sanglots dans la voix, Roseline Hamel  a assuré que "cette déchirure reste permanente" avant de se tourner vers les accusés et de leur lancer : "Messieurs, vous n’aurez pas ma haine. Même avec ma grande souffrance". Et de préciser : "La souffrance est tellement immense qu’il n’y a pas de place pour la haine".

L’accusé Farid Khelil a demandé une nouvelle fois la parole pour s’adresser cette fois à Roseline Hamel : "Jamais je n’aurais imaginé que mon cousin puisse attaquer votre frère. Vous avez dit ‘vous n’aurez pas ma haine’, sachez que vous avez tout mon amour". Et de poursuivre : "J’espère qu’un jour vous pardonnerez ma négligence. Ma négligence criminelle." Roseline Hamel lui a répondu qu’elle a un doute sur sa sincérité mais elle a ajouté : "Ce que vous dites me fait beaucoup de bien".

Le maire de Saint-Étienne-du-Rouvray Hubert Wulfranc a commencé son témoignage en déclarant que le nom d’Adel Kermiche était identifié comme radicalisé et fiché S mais qu’on ne lui a demandé aucune initiative particulière à son encontre. Et de préciser : "Nous aurions sans doute dû disposer d’une information plus précise sur le risque que présentait ce jeune homme. Mais en aurait-on disposé, qu’elles auraient été nos facultés ?" Hubert Wulfranc a dit n’avoir eu aucune information sur une éventuelle tendance salafiste à la mosquée : "À aucun moment, même après l’attentat, cela n’a été confirmé ".

Dernier témoin en fin d’après-midi l'archevêque de Rouen. Monseigneur Lebrun est partie civile dans ce procès : "On peut avoir des théories sur la pauvreté, l’injustice, la perte de sens mais comment Dieu peut demander de tuer en son nom ?".

François Hollande a reçu le soir-même l’archevêque de Rouen à l’Elysée. Le président lui a demandé d’avoir des paroles responsables. "Cela veut dire quoi ?", s'est interrogé Mgr Lebrun à la barre : "Je ne vais pas demander aux catholiques de prendre un couteau." Pour beaucoup dans la salle d’audience c’est "ni oubli ni pardon".

https://youtu.be/embVdZB8mDE

Michel Zerbib

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