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L'onde de choc ukrainienne au Moyen Orient

International.

L'onde de choc ukrainienne au Moyen Orient
(Crédit : ministère russe de la Défense)

Depuis une vingtaine d'années, le monde ne connaissait plus que des conflits asymétriques. Plus de confrontation militaire directe entre deux pays, mais des affrontements locaux qui opposent des armées régulières à des milices ou des groupes séparatistes ou terroristes. C'est le type de guerre auquel est confronté Israël depuis la dernière guerre conventionnelle qui l'a opposé à la Syrie et à l'Egypte en 1973. Ce sont les conflits qui secouent le Moyen Orient et d'autres régions du monde depuis le début du XXIe siècle. Ce qui se passe entre la Russie et l'Ukraine, ou plutôt entre l'Occident – Etats-Unis en tête – et la Russie, ramène le monde aux conflits du siècle précédent et même à la guerre Froide d'avant la chute du bloc soviétique.

Sauf que le monde n'est plus bipolaire et que les camps ne sont plus délimités comme ils l'étaient jusqu'à la fin des années 80. Israël et la Russie ont rétabli leurs relations diplomatiques depuis 1991 et ces relations ont prospéré depuis. Pour Israël, cela veut dire prendre en compte ses propres intérêts sécuritaires et ses alliances stratégiques, qui ne vont pas toujours dans le même sens. Israël, on le sait, est d'abord lié aux Etats-Unis, dont il continue à recevoir l'aide militaire. Le rapprochement avec les pays sunnites du Golfe, la normalisation avec le Maroc et le réchauffement des relations avec l'Egypte et la Jordanie, servent les intérêts d'Israël pour sa stabilisation régionale et élargissent un front face à l'ennemi commun qu'est l'Iran. Mais Israël ne peut plus s'appuyer seulement sur les Etats-Unis, quand la Russie a repris pied en Méditerranée orientale depuis qu'elle a établi une présence militaire en Syrie à la demande de Bashar al Assad. Tsahal continue ses frappes en Syrie contre des objectifs iraniens, au prix d'un dispositif de communication directe avec l'armée russe sur place. Mais la Russie se montre de moins en moins compréhensive et prend même part aux opérations de défense aérienne de l'armée syrienne contre l'aviation israélienne. Elle n'hésite plus à utiliser son système de brouillage GPS quand les chasseurs de Tsahal visent des cibles en Syrie. Ce qui explique d'ailleurs que les frappes de mercredi soir aient été des tirs de missiles sol-sol lancés depuis le Plateau du Golan.

Israël doit donc se montrer extrêmement prudent et maintenir des bonnes relations avec Washington comme avec Moscou. Car sa priorité stratégique est et reste l'Iran, qui a tout à gagner de l'opposition entre les deux puissances. A Vienne, où se négocie l'avenir de son programme d'armement nucléaire,  l'Iran pourrait bénéficier d'un soutien de la Russie, tandis que les Etats-Unis pourraient lui accorder de nouvelles concessions pour se recentrer sur ses autres priorités stratégiques. Et un nouvel accord bradé serait une très mauvaise nouvelle pour Israël.

Quelle que soit l'issue du bras de fer qui se joue en ce moment en Ukraine, c'est l'équilibre stratégique mondial qui va se retrouver une nouvelle fois bouleversé, avec des implications pour Israël et le Moyen Orient. Pour l'instant Washington ne demande pas à Jérusalem de choisir son camp. Et les dirigeants israéliens s'en tiennent à la seule option viable : rester neutres et faire profil bas.

Pascale Zonszain

pzoom180222

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