Yann Moix sur Radio J : "Je n'ai jamais offensé quiconque dans la communauté juive"

L'écrivain français, Yann Moix, était l'invité de Cyrielle Sarah Cohen lundi après-midi sur Radio J dans l'émission "Le 15h-16h30 avec Cyrielle Sarah Cohen", pour le premier numéro de la revue "Année zéro" sur André Gide qui sortira le 27 janvier aux éditions Bouquins. L'ancien chroniqueur dans l'émission "On n'est pas couché" sur France 2 est revenu sur les publications (dessins et écrits) antisémites - dont il avait été l'auteur dans sa jeunesse - révélées en septembre 2019 et a déclaré : "Par paresse intellectuelle, je me suis dépêché de demander pardon. Je n’aurai pas dû le faire parce que je n’ai jamais offensé quiconque dans la communauté juive (...) Jamais mon intention n’avait été d’insulter la communauté juive." 

"Pendant 30 ans, je me suis battu contre l’antisémitisme, contre le racisme, contre les révisionnistes, contre les conspirationnistes,... et la société médiatique plutôt que de me féliciter de ce parcours, voyant d’où j’étais venu, a voulu me remettre 30 ans en arrière", a ajouté le réalisateur dans la première partie de l'émission "l'interview de Cyrielle Sarah Cohen" sur Radio J. "Les médias m’ont fait payer trois ans d’On n’est pas couché et notamment mon soutien irréductible à l’Etat d'Israël. Même Alain Finkielkraut m’a reproché ce soutien inconditionnel. Je ne veux pas de votre pardon parce que je considère que je n’ai offensé personne dans la communauté. Je ne supporte plus de continuer médiatiquement à faire le guignol en demandant pardon à une communauté 'que j’ai pu offenser' mais sans l’avoir voulu une fraction de seconde."

"Le fait d’avoir dessiné ça en dit long sur ce que j’avais dans le crâne, c’est à dire des envies sans doute de me supprimer à l’époque. C’est un suicide. C’est un suicide par le dessin. On retourne le haine qu’on a soi même envers les autres pour qu’en fait ils vous abattent parce que vous n’êtes pas capable de le faire vous même. On a toujours essayé de m'abattre."

"Ma nature profonde m’a toujours rapproché extrêmement du judaïsme. Ce qui m'intéresse c’est les textes, la manière de raisonner a indiqué Yann Moix. Le Talmud m’impressionne beaucoup parce que c’est une façon non cartésienne d'avoir un rapport au réel et c’est une manière de raisonner qui me ressemble. Je me suis retrouvé dans le Talmud que j’ai un peu étudié. Ce que j’aime dans la pensée juive c’est que c’est une pensée qui ne peut jamais être solitaire. C’est une pensée dialogique. Il faut être deux pour penser."

Avant d'ajouter : "Et je pense que c’est là un vaccin contre toutes les formes de dogmatisme et d’extrémisme et sans doute de terrorisme. Il y a également dans la pensée juive quelque chose qui me touche beaucoup c’est la transmission. Préférer la mémoire à l’Histoire et c’est aussi une philosophie morale de l’éthique. C’est une philosophie qui part du principe qu’on n’est pas seuls sur terre, que les autres dont partie de soi et que soi doit être un don qu’on fait aux autres. Je n’ai pas besoin de me transformer en juif pour continuer à lire la pensée juive. Je ne cherche dans l’écriture juive et la pensée juive que des questions et surtout pas de réponses."

"Il y a quelque chose de marrane chez moi"

Dans la partie "portrait psychologique" de l'émission, Yann Moix s'est exprimé sur ses origines juives. Est-il juif ? "Il y a quelque chose de marrane chez moi. Il parait que ma famille descendrait des marranes. C’est vrai que parfois j’ai fantasmé des racines juives. Est-ce que je les ai ou pas ? Je n’en sais rien."

"Je ne suis pas philosémite. Je déteste les philosémites. Parce qu’il y a quelque chose qui est symétrique de l’antisémitisme. Je me définis comme quelqu’un qui se sent juif intellectuellement, une judéité par le cerveau parce que je considère que les juifs sont plus intelligents que les autres", a souligné l'écrivain.

Gabriel Attal