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La naissance d’Israël

Israël.

La naissance d’Israël
(Crédit: DR)

La proclamation de l'État d’Israël, le 14 mai 1948, par David Ben Gourion, est le fruit de plusieurs décennies d'émigration de centaines de milliers de Juifs en Palestine, la terre Promise. La plupart ont fui les persécutions en Europe de l'Est avant que les rescapés de la Shoah y trouvent un refuge, bien qu'ils aient été mal accueillis, par les Arabes mais aussi par les Britanniques.

A Tel Aviv, dans la galerie principale du musée, ornée de drapeaux bleus et blancs. Il est 16 heures, et David Ben Gourion, 61 ans, alors Président du Conseil national juif, prend la parole lors d'une courte cérémonie de 32 minutes, entouré des membres du conseil national sioniste. Sous un portrait de Theodor Herzl, le père du sionisme, Ben Gourion lit un texte, dans lequel il annonce la création de l'Etat d'Israël : "Nous sommes solennellement réunis, nous, les membres de l'assemblée du peuple, représentants des juifs de Palestine et du mouvement sioniste, en ce jour de la cessation du mandat britannique. En vertu de nos droits naturels et historiques et de la résolution des Nations unies, nous proclamons la création d'un Etat juif sur la terre d'Israël". C’est huit heures avant la fin officielle du mandat britannique sur la Palestine, que David Ben Gourion a pris la parole, afin de respecter l’entrée du Shabbat.      

Texte accueilli avec joie dans un premier temps

Quelques jours après la signature du texte, David Ben Gourion, qui devient premier ministre du nouvel Etat, affirme, en français, que "la résurrection d'Israël est le fruit de l'héritage du prophète et de l'espoir de notre peuple pendant des milliers d'années, ainsi que du réveil de la conscience humaine, à la suite de la destruction du judaïsme d'Europe par les nazis".

Ce discours est retransmis partout à la radio et accueilli dans une liesse populaire, avec joie et émotion. Une euphorie hélas de très courte durée. Néanmoins si les premières bases politiques ont été posées lors du premier congrès mondial sioniste à Bâle en 1897, sous la direction de Theodor Herzl, le véritable point de départ à la création d'un Etat Juif remonte au 2 novembre 1917 et la déclaration Balfour.

Origines du texte et soutien britannique

Arthur Balfour écrit et annonce dans une lettre "l’établissement en Palestine d’un Foyer national pour le peuple juif ", au moment où le Royaume-Uni venait de prendre le contrôle de la Palestine. C’est la première fois que les Juifs bénéficient de la garantie d’un Etat. La Palestine compte alors plus de 80 000 juifs qui ont fui au cours des années précédentes les pogroms en Europe centrale.

Plusieurs raisons expliquent ce soutien britannique à la création d'un Etat juif durant la première guerre mondiale. Obtenir le soutien de la communauté juive britannique et d'Amérique du Nord alors que les Etats-Unis entrent en guerre permet d’être proche du canal de Suez, ce  qui représente une importance considérable.

La déclaration Balfour est validée en 1922 par la Société des Nations, l'ancêtre de l'ONU, qui a été créée deux ans plus tôt. La SDN donne au Royaume-Uni un mandat sur la Palestine qui donc l'administre.

Grands conflits entre Arabes et Juifs

Les Britanniques s'engagent aussi auprès des Arabes à leur donner un État indépendant, ce qui pose problème. Dès lors, les révoltes arabes se succèdent, contre les Britanniques mais aussi contre les Juifs qui sont de plus en plus nombreux à émigrer en Terre promise, passant de 83 000 à 174 000 entre 1922 et 1931, et plus particulièrement après la Seconde Guerre mondiale. Plus de 600 000 Juifs vivent en Palestine après 1945, soit 33% de la population.

Après avoir connu les horreurs de la Shoah, les Juifs subissent la haine des Arabes. La violence déferle. Il s’agit d’une guerre civile et le Royaume-Uni est dépassé par la situation. Il est ruiné et ce mandat en Palestine, en plus d'être dangereux, lui coûte cher.

En 1947, le Royaume-Uni porte la question palestinienne aux Nations-Unies. Une commission spéciale est créée à laquelle participent les organisations juives mais les dirigeants palestiniens de la Commission suprême arabe, ne sont pas présents.

Fin du mandat britannique

L'enquête dure trois mois et ne se déroule pas qu'en Palestine mais aussi au Liban, en Syrie, et en Transjordanie (la Jordanie actuelle), et dans les camps de déplacés en Allemagne et en Autriche. Pendant cette période, les Britanniques veulent freiner l'émigration juive en Palestine, quitte à manquer d'humanité. En juillet 1947, l'Exodus se poursuit au large des côtes palestiniennes avec 4 500 rescapés de la Shoah à bord. Cependant les Britanniques encerclent le bateau et le renvoient de force en France puis en Allemagne. Malheureusement en voulant donner des gages aux Arabes de Palestine, les britanniques s'attirent les foudres de la communauté internationale et des Nations-Unies.

Le 29 novembre 1947, l’ONU met fin au mandat britannique en Palestine et se prononce en faveur de la création d’un Etat juif et d’un Etat palestinien. Jérusalem reste sous contrôle international. La résolution 181 est largement adoptée, par 33 voix dont les Etats-Unis, l'URSS et la France contre 13 (principalement des pays arabes) et 10 abstentions, majoritairement des nations sud-américaines. La voie est donc ouverte à la création de l'Etat d'Israël.

À l'approche de la fin du mandat britannique, le Conseil général sioniste établit un Conseil national de 37 membres, présidé par David Ben Gourion qui choisit le nom d'Israël pour nommer le nouvel Etat dont la date de proclamation officielle est donc fixée au 14 mai 1948. Les Etats-Unis du président Truman, au bout de 10 minutes, et l'URSS de Staline, trois jours plus tard, sont les premiers qui reconnaissent l'existence d'Israël.

Déclaration de guerre 

Dès le lendemain de cette proclamation, les pays arabes voisins, soutenus par la Ligue arabe, déclarent immédiatement la guerre à Israël.Le tout nouvel État affronte les armées de Transjordanie, d’Égypte, de Syrie et d’ Irak et l'Armée de libération arabe mise sur pied par la Ligue arabe. Le conflit va durer neuf mois. Israël gagne ce qu’on appelle aujourd’hui la Guerre d’indépendance, mais en paie le prix fort : 1% de la population totale perd la vie durant le conflit. 800 000 Juifs sont expulsés des pays arabes et trouvent refuge en Israël où ils tentent de se construire une nouvelle vie. Israël devient membre des Nations Unies le 11 mai 1949, près d'un an après sa création mais les reconnaissances internationales tardent à venir.

Reconnaissance tardive d’Israël

La France, par exemple, ne reconnaît Israël que le 24 janvier 1949, soit presque 9 mois après sa création. Pourtant elle avait accueilli l'Exodus quelques mois plus tôt. Ben Gourion avait même été à Paris, faisant de la capitale française la plaque tournante de l’immigration juive en Palestine. La raison de cette reconnaissance tardive est liée au fait qu’à cette période, la France est une puissance méditerranéenne avec l’Algérie et les protectorats du Maroc et de Tunisie. La France compte alors 25 millions de musulmans. Pour préserver ses intérêts coloniaux et éviter un embrasement dans les départements français, la France tarde donc à reconnaître le nouvel État juif.

En décembre 2020, 164 des 192 États membres de l'ONU reconnaissent Israël, ce qui veut dire que 28 ne l'ont toujours pas reconnu. 15 sont membres de la Ligue arabe, 10 de l'organisation de la coopération islamique ainsi que Cuba, la Corée du Nord et le Venezuela. 

Christophe Dard

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