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Normalisation Israël-Maroc

Israël.

Normalisation Israël-Maroc
(Crédit: DR)

A chaque jour sa normalisation. Samedi soir, Israël annonçait l'établissement de relations diplomatiques avec le petit royaume asiatique du Bhoutan. Deux jours plus tôt, c'était avec celui du Maroc. Rien de commun entre les deux, si ce n'est un signe de bonne santé de la politique extérieure d'Israël. D'ailleurs, pour le Bhoutan, monarchie bouddhiste de l'Himalaya,  les diplomates israéliens n'ont eu besoin d'aucun intermédiaire et leur succès n'est pas à mettre au crédit de l'administration américaine.

En revanche, la normalisation avec le royaume chérifien est clairement l'œuvre de Donald Trump. Encore une fois, le président républicain a su faire au Maroc une offre qu'il ne pouvait pas refuser : reconnaitre sa souveraineté sur le Sahara occidental, en échange d'un rapprochement avec Israël. Après les Emirats arabes Unis et Bahreïn, à qui il a promis des contreparties économiques et Israël qu'il a convaincu d'abandonner son projet de souveraineté sur les implantations de Judée Samarie, après l'offre au Soudan de le retirer de la liste des Etats qui soutiennent le terrorisme, le président américain sortant, a trouvé l'argument qui a permis la transaction. Une diplomatie du troc stratégique, où chaque camp doit trouver son compte.

Cela dit, pour Israël, la normalisation avec le Maroc était inscrite dans une certaine continuité historique. D'abord parce qu'une partie de sa population est d'origine marocaine. Plus de 250.000 Juifs ont immigré du Maroc vers Israël entre l'indépendance et les années 70. Ceux que l'on appelle improprement les Orientaux, les Mizrahim, pour désigner tous les Juifs originaires des pays arabes et musulmans, sont donc en grande partie des Marocains, qui ont gardé vivantes leurs traditions et la fierté de leur origine. Et l'identité marocaine a fini par s'imposer comme une des composantes de l'identité israélienne, quand les premiers dirigeants de l'Etat avaient plutôt cherché à la diluer, pour créer le nouvel Israélien, qui n'aurait plus aucun lien avec son passé de diaspora. Et ces Israéliens d'origine marocaine sont aujourd'hui ceux qui sont de plus en plus nombreux à se rendre au Maroc, en tout cas jusqu'à l'éruption de l'épidémie.

De son côté, le Maroc tient à mettre en avant son lien avec les Juifs qui font partie de sa diaspora, et en particulier la plus importante communauté hors du Maroc, celle d'Israël. Il s'agit d'abord d'une forme de fierté nationale, qui transcende les divisions politiques. On peut être hostile à Israël, notamment dans le cadre du conflit palestinien, mais on saluera l'accession d'un Juif marocain à la tête de Tsahal, comme ce fut le cas en 2015, du général Gadi Eisenkot. Et puis le Maroc, depuis 2011 a inscrit dans sa constitution "l'affluent hébraïque" qui fait partie de son identité nationale. Sans compter l'enseignement de la culture juive, qui figurera désormais au programme scolaire marocain. Pour le roi Mohammed VI, le lien avec la communauté israélienne d'origine marocaine est d'autant plus vital, que la communauté juive locale ne compte plus que quelques milliers d'âmes.

C'est donc aussi sur ce lien humain particulier que compte Israël, pour normaliser ses relations avec le Maroc, au-delà des seules déclarations officielles. Chaque normalisation a un aspect spécifique, économique, ou stratégique. Celle qui s'instaure avec le Maroc et qui s'est construite sur des décennies de relations officieuses, aura aussi une dimension culturelle.

Pascale Zonszain

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