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Pourquoi la grogne des ultra-orthodoxes ?

Israël.

Pourquoi la grogne des ultra-orthodoxes ?
(Crédit : DR)

Le public ultra-orthodoxe en Israël est au bord de la crise de nerfs. Les élus locaux défient directement le gouvernement, des mouvements locaux d'appel à la désobéissance se forment sur les réseaux sociaux, en particulier sur WhatsApp, et ça c'est nouveau. Quant aux députés et ministres des partis orthodoxes de la coalition, ils sont à la traîne et tentent de suivre le mouvement pour contenir les menaces de contestation et la défiance de leur électorat.

Cette fois, les harédim ne veulent plus se laisser accuser d'être les responsables de l'épidémie, et surtout ne veulent pas être les seuls à en payer le prix. Ils estiment aujourd'hui qu'ils ont joué le jeu sans être payés en retour. Ceux dont on parle, ce ne sont pas les quelques milliers de fidèles de telle ou telle communauté radicale, mais plutôt la majorité silencieuse, les ménages de la petite et moyenne bourgeoisie ultra-orthodoxe, dont pour une partie, les deux conjoints travaillent, parfois même en dehors de la communauté. Ces harédim modernes, on en trouve par exemple à Bnei Brak, première ville orthodoxe d'Israël, mais aussi proche banlieue de Tel Aviv. A Bnei Brak, on ne vit pas en vase clos, et on ne comprend pas pourquoi, une fois encore, la population devrait être confinée, quand de l'autre côté de la rue, les habitants des communes voisines continueraient à vivre normalement. Et pourquoi s'être soumis aux tests de dépistage si c'est pour s'entendre dire que l'on est un foyer d'infection et une ville rouge, quand les voisins restent en vert seulement parce qu'ils ont fait moins de tests.

Mais il y a aussi l'organisation politique du monde ultrareligieux. Ce sont les rabbins des différents courants qui dictent la voie à suivre aux membres de leur communauté, notamment par l'intermédiaire des yeshivot, dont les étudiants sont les premiers relais. Quant au financement de ces collèges d'études talmudiques, comme l'ensemble des structures d'enseignement du monde harédi, il dépend en grande partie de financement public, que sont chargés d'obtenir les élus des partis orthodoxes à la Knesset. Elus dont la politique est fixée par un aréopage de rabbins, d'érudits et d'autres membres influents du monde orthodoxe, qui tirent leur autorité de la diffusion de leur enseignement. C'est donc un maillage très serré, dont chaque chaînon dépend de l'autre. Les partis orthodoxes ont presque toujours veillé à faire partie des coalitions au pouvoir, pour les raisons que l'on vient de voir. Ils en sont aussi parfois le composant qui permet d'assurer la majorité, ce qui leur donne évidemment un pouvoir ou au moins une influence importante sur le chef de l'exécutif.

Ce à quoi on assiste en ce moment, c'est à une crise de confiance dans le milieu ultra-orthodoxe. Les élus locaux se sentent discriminés par rapport au reste du pays, les députés ne sont pas assez réactifs et la population n'est plus tout à fait sure du message à suivre et fait pression à son tour sur le gouvernement. Un déséquilibre qu'il faut impérativement stabiliser avant qu'il bascule pour de bon. Car le phénomène pourrait se propager lui aussi, comme le virus.

Pascale Zonszain

pzoom070920

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