Les mots qui fâchent

Israël.

Les mots qui fâchent
(Crédit: Twitter)

Tout est parti d'un message posté sur Twitter par le ministre israélien de la Sureté. Omer Bar-Lev y évoquait l'entretien qu'il a eu avec la sous-Secrétaire d'Etat américaine à propos de la situation en Judée-Samarie et que Victoria Nuland s'était intéressée à "la violence des colons et aux moyens de réduire la tension dans la région".

C'est d'abord le choix des termes qui a fait bondir certains membres de la majorité. "Colons" est peut-être la traduction, sinon la plus littérale, du moins la plus proche politiquement du terme "mitnah'alim" employé par Omer Bar-Lev. En hébreu, il y a deux façons de désigner les Israéliens des territoires, et les deux ont une connotation idéologique. "Mitnah'alim" est le mot employé par ceux qui sont opposés à la présence israélienne en Judée Samarie et "Mityashvim" est le mot utilisé par ceux qui soutiennent le peuplement juif dans les territoires. Les deux signifiant à peu près la même chose : "ceux qui s'installent". Donc un mot pour la gauche et un mot pour la droite. Sauf que, paradoxalement, celui utilisé par la gauche, aurait plutôt une référence biblique, alors que celui de la droite serait plus laïc. Mais ce serait trop long à expliquer.

Quant au terme de "violence" associé aux Israéliens des territoires, il est clair. Seulement là, c'est la désignation du phénomène qui fait polémique. Peut-on la mettre en parallèle avec celle des Palestiniens ? Ayelet Shaked, la ministre de l'Intérieur et numéro 2 du parti de Naftali Bennett, pense que non. Elle a accusé son collègue d'inverser les rôles et affirmé que la violence était à mettre au compte des Palestiniens. "Les Israéliens de Judée Samarie sont les nouveaux pionniers. Ce sont eux qui sont visés tous les jours par des jets de pierres et de bouteilles incendiaires. C'est de cette violence-là qu'il aurait fallu parler" a déclaré Ayelet Shaked. Même ton chez son collègue Matan Kahana, lui aussi du parti Yamina, qui a accusé le ministre travailliste d'avoir adopté un "narratif mensonger".

La violence à laquelle faisait allusion Omer Bar-Lev, ce sont les incidents de ces derniers mois qui ont impliqué des Israéliens, pour la plupart des jeunes ultranationalistes, ceux que l'on surnomme les "jeunes des collines" et qui provoquent des Palestiniens dans les oliveraies voire jettent des pierres ou incendient des voitures dans des expéditions punitives. Ces incidents concernent une minorité marginalisée, émanant souvent de mineurs en décrochage scolaire, qui vivent seuls dans des points de peuplement sauvages. Ce n'est pas un phénomène nouveau, même s'il est vrai que ces incidents sont en hausse. La police israélienne de Judée Samarie est souvent dépassée, quant aux soldats de Tsahal, ils n'ont pas de consignes précises pour ce type de violence. Le mois dernier, le ministre de la Défense Benny Gantz avait convoqué les principaux responsables des forces de sécurité, estimant qu'il fallait agir avant que quelqu'un soit tué. "En termes de morale et de sécurité, c'est un phénomène grave qui peut aussi avoir des répercussions diplomatiques", avait averti le ministre de la Défense, qui a depuis ordonné aux soldats de Tsahal d'intervenir, s'ils étaient témoins d'incidents.

La tension en Judée Samarie est incontestable, et les violences émanant d'Israéliens sont réelles, même si elles sont minoritaires. Le problème doit effectivement être traité. Pour la sécurité de tous. Car on ne peut jamais prédire quel événement peut dégénérer et mettre le feu aux poudres.

Pascale Zonszain

pzoom151221

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