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Assassinat de Samuel Paty: le procès des six ados qui ont aidé au crime terrible s'ouvre à Paris

France.

Assassinat de Samuel Paty: le procès des six ados qui ont aidé au crime terrible s'ouvre à Paris
Le professeur de géographie, Samuel Paty, assassiné - DR

Six élèves du collège où enseignait le professeur assassiné comparaissent à partir de ce lundi devant le tribunal pour enfants. L’attentat islamiste ayant coûté la vie à Samuel Paty, le 16 octobre 2020, donnera lieu à deux procès. L’un jugera du 12 novembre au 20 décembre 2024, une cour d’assises spéciale juger huit personnes majeures pour leur implication présumée dans ce crime. L’autre, qui s’ouvre ce lundi et se tiendra jusqu’au 8 décembre prochain devant le tribunal pour enfants, concerne six élèves du collège du Bois-d’Aulne, où enseignait le professeur décapité par le terroriste islamiste Abdoullakh Anzorov.

Une jeune fille, âgée de 13 ans au moment des faits, sera jugée pour dénonciation calomnieuse à l’encontre de Samuel Paty et encourt 30 mois d’emprisonnement

Elle est la fille de l’islamiste qui, sur la foi de la fausse déclaration de son enfant, a pris à partie le professeur sur internet en diffusant une vidéo donnant son nom et l’adresse de l’établissement où il enseignait. Cinq autres mineurs, des collégiens âgés au moment des faits de 14 ans pour quatre d’entre eux et d’à peine 15 ans pour le cinquième, encourent également 30 mois d’emprisonnement. Ils seront jugés pour association de malfaiteurs en vue de préparer un délit puni d’au moins 5 ans d’emprisonnement, à savoir des violences aggravées par trois circonstances (sur un enseignant, avec préméditation ou guet-apens et lors des entrées et sorties des élèves aux abords d’un établissement scolaire). Ils sont accusés  d’avoir, contre de l’argent, surveillé des heures durant les abords du collège, aidé le terroriste à se dissimuler, notamment de la police municipale, décrit l’aspect physique et les vêtements de Samuel Paty. Et enfin d’avoir désigné le professeur à Anzorov. À noter que sur les six adolescents, cinq sont de culture arabo-musulmane. Ce procès de mineurs aura lieu à huis clos et la date du délibéré sera fixée à l’issue des débats.

Un mensonge pur et simple

Le jugement de ces six adolescents permettra au tribunal pour enfants de replonger quinze jours durant dans ce qui fut la genèse et la conclusion d’un des plus terribles dossiers islamistes de ces dernières années. La genèse tout d’abord car rien n’aurait eu lieu sans le mensonge initial d’une collégienne de 13 ans. Le 8 octobre 2020, à 20h32, au commissariat de police de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), cette jeune fille, accompagnée de son père, dépose plainte contre son professeur d’histoire-géographie pour diffusion d’image pornographique à un mineur. Scolarisée en classe de quatrième, elle affirme que Samuel Paty a montré à sa classe une caricature de Charlie Hebdo, «l’image d’un homme nu, mat de peau, qu’il leur avait désigné comme étant le prophète», tout en demandant aux élèves de religion musulmane de s’identifier en levant la main avant de les prier de sortir «car ils allaient être choqués». La jeune fille aurait alors protesté. Mise à la porte par le professeur, elle aurait été ensuite renvoyée du collège pour deux jours. 

Ce récit n’est en fait qu’un mensonge pur et simple. La jeune fille n’a pas assisté au cours en question qui ne s’est pas déroulé comme elle l’a raconté. Si elle a bien été exclue pour deux jours, cela n’a rien à voir avec Samuel Paty. Mais en raison de son non-respect répété envers des adultes (enseignants et personnel administratif) et pour ses douze heures de retenue non effectuées… L’intéressée reconnaîtra lors de l’instruction qu’elle a menti pour dissimuler la réalité à ses parents. Mais son mensonge est à l’origine de la mobilisation de son père, Brahim Chnina, qui, appuyé par l’islamiste Abdelhakim Sefrioui, va se lancer, en pleine alerte rouge antiterroriste, dans une campagne haineuse contre «le voyou» Samuel Paty.

S’il est celui de l’engrenage fatal, ce procès sera aussi celui des dernières heures, des dernières minutes d’un professeur non seulement calomnié mais désigné à son assassin par ceux-là mêmes à qui il consacrait sa vie d’enseignant. Ce 16 octobre 2020, peu après 13h30, le terroriste Anzorov arrive, grâce aux coordonnées données par Brahim Chnina dans sa vidéo, aux abords du collège du Bois-d’Aulne. Il est armé et décidé à tuer. Mais il ne sait pas à quoi ressemble sa cible. Il faut qu’on la lui désigne et, pour ce faire, Anzorov a une idée. Vers 15h, il approche un premier collégien et lui propose 300 euros en contrepartie de la désignation du professeur. Impressionné par une somme qui lui paraît importante, le jeune se confie à un de ses copains. Il rameute ensuite quatre de ses amis, leur montre l’argent, leur précise qu’un «mec» veut qu’on lui désigne Samuel Paty.

Selon ses dires, Anzorov voudrait filmer le professeur s’excusant, l’humilier, le frapper aussi. Mais ils savaient que ce serait plus grave

Au cours de l’instruction, ce premier collégien contacté précisera pourtant qu’il s’était douté que ce «mec» ne donnerait pas «une telle somme» pour seulement humilier l’enseignant. Et ce d’autant plus qu’Anzorov lui avait confié sa «haine» et sa volonté de «vengeance» contre un «sale bâtard».C’est ce  petit groupe qui va livrer une description du professeur («une calvitie, pas très grand, jean bleu, chemise rouge bordeaux presque rose») mais indique aussi l’emplacement des caméras de vidéosurveillance et fait le guet. À 16h39, Anzorov à ses côtés et le haut-parleur de son téléphone enclenché, un des cinq collégiens appelle même la jeune menteuse pour qu’elle répète son histoire.

Quand, peu avant 17 heures, Samuel Paty sort du collège, les jeunes le désignent à son assassin. Le terroriste leur demande de s’éloigner et de le laisser seul. Et les adolescents peuvent enfin se partager la petite somme d’argent qui aura décidé du destin d’un enseignant de 47 ans massacré pour avoir seulement fait son travail.

Michl Zerbib

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