Bonjour Arié Bensemhoun, alors que l’incursion terrestre à Gaza se fait attendre suite aux massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre dernier, vous souhaitez évoquer cette semaine le jeu diplomatique du Président Macron au Moyen-Orient…
Bonjour. Une fois n’est pas coutume, Emmanuel Macron impose son tempo. Le chef d’Etat français aura attendu 17 jours pour se rendre en Israël. Cela a bien évidemment suscité des interrogations quant à ses ambitions diplomatiques.
Sa ferme condamnation des pogroms perpétrés par le Hamas était sincère et sans appel mais on peut se demander pourquoi il a choisi de se rendre juste après en Allemagne pour un séminaire intergouvernemental, puis en Albanie, alors que de nombreux chefs d’Etats européens se rendaient en Israël pour constater l’horreur et afficher leur solidarité.
Ses hésitations ont éveillé des inquiétudes, notamment au sein de la communauté juive, la plus importante d’Europe, profondément liée à Israël et qui subit de plein fouet l’explosion des actes antisémites. La haine des Juifs et le « retour de l’Histoire » ne constituaient-ils pas un cas de force majeur ? Le Président avait affirmé qu’il partirait quand il sentirait son « utilité », et cela alors qu’on dénombrait déjà des centaines de morts, des milliers de blessés et de nombreux otages parmi lesquels un grand nombre de français...
Par ailleurs, après avoir finalement consenti à se déplacer dans la région, il a choisi de se rendre à Jérusalem pour manifester sa solidarité et son soutien au peuple israélien, mais aussi à Ramallah, Aman et au Caire, pour parler de « la colonisation et de la création d’un État palestinien ». Des propos qui ont été perçus par les Israéliens comme inappropriés pour ne pas dire déplacés dans ce contexte !
Était-ce-bien le moment ? il y un temps pour tout, alors qu’Israël compte encore ses morts et n’a pas fini de les enterrer ?
Pensez-vous que son soutien à Israël est en demi-teinte ?
Non, son soutien est sincère, c’est un vrai ami d’Israël qui a été de surcroit profondément affecté par les massacres du Hamas et les otages. Mais je dirais que ce jeu d’équilibriste fait partie de son ADN. Il aime avoir cette posture de médiateur et pense pouvoir jouer l’arbitre dans la région.
Ce qu’Emmanuel Macron n’a peut-être pas saisi en allant voir Mahmoud Abbas, c’est qu’il ne s’agit pas là d’un énième épisode du conflit israélo-palestinien mais d’une volonté génocidaire contre les Juifs. Lorsque les terroristes du Hamas se sont infiltrés dans les Kibboutzim, ils n’ont pas crié « A bas Netanyahou et la politique de colonisation israélienne » mais « Allah ou akbar » ! Pourquoi alors aller rencontrer le chef de l’Autorité palestinienne, totalement démonétisé, qui n’a pas condamné ces attaques immondes et qui au contraire les encourage et les cautionne ?
Le Fatah et le Hamas sont les deux faces de la même médaille de pacotille, mais les Européens refusent de l’admettre, ce qui explique en partie cette pression mise sur Israël pour une « pause humanitaire » qui pourrait ouvrir la voie à un cessez le feu, qui priverait alors Israël de son droit à se défendre, de la pire agression qu’il ait eu à subir depuis sa création et qui rappelle aux Juifs la terreur de la période de la Shoah.
C’est évidemment hors de question.
Que pensez-vous de la coalition internationale qu’il a évoquée lors de la conférence de presse avec Benyamin Netanyahou ?
Cette proposition doit être prise très au sérieux, car Israël a été meurtri dans sa chaire et ces massacres sont un véritable traumatisme pour la population. Il est donc important que l’État hébreu puisse compter sur ses alliés autrement que par des déclarations, en dehors des États Unis. Par ailleurs, le fait de mettre sur le même plan la lutte contre le Hamas et celle contre Daech et Al Qaeda est extrêmement important car ces organisations terroristes ont les mêmes ambitions et le même agenda, celui des frères musulmans.
Pour conclure, je résumerais la démarche d’Emmanuel Macron à ce titre d’article paru dans Libération : il a tenté « le flou pour le tout » et c’est assez troublant pour les observateurs que nous sommes ou ceux qui attendent de lui qu’il n’ait pas la main qui tremble alors que nous entrons à nouveau dans une zone de très fortes turbulences que se soit à l’échelle internationale ou au plan national.
Arié Bensemhoun
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