La Première ministre, Elisabeth Borne a ouvert le débat à l’hémicycle, lundi à 15h, pour rappeler la position du gouvernement sur le conflit entre Israël et le Hamas. À la veille de la visite d'Emmanuel Macron à Tel-Aviv, le gouvernement est venu réaffirmer sa position d'équilibriste sur le Proche-Orient devant les députés, avec l'espoir qu'y prévale «l'esprit d'unité», mis à mal par une polémique autour du déplacement de Yaël Braun-Pivet en Israël. Ce débat sans vote, organisé au titre de l'article 50-1 de la Constitution, a démarré à 16h avec une déclaration de la Première ministre, Élisabeth Borne, suivie des prises de parole des orateurs des groupes et des présidents des commissions des Affaires étrangères et des Affaires européennes.
Borne affirme son soutien à Yaël Braun-Pivet «après les accusations ignobles» contre elle
Le Première ministre Elisabeth Borne a affirmé lundi son «soutien et celui de (son) gouvernement» à la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, après les accusations du chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon à son encontre. «Je voulais affirmer ici mon soutien et celui de mon gouvernement à la présidente de l'Assemblée nationale, après les accusations ignobles, proférées à son encontre», a dit Élisabeth Borne lors d'un débat sur le Proche-Orient à l'Assemblée.
La France appelle Israël à une «réponse juste» face au «terrorisme» du Hamas
Elisabeth Borne a appelé Israël à «ne pas tomber dans le piège du Hamas» et à fournir une «réponse juste» face au «terrorisme» après les attaques du 7 octobre, lors d'un débat à l'Assemblée nationale, ajoutant que la France était l'«amie» d'Israël et des Palestiniens. Elle a ensuite et demandé une «trêve humanitaire qui pourra mener à un cessez-le-feu», devant une Assemblée nationale électrisée par les positions de la France insoumise.
«Minimiser, justifier voire absoudre le terrorisme, c'est accepter qu'il frappe à nouveau demain, en Israël, en France ou partout ailleurs. Nous ne devons faire preuve d'aucune ambiguïté face à de tels crimes», a par ailleurs déclaré la première ministre, qui a rappelé que «le Hamas n’est pas le peuple palestinien».
Mathilde Panot demande un «cessez-le-feu» et dénonce une France «alignée» sur les Etats-Unis mais ne parle toujours pas de « terroristes » pour qualifier le Hamas
La présidente du groupe LFI à l'Assemblée, Mathilde Panot, a demandé au gouvernement de «peser de tout son poids» en faveur d'un «cessez-le-feu» au Proche-Orient, et dénoncé l'alignement de la France sur «les États-Unis et sur le gouvernement israélien va-t'en guerre d'extrême droite».
«“Cessez le feu”. Voilà les mots que vous vous refusez toujours à prononcer (...) La France doit peser de tout son poids pour permettre l'adoption d'une résolution exigeant un cessez-le-feu pour arrêter cette escalade meurtrière», a déclaré Mathilde Panot à l'occasion d'un débat à l'Assemblée sur le Proche-Orient.
«La France, autrefois voix de la paix à travers le monde, est entre vos mains devenue un État aligné. Aligné sur les États-Unis et sur le gouvernement israélien va-t’en guerre d'extrême droite», a poursuivi Mathilde Panot, dénonçant le «soutien inconditionnel» apporté à Israël après les massacres du 7 octobre.
L'oratrice de LR, Michèle Tabarot, a de son côté reproché au gouvernement de donner le sentiment d'être «hésitant», en votant aux Nations-Unies une «résolution qui ne rappelle même pas le droit d'Israël à se défendre»
Elle a souhaité que la France «suspend(e) les aides au développement» pour les Palestiniens «comme l'ont fait la Suède, le Danemark, l'Allemagne et l'Autriche». De son côté e président (MoDem) de la Commission des affaires étrangères pas très pro-israélien Jean-Louis Bourlanges a mis en garde contre le «risque d'une escalade incontrôlée pouvant conduire à un embrasement général» et contre un «anéantissement massif des populations civiles, utilisées par les uns comme des boucliers humains et par les autres comme l'exutoire d'une tentation de vengeance, pour reprendre l'expression préoccupante du Premier ministre israélien». Il a été applaudi par la gauche debout, mais vivement critiqué par le député LR Meyer Habib, proche de Benyamin Nétanyahou.
La veille, une polémique autour du déplacement de Yaël Braun-Pivet en Israël
Le débat prend place au lendemain d’un déplacement en Israël de la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet, en compagnie du patron de LR Éric Ciotti, au cours duquel elle a affirmé que le France soutenait «pleinement» Israël et que rien ne devait «empêcher» le pays «de se défendre» dans la guerre qui l'oppose au Hamas.
Melenchon indigne et flirte avec l’antisémitisme
«Pendant ce temps Madame Braun-Pivet campe à Tel Aviv pour encourager le massacre. Pas au nom du peuple français !», a vilipendé sur X (ex-Twitter) le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon. Une attaque condamnée à son tour par de nombreux élus, de la majorité, de LR, du RN et jusqu'au PS, où la députée Valérie Rabault a dénoncé des «accusations (...) abjectes».
Le débat est l'occasion pour le gouvernement de redire sa position, portée samedi au Caire par la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna, et qu'elle a ainsi résumée dans une interview à La Tribune Dimanche : «condamner le Hamas et son action terroriste, éviter l'embrasement dans la région et pour cela rappeler qu'il faut un horizon politique autour de la solution à deux États, rappeler que le droit international humanitaire doit être respecté, et bien sûr obtenir un accès humanitaire d'urgence pour les populations civiles à Gaza». «Face à la gravité de la situation», Mme Colonna veut «croire que l'esprit d'unité et le sens des responsabilités prévaudront au cours de ce débat».
Olivier Faure le socialiste déçoit même son camp
Un vœu pieux ? Au centre des critiques depuis les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre pour ne pas avoir qualifié de «terroriste» le Hamas, la France insoumise a dit son intention de «demander des comptes» à Yaël Braun-Pivet sur son déplacement en Israël lors de ce débat. Les patrons du PCF et du PS, Fabien Roussel et Olivier Faure, ont également critiqué ce voyage. Au-delà de Yaël Braun-Pivet, Olivier Faure s’en est pris à Emmanuel Macron, l’accusant de ne pas avoir tenu une «ligne de neutralité» face au siège de Gaza.
Michel Zerbib
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