À la demande du chef de l’État, Gérald Darmanin adresse une circulaire aux préfets les obligeant à passer au «peigne fin» les fichiers des personnes radicalisées. Face à la résurgence de la menace terroriste alimentée par la situation au Proche-Orient, Emmanuel Macron rappelle que la riposte de l’État doit être «impitoyable» avec ceux qui le défient, qui «portent la haine et des idéologies terroristes». L’Élysée a fait savoir à la presse, dimanche soir, que le président de la République charge Gérald Darmanin d’adresser une circulaire aux préfets, les obligeant à passer «au peigne fin» sous 48 heures le fichier des personnes radicalisées.
Une réponse directe à l’assassinat, vendredi, d’un professeur à Arras par un radicalisé islamiste, fiché S. Un attentat qui a amené le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, à réclamer la «démission immédiate» du ministre de l’Intérieur, au nom «des failles dans toute la chaîne de responsabilités».
«Chaque situation doit être réexaminée dans les détails», insiste l’Élysée
Dans tous les départements, le groupe d'évaluation départemental de la radicalisation islamiste (GED) mis en place depuis 2014, qui rassemble l’ensemble des responsables du renseignement, des différentes forces de sécurité et le procureur de la République, se réunira en début de semaine. L’effort se concentrera en particulier sur les étrangers radicalisés en attente d’expulsion.
800 expulsions décidées mais certaines pas réalisées, il faut rehausser le dispotif
L’exécutif revendique 800 expulsions depuis 2017 mais admet que certains individus ont échappé à cette procédure, faute d’un laissez-passer consulaire adressé par leur pays d’origine. l’Élysée n’a pas communiqué dimanche le nombre d’étrangers radicalisés connus en attente de ce titre indispensable pour un éloignement du territoire.
En cas de blocage, l’exécutif mise sur «l’engagement personnel» de Gérald Darmanin et Catherine Colonna, ministre des Affaires étrangères, pour convaincre leurs homologues d’accepter les demandes de l’Hexagone. «43 attentats ont été déjoués depuis 2017. Un travail très important a été fait. Les services sont très mobilisés. Compte tenu de la situation et de la tension depuis vendredi, nous rehaussons encore le dispositif».
Puisque son auteur, Mohammed Mogouchkov, est originaire du Caucase russe, Emmanuel Macron a chargé son ministre de l’Intérieur d’ouvrir «une réflexion» sur les jeunes hommes de 16 à 25 ans issus de cette région «où un islam très radical et violent s'est largement diffusé»
Et ce, trois ans jour pour jour après l’assassinat de Samuel Paty par un russe d'origine tchétchène. «Il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur toute une communauté», argue l’entourage du président qui veut prévenir la radicalisation au sein de celle-ci et travailler sur les valeurs de la République auprès de ses ressortissants.
L’offensive de riposte israélienne fait craindre une agitation les foyers islamistes
Ces deux «commandes» adressées à Beauvau s’accompagnent du déploiement de 7000 militaires de la force Sentinelle en ce début de semaine, au moment où l’imminence de l’opération militaire terrestre israélienne à Gaza inquiète l’exécutif. Au sein du gouvernement on s’attend à ce que les images de cette offensive attisent davantage les foyers islamistes.
Michel Zerbib
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