C’était la crainte des autorités et elle s’est vérifiée : les manifestations hostiles à Israël se sont multipliées jeudi dans le pays malgré les interdictions par risque de troubles à l’ordre public. À Paris, 3000 personnes se sont rassemblées, sous les cris de «Palestine vaincra», ou encore «Israël assassin, Macron complice» et «Sionistes, vous êtes des terroristes». Une dizaine d’interpellations ont eu lieu.
Paris, une mobilisation non négligeable mais interdite
Plus de 3000 personnes se sont rassemblées jeudi 12 octobre en début de soirée place de la République à Paris en soutien aux Palestiniens, malgré l'interdiction de cette manifestation, confirmée par la justice administrative. En raison de l’interdiction, et de plusieurs débordements, 24 verbalisations ont été dressées et 10 personnes ont été interpellées, selon un premier bilan à 20h30.
Dans le centre de Rennes, un rassemblement également interdit a réuni une cinquantaine de manifestants, selon une journaliste de l'AFP. À Bordeaux, ils étaient une centaine à répondre à l'appel du Collectif girondin pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, ont constaté des journalistes de l'AFP. Contrairement à celui organisé la veille dans la même ville, ce rassemblement n'était pas interdit par la préfecture.
Interdictions systématiques des « manifestations pro-palestiniennes » a ordonné Gérald Darmanin
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a ordonné l'interdiction systématique des «manifestations pro-palestiniennes, parce qu'elles sont susceptibles de générer des troubles à l'ordre public», après l'attaque perpétrée samedi par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, dans un télégramme adressé jeudi aux préfets. Le ministère a indiqué à l'AFP que «les organisateurs» de ces manifestations et «les fauteurs de troubles» seraient interpellés.
À Paris, plusieurs centaines de personnes se sont massées place de la République en scandant «Palestine vaincra», ou encore «Israël assassin, Macron complice», munis de drapeaux palestiniens. «Sionistes, sionistes, vous êtes des terroristes», entonnaient des manifestants. Le monument à la République, au centre de la place, a été tagué d'un «Free Palestine» en lettres capitales.
Essuyant des jets de projectiles, les forces de l'ordre ont fait usage d'un canon à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement, peu avant 19h30. Le préfet de police Laurent Nuñez avait interdit mardi ce rassemblement, prévoyant qu'il serait.
« Le théâtre d'attitudes, de propos et de gestes, principalement à caractère anti-juif, incitant à la haine raciale et faisant l'apologie des attaques terroristes perpétrées ces derniers jours au Moyen-Orient », a dit le préfet Laurent Nunez
Mais il va être saisi en urgence par plusieurs associations, le tribunal administratif de Paris a décidé jeudi après-midi de maintenir cette interdiction. Quelques jours après l'offensive du Hamas sur Israël, le juge des référés a invoqué un contexte d'une «extrême violence» et des «risques avérés de l'exportation de cette violence (...) sur le sol national» au regard, notamment, du «regain d'actes antisémites» depuis cette attaque. Les présidents de l'AFPS (Association France Palestine Solidarité), Bertrand Heilbronn, et de la FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des deux Rives), Mohammed Ben Saïd, ont indiqué à l'AFP qu'ils ne maintenaient pas l'appel à manifester jeudi soir. Mais «nous n'allons pas lâcher», a ajouté M. Heilbronn. «Ces manifestations donnent un débouché politique à une colère qui veut s'exprimer, il est important que l'on puisse porter cette voix». Pour sa part, la dirigeante de la CAPJPO-Europalestine, Olivia Zemor, a dit à l'AFP son intention de «laisser les gens» manifester «s'ils ont envie de le faire».
En province aussi des manifestations hostiles à Israël
Mercredi soir, des rassemblements pro-palestiniens s'étaient tenus à Nantes, Nîmes et Bordeaux, malgré des interdictions préfectorales prises faute de déclaration préalable ainsi que pour des motifs de sécurité publique. Malgré l'interdiction et l'annulation par les organisateurs de la manifestation pro-palestinienne à Toulouse, une centaine de personnes au maximum se sont rassemblées, avant d'être dispersées par des gendarmes mobiles à l'aide de gaz lacrymogènes. Jeudi, le préfet de l'Hérault a interdit deux autres manifestations, prévues vendredi à Béziers et samedi à Montpellier
Michel Zerbib
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