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Attentat de Magnanville : le seul témoin de l’horreur, un enfant de trois ans et demi

France.

Attentat de Magnanville : le seul témoin de l’horreur, un enfant de trois ans et demi
L'auteur de l'attentat de Magnanville, Larossi Abballa - DR

Le procès du massacre de Magnanville s’est  poursuivi avec un témoignage aussi terrible que capital, celui d’un enfant témoin de l’horreur. C’est un petit garçon, le fils du couple de policiers assassinés par un terroriste islamiste qui a donc décrit à un psychologue la scène à laquelle il a assisté. Lundi, la Cour d'assises spéciale s'est notamment intéressée à la présence éventuelle d'un «deuxième homme» sur les lieux de l'attentat.

« Innommable, impensable, irreprésentable », la Cour a entendu les mots d’un enfant témoin de l’horreur

Trois mots lancés lundi devant la Cour d'assises spéciale, par une psychologue clinicienne. C’est elle qui suit depuis sept ans le fils de Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, le couple de policiers assassinés à Magnanville (Yvelines) le 13 juin 2016. Une horreur que le petit garçon de trois ans et demi à l’époque a racontée avec ses mots d'enfants. Déchirants pour la Cour.

Comme le souligne l'avocate générale, «il est le seul témoin direct des faits» mais «… ce n'est pas [l'enfant] qui porte l'accusation». Sa parole est toutefois importante. Le président Petiteau a fait lecture de deux témoignages avant d’entendre la psychologue. D’abord celui d'un policier des Yvelines, ami de Jean-Baptiste Salvaing, qui connaît l’enfant. Présent sur les lieux ce 13 juin 2016, il a pénétré dans le pavillon sitôt l'endroit sécurisé par les policiers du Raid. Dès qu'il a vu l'ami de son père, l'enfant, qui se trouvait au premier étage, a tendu les bras vers cette figure familière.

Le policier va quitter la maison en dissimulant au garçon le corps de sa mère égorgée au rez-de-chaussée. Il accompagne le petit à l'hôpital Necker où il passe la nuit dans sa chambre en attendant l'arrivée des grands-parents. Le lendemain, le policier assiste, à la demande d'une psychologue de l'hôpital, à un premier entretien avec la victime. Le petit garçon utilise des jouets pour raconter le malheur.

Le second témoignage est celui de la psychologue qui a poursuivi l'entretien seule. Le petit lui dit que sa maman est «malade», «qu'elle a pleuré», «qu'elle a un gros bobo». Il précise : «J'étais en haut mais je ne regardais pas le film» et ajoute que c'est «le monsieur » qui lui a demandé d'aller en haut.

Ce récit indicible, le fils des victimes, ses parents y reviendra pendant de longues années devant la psychologue qui le suit . Le témoin évoque un enfant «très courageux et très intelligent», qui «n'oubliera jamais», travaillé par un sentiment de culpabilité et dont le «traumatisme est toujours là, c'est très envahissant». Un garçon entouré par une famille très présente et par «beaucoup d'amour». Elle précise qu'elle est venue témoigner «pour lui». Elle l'a rencontré pour la première fois le 28 juillet 2016, «il avait trois ans et neuf mois et aura onze ans dans quelques mois».

A l’approche du procès le trauma est réactivé et les séances psychologiques réactivées 

L’annonce et l'approche du procès semblent avoir réactivé le trauma et les séances sont redevenues bimensuelles. La psychologue précise que très vite, «trois semaines, un mois après l'attentat», son petit patient a décrit la scène. L’enfant revoit la scène et la rejoue avec des figurines l’assassinat de ses parents.

Puis une autre figurine, un chevalier blanc, accompagné d'un policier en rouge, pénètre dans la maison et tue le méchant. Le témoin explique avoir été «très touché» par cette reconstitution «répétée plusieurs fois». Et de conclure : «Cela veut dire que l'enfant a vu. Il a vu cette scène, il l'a rejouée».

Peut-être un deuxième tueur si l’on croit le récit de l’enfant avec ses mots

La Cour s'intéresse ensuite aux cauchemars de l'enfant où il se disait menacé par deux «monstres» ou «méchants» et à ses déclarations sur la présence d'un autre «méchant», une figurine noire avec deux sabres qui parvenait à s'enfuir… Le petit garçon a aussi dit à sa tante : «il y en a un, il voulait me tuer» et l'autre aurait dit «attend» ou «pas encore». Un point important pour l'accusation qui affirme que, avant de s'éclipser, l'accusé Mohamed Lamine Aberouz fut présent pendant un temps sur les lieux de l'attentat avec son ami le tueur Larossi Abballa.

Six ans après la psychologue est moins sûre, la présence de plusieurs intervenants témoigne avant tout de l'ampleur du traumatisme de l'enfant. Il peut donc y avoir un seul méchant avec plusieurs représentations. Le témoin précise : «Je ne peux le certifier, ce n'est pas mon rôle». La psychologue est surtout là  pour un petit garçon  qui va mieux selon elle. Elle raconte avoir vu pour la dernière fois le fils de Jean-Baptiste et de Jessica le 26 septembre. Ce jour-là, il s'est saisi de jouets qu'il n'avait plus touchés depuis des années et il a confié à celle qui l'écoute et l'aide depuis tant d'années : «Je vais construire un nouveau monde. Les enfants peuvent décider maintenant et ils peuvent aller mieux ». Des propos extraordinaires d’un enfant qui a connu l'indicible et qui raisonnent en petit soulagement devant une Cour toujours sous le choc.

Michel Zerbib

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