Au deuxième jour du procès, la cour d’assises spéciale a entendu un policier de la Sous-direction antiterroriste, ayant enquêté sur l’attentat qui a couté la vie à un couple de policiers, le 13 juin 2016.
Pendant plusieurs heures, c’est un policier de la Sous-direction antiterroriste (Sdat) qui a expliqué mardi après-midi à la cour d’assises spéciale les investigations menées pendant des années sur l’attentat de Magnanville (Yvelines), au cours duquel un couple de policiers a été assassiné par un terroriste islamiste au soir du 13 juin 2016.
Ce 13 juin 2016, les policiers découvrent l’horreur d’un massacre dans un pavillon de banlieue
Les policiers, pourtant habitués aux scènes de crimes ,vont découvrir effarés leur collègue Jean-Baptiste Salvaing gisant à quelques mètres de son pavillon. Sur son corps, on relèvera neuf plaies dont sept dorsales, qui témoignent que Larossi Abballa l’a poignardé dans le dos. Dans le pavillon, au pied de l’escalier, gisent deux corps. Celui du terroriste frappé de 25 impacts de balles. Et celui de Jessica Schneider, l’épouse de Jean-Baptiste Salvaing. Un corps traîné par le terroriste sur quelques mètres et ayant laissé une flaque de sang «d’un mètre de long sur cinquante centimètres de large». Un corps portant une plaie d’égorgement de douze centimètres.
A l’étage, le fils du couple âgé de 3 ans, une batte de base-ball qui a disparu de la scène de crime
À l’étage, le fils du couple âgé de 3 ans n’est pas blessé physiquement. Le policier raconte que Jessica Schneider a été tuée la première et qu’elle a aussi été frappée d’un objet causant une fracture de l’occiput.
Vraisemblablement une batte de base-ball qui reste introuvable à ce jour et que quelqu’un semble avoir tenu à faire disparaître… étonnant mystère. Le policier insiste sur les dernières actions de Jean-Baptiste Salvaing : en tentant d’échapper au tueur, l’époux de Jessica Schneider ordonne à ses voisins alertés de se sauver et d’appeler la police. Ainsi les derniers mots du commandant de police au commissariat des Mureaux auront servi à sauver les autres. Un quartier des Yvelines qui était devenu un bastion des islamistes qui avait commencé à inquiéter ce policier avisé.
Larossi Abballa était connu des services de polices depuis l’âge de 13 ans et condamné déjà pour sa participation à une filière djihadiste. Il était surveillé par la SDAT.
Le policier de la Sdat explique aussi que l’identification de Larossi Abballa a été «un véritable choc pour les services enquêteurs». Abballa était connu des services de police depuis l’âge de 13 ans avec une longue liste de délits (vols, vols aggravés, violences diverses…). Il avait surtout été condamné en 2013 à 3 ans de prison dont 6 mois avec sursis pour sa participation à une filière djihadiste vers la zone pakistano-afghane. Au moment de l’attentat, il était visé par la Sdat dans le cadre d’une autre enquête liée à des départs vers la Syrie. Et il faisait l’objet d’écoutes téléphoniques qui n’ont pas permis de déceler le projet criminel qu’il était en train de préparer activement depuis la mi-mai.
On ne sait pas, avoue l’enquêteur qui témoigne, pourquoi le terroriste islamiste a choisi ce couple de policiers. En revanche, pour le policier de la Sdat, la complicité de Mohamed Lamine Aberouz ne fait aucun doute. Par l’ADN retrouvé sur l’ordinateur manipulé par son ami Abballa (et confirmé par plusieurs expertises et contre-expertises).
Les deux hommes étaient proches amis de religion fanatique et d’idéologique (233 contacts téléphoniques dans la période avant l’attentat et une accélération des contacts à la mi-mai, quand le terroriste prépare son passage à l’acte). Aberouz n’a pas d’alibi le soir du 13 juin. Enfin le témoignage de l’enfant séquestré par Abballa qui a évoqué la présence de deux individus dans le pavillon l’incrimine encore un peu plus.
La défense de Me Vincent Brengarth se dévoile. Il interroge le témoin et lui demande comment il peut «écarter l’hypothèse d’un (Abballa) loup solitaire»
Michel Zerbib
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