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L'antisémitisme de l'autre par Guy Konopnicki

France.

L'antisémitisme de l'autre par Guy Konopnicki
Guy Konopnicki Crédit : Nellu Cohn/RadioJ
La rentrée politique s’annonce mal. Oh, il y a longtemps que les universités d’été des partis politiques ne sont plus que des shows médiatiques, où l’on exhibe des vedettes pour attirer le chaland. Il ne s’agit jamais que de marketing politique. Les Verts et LFI se disputent les faveurs d’une jeunesse, qu’ils ont le tort de confondre avec les émeutiers du début de l’été. On choisit donc un chanteur qui par ses succès sur YouTube semble coller au public que l’on veut attirer. Médine a donc ouvert les rencontres des Verts, avant de passer chez les Insoumis et de chanter à la fête de l’Huma, ce qui lui vaut une photo pleine page à la Une de ce quotidien. On se croirait dans un roman de George Orwell… « Je combats l’antisémitisme » déclare Médine. À l’unisson, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts, Jean-Luc Mélenchon et son perroquet Manuel Bompard, martèlent une même idée : l’accusation d’antisémitisme portée contre Médine et plus généralement contre les mouvements inspirés par l’islam politique, n’est qu’une machination de l’extrême-droite, dont les idées domineraient désormais toute la droite, dont ils proposent une définition élargie, incluant non seulement les partisans d’Emmanuel Macron, mais aussi la gauche laïque et républicaine. Dans cette affaire, les dénégations personnelles de Médine n’ont aucune importance. Admettons qu’il regrette sincèrement de s’être mis en scène exécutant le geste de Dieudonné, qui ne regretterait d’être pris la main dans le sac ? Médiapart ayant délivré un certificat de vertu à Médine, nous devons reconnaître qu’il n’est pas plus antisémite qu’Edwy Plenel, qui lui, ne s’est jamais excusé d’avoir, sous le pseudonyme de Joseph Krasny, salué les assassins des athlètes israéliens des JO de Munich. L’opération réussie par l’aile radicale d’EELV et par LFI est une négation massive de l’antisémitisme le plus meurtrier. Non, l’idéologie qui guidait le gang des barbares n’était pas le vieil antisémitisme français, Ilan Halimi n’est pas mort des tentatives de réhabilitation de Pétain. Pas plus que les enfants de l’école juive de Toulouse, pas plus que Mireille Knoll et Sarah Halimi. Ce n’est pas, non plus, un maurrassien qui a assassiné les clients de l’hypercasher de la Porte de Vincennes. L’opération Médine est un écran de fumée installé devant l’antisémitisme de l’islamisme que l’extrême-gauche protège, au nom de la défense des minorités. Au vu des graffitis sur un commerce juif de Levallois, Aurélien Taché, député NUPES, s’était empressé de désigner « L’antisémitisme, le vrai ». Il existe, en effet, mais, hélas, l’enquête sur l’affaire de Levallois semble s’orienter dans une autre direction. Cela pourrait bien être une bouffée délirante d’antisémitisme exprimée par un juif. Cela existe aussi. Mais nous voici pris dans un redoutable piège. Pour capter l’électorat des cités et récupérer les mouvements de révolte, la gauche radicale pratique la négation de l’antisémitisme masqué en antisionisme. De l’autre côté, l’extrême-droite s’affranchit de son passé, de son histoire, pour se rendre fréquentable et former, demain, une majorité de gouvernement. Elle se sert de l’autre antisémitisme pour masquer le sien. Les auteurs de thèses négationnistes n’ont plus besoin des réunions du Front National pour s’exprimer et diffuser leurs œuvres, ils disposent des réseaux sociaux, où l’antisémitisme permet d’assoir de belles audiences. Chacun rejette fermement l’antisémitisme de l’autre. Jamais le sien. Le vieil antisémitisme revient tranquillement, comme une évidence. On l’a vu, dans les manifs anti-vax menées par l’ex-bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot. On l’entend, dans maints discours sur la mondialisation financière, ou dans la dénonciation des supposées influences qui pèsent sur le pouvoir politique. Dans le rejet du cosmopolitisme et l’expression de la nostalgie d’une France perdue. Combien se délectent, à la lecture d’un Zemmour, qui peut se permettre, lui, de réhabiliter Pétain, et de valoriser le beau patrimoine antisémite de la littérature française… Par Guy Konopnicki

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