Israël durcit le ton face à l'Autorité Palestinienne

Israël.

La commission de l'Intérieur de la Knesset a validé lundi le projet de loi de déchéance de nationalité ou de résidence pour les auteurs de crimes de terrorisme, qui ont reçu, eux ou leurs familles, de l'Autorité Palestinienne un paiement pour leurs actes. Le projet était déjà en préparation, mais il a été accéléré après la libération du terroriste arabe israélien, auteur de l'assassinat du soldat de Tsahal Avraham Bromberg en 1980. Karim Younes, qui avait été libéré la semaine dernière, après 40 ans de réclusion, avait été accueilli en héros dans son village de Galilée, où des responsables palestiniens du Fatah s'étaient joints aux réjouissances. L'épisode avait d'autant plus choqué la famille de la victime et le public israélien, que le terroriste n'avait exprimé aucun regret pour son acte. Israël s'était jusqu'à présent abstenu d'une telle mesure, car elle pose le problème du statut des citoyens israéliens qui ne détiennent pas d'autre nationalité. Selon le droit international, un individu ne peut être rendu apatride. Et cette mesure vient s'ajouter à d'autres décisions prises ces derniers jours par le nouvel exécutif israélien. Vendredi, le cabinet de sécurité avait notamment approuvé le gel de la construction de logements palestiniens en zone C – la partie des territoires de Judée Samarie sous contrôle israélien – la retenue de 37 millions d'euros de taxes perçues pour le compte de l'Autorité Palestinienne, et qui seront reversés aux familles des victimes du terrorisme, et le retrait des laisser-passer spéciaux accordés aux dirigeants de l'Autorité Palestinienne, impliqués dans des initiatives diplomatiques ou judiciaires contre Israël, comme la récente saisine de la Cour internationale de justice par l'Assemblée Générale de l'Onu sur demande palestinienne. On constate donc un virage qui s'amorce dans la politique du nouveau gouvernement Netanyahou sur le dossier palestinien. La position de soutien de l'Autorité Palestinienne, pratiquée par le gouvernement sortant, mais aussi par les coalitions précédentes dirigées par Benyamin Netanyahou, est en train d'évoluer. Jusqu'ici, la logique était de pratiquer une certaine prudence, pour ne pas affaiblir davantage le régime de Mahmoud Abbas, déjà érodé par ses problèmes intérieurs. Donc, de maintenir une coopération économique, mais aussi de ne pas toucher aux responsables du régime. L'autre mesure qui pourrait accentuer ce changement d'approche sera le resserrement des conditions de détention des terroristes palestiniens dans les prisons israéliennes. Le ministre de la Sécurité Nationale, Itamar Ben Gvir a déjà annoncé son intention de supprimer le droit de visite des députés arabes israéliens, mais aussi de veiller à ce que les conditions des détenus sécuritaires ne soient pas améliorées. Ce durcissement de la politique carcérale devrait avoir un impact dans les relations avec l'Autorité Palestinienne, qui fait traditionnellement du dossier des prisonniers un enjeu politique majeur, avec un ministère dédié au dossier et bien sûr la rémunération accordée aux terroristes détenus en Israël ou à leurs familles. Il n'est pas impossible que de telles mesures entrainent aussi un regain de tension sur le terrain. C'est aussi ce qui préoccupe l'administration américaine, qui redoute une détérioration de la situation et qui va envoyer d'ici la fin du mois deux émissaires pour discuter avec les dirigeants israéliens. Pascale Zonszain

pzoom100123

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