La mort des migrants de Gaza et la grogne contre le Hamas

International.

Le 18 décembre, les Gazaouis  étaient plusieurs milliers à participer aux obsèques de huit migrants palestiniens, qui s'étaient noyés quelques semaines plus tôt en tentant de gagner l'Europe. Ils étaient à bord de l'une des nombreuses embarcations transportant clandestinement des migrants d'Afrique ou du Proche-Orient et qui font naufrage en traversant la Méditerranée. La leur avait coulé au large de la Tunisie. Car certains Palestiniens de Gaza préfèrent tenter leur chance ailleurs, quand la situation dans le territoire côtier ne leur offre qu'un avenir bouché avec un taux de chômage qui frôle les 45%. Depuis huit ans, on estime à 360 le nombre de Palestiniens de Gaza qui ont péri dans des circonstances similaires, en empruntant des filières via la Turquie, la Libye ou la Tunisie. Et ces drames individuels commencent à alimenter le ressentiment de la population contre ses dirigeants. Le récent sondage publié par un institut de Ramallah abordait d'ailleurs ce sujet, pour constater que si les avis étaient partagés, le premier responsable désigné par les Palestiniens pour ces noyades de migrants de Gaza était le Hamas à 27%, devant Israël, l'Autorité Palestinienne et l'Egypte. Et les Palestiniens seraient aussi de plus en plus nombreux à songer à l'émigration. Une option envisagée par 30% des Gazaouis et 20% des Palestiniens de Judée Samarie, selon l'enquête d'opinion. Ce qui va de pair dans la Bande de Gaza avec une grogne croissante à l'égard du Hamas, qui gouverne l'enclave côtière depuis qu'il avait renversé le régime de l'Autorité Palestinienne en 2007. A peine 6% des Palestiniens ont une opinion positive des conditions de vie à Gaza. Car le bouclage du territoire par Israël, mais aussi par l'Egypte n'est pas le seul motif de mécontentement de ses habitants, qui sont de plus en plus à reprocher au Hamas son régime autoritaire, la lourde fiscalité qu'il impose à la population, mais aussi le luxe dans lequel vivent ses dirigeants, notamment la direction de l'organisation en exil. C'est aussi ce qui a fait défiler plusieurs milliers de Gazaouis derrière le cortège funéraire des huit migrants. Car on ne défie pas ouvertement le régime islamiste, même quand l'opinion est globalement mauvaise. 69% des Palestiniens pensent que le Hamas est corrompu. Cela dit ils sont 80% à le penser en ce qui concerne l'Autorité Palestinienne. Pour en revenir à la situation dans la Bande de Gaza, si elle est toujours précaire, elle s'est pourtant partiellement améliorée, grâce à l'aide financière du Qatar, mais aussi par les allègements du bouclage accordés par Israël, qui a augmenté le quota de circulation des marchandises vers et en provenance du territoire côtier et aussi le nombre de Gazaouis, près de 20.000, autorisés à entrer travailler en Israël. D'autres mesures économiques liées à la consolidation de la trêve avec le Hamas avaient été prévues après la guerre de l'été 2014, notamment en ce qui concerne la reconstruction et le développement des infrastructures de l'enclave. Mais les violations répétées du cessez-le-feu, notamment par le Jihad islamique et le refus persistant du Hamas de rendre les dépouilles des deux soldats de Tsahal tués pendant l'opération Bordure Protectrice et les deux civils israéliens toujours captifs de l'organisation islamiste, ont freiné ce projet. Ce qui peut expliquer aussi la frustration grandissante de la population de Gaza. Pascale Zonszain

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