Son gouvernement n'est même pas encore constitué, que Benyamin Netanyahou doit déjà apprendre à gérer les ardeurs d'un de ses futurs vice-ministres. Avi Maoz, le leader et seul élu du parti nationaliste religieux Noam, sera vice-ministre attaché au cabinet du Premier ministre, avec la responsabilité d'une "Autorité sur l'identité juive nationale". Le parti d'Avi Maoz fait partie de l'alliance des trois partis nationalistes qui avaient fait liste commune pour les élections du 1er novembre, avec celui d'Itamar Ben Gvir et celui de Betsalel Smutrich, sous la bannière Sionisme Religieux. Et Avi Maoz vient de jeter un premier pavé dans la mare, en annonçant son intention d'œuvrer en vue d'interdire la Gay Pride à Jérusalem. Si du point de vue du leader du parti ouvertement anti LGBT, ce programme n'a rien d'étonnant, en revanche, il n'a jamais fait partie de l'accord de coalition qu'il a conclu avec le Likoud.
Mais le fait qu'Avi Maoz ait manifesté un tel empressement, donne à Benyamin Netanyahou un avant-goût de ce qui l'attend. Le futur chef du gouvernement israélien a d'ailleurs dû aussitôt se fendre d'une mise au point : "la parade des fiertés continuera à défiler à Jérusalem. Mon gouvernement ne portera jamais atteinte aux droits de la communauté LGBT, ni d'aucun citoyen israélien " a assuré Benyamin Netanyahou. Le même Netanyahou qui la veille, avait été tout aussi catégorique dans l'interview qu'il avait accordée à un média américain. Mais c'est justement parce qu'il avait réitéré sa position aussi peu de temps auparavant que la déclaration de son futur vice-ministre sonne comme un premier défi, ou au moins un premier test d'autorité.
Car Avi Maoz, qui rappelons-le, ne représente qu'un seul mandat à la Knesset et donc dans la coalition, n'a pas pour autant obtenu un titre "hochet" assorti d'un bureau et d'une voiture de fonction, mais bien d'un service doté d'une quinzaine de personnes, qui sera chargé d'examiner le contenu des programmes extra-scolaires, qui vont être détachés du ministère de l'Education pour passer sous la tutelle du chef du parti Noam. Et Avi Maoz a déjà désigné ses premiers objectifs : extraire de ces programmes tout ce qui est lié aux études de genre et aussi au judaïsme réformé. Deux éléments qu'il considère également dangereux pour l'identité juive et nationale d'Israël. De surcroit, Avi Maoz doit prendre le contrôle de l'organisation Nativ, chargée de l'alyah des pays de l'ancien bloc soviétique. Et là, c'est la définition des conditions à l'immigration en Israël qui sont dans son viseur. Avi Maoz considère que la disposition de la Loi du Retour qui permet à une personne ayant seulement un grand-parent juif d'obtenir la citoyenneté israélienne, a fait entrer une population non juive dans le pays. Pour faire bonne mesure, les partis orthodoxes, et ceux de Ben Gvir et de Smutrich réclament eux aussi la suppression de cet article de la Loi du Retour.
Alors, si l'on peut croire le patron du Likoud quand il assure qu'il n'a pas l'intention de toucher au caractère démocratique d'Israël, on peut aussi s'interroger sur la façon dont il va devoir gérer ses nouveaux alliés nationalistes. Comme l'a déjà dit hier un dirigeant de son parti : si nécessaire, le Likoud pourra aussi faire fonctionner sa coalition sans Avi Maoz. Un avertissement qui s'étend aussi à ses autres partenaires ?
Pascale Zonszain
Quand un membre de la nouvelle coalition teste Benyamin Netanyahou
Israël.
Publié le 02/12/2022 à 09h23 - Par Gabriel Attal
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