On ne peut contenter tout le monde et son propre parti. C'est le principe de base à connaitre quand on doit former un gouvernement de coalition. Ce n'est jamais que la sixième fois que le Likoud, sous la direction de Benyamin Netanyahou, se retrouve à négocier avec d'autres partis pour composer un gouvernement. Et cela a pu donner des alliances compliquées, qui ont exigé de nombreuses concessions, ce qui est d'ailleurs le propre d'un accord de coalition. Mais ce qui se passe en ce moment, dépasse apparemment toutes les expériences précédentes. Fort de 32 députés, le Likoud peut prétendre aux ministères les plus importants, en tout cas une partie d'entre eux, dans le futur gouvernement. Mais d'ores et déjà, il est clair que le parti conservateur devra faire un trait sur les Finances, l'Intérieur, la Santé, la Sécurité intérieure, et toute une série de ministères décomposés et recomposés, pour satisfaire les exigences des trois autres partis de la coalition. Et cela commence à faire grincer dans les rangs du Likoud. Sans compter que le programme politique du futur gouvernement sera aussi influencé par la dominante plus religieuse, qui ne va pas forcément de pair avec les convictions de tous les élus du parti conservateur. Et certains commencent à donner de la voix. David Bitan dénonce des négociations à sens unique, où le Likoud donne sans rien recevoir en échange. "Il ne nous restera que des miettes" se lamente le baron du Likoud, qui accuse son patron d'avoir dépassé les bornes. "C'est le Likoud qui doit rester l'acteur le plus influent de la coalition" estime David Bitan. Dany Danon quant à lui, déplore que les grands ministères ne restent pas entre les mains du Likoud et que Benyamin Netanyahou envisage un "super-ministère" pour le leader du Shas Arié Derhy, au détriment de son parti. Celui qui avait été nommé par Netanyahou ambassadeur d'Israël aux Nations Unies, se voyait probablement comme un candidat logique pour le ministère des Affaires étrangères, et n'a pas dissimulé son mécontentement quand il a été question de le confier à Ron Dermer, un proche du futur chef du gouvernement, mais qui n'a jamais été élu du Likoud.
Et le climat est loin de s'apaiser. Si certains barons du parti évitent encore de s'exprimer publiquement pour ne pas compromettre leurs chances de siéger au conseil des ministres, ils pourraient sortir de leur réserve s'ils étaient écartés de la distribution ou casés dans des ministères subalternes ou vidés de leur contenu au profit d'autres partenaires de la coalition. On pense à des personnalités comme Yuli Edelstein, Israël Katz ou Nir Barkat, qui se sont déjà heurtés dans le passé à Benyamin Netanyahou. Après la défaite de 2021, qui avait vu l'investiture du gouvernement Bennett-Lapid, on avait vu au sein du Likoud quelques velléités de remettre en jeu la présidence du parti, détenue par Netanyahou depuis plus de quinze ans. Mais le leader du parti conservateur avait su conserver le soutien massif de l'appareil qui l'a plébiscité pour conduire les élections du 1er novembre.
Le Likoud devrait toutefois conserver les portefeuilles des Affaires étrangères, de la Défense, de l'Education et de la Justice. Suffisamment pour peser sur l'action du gouvernement, mais pas assez pour en dicter la ligne de politique générale. Et susciter des frustrations qui s'ajouteront aux autres problèmes que devra affronter Benyamin Netanyahou.
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Pascale Zonszain
Les grincements du Likoud
Israël.
Publié le 23/11/2022 à 10h13 - Par Gabriel Attal
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