Quand l'Iran cherche une cible israélienne

Israël.

C'est apparemment un drone suicide iranien de type Shaed-136, le même modèle utilisé depuis quelques semaines par la Russie pour ses attaques en Ukraine, qui s'est abattu le 15 novembre sur un pétrolier dans le golfe d'Oman. Le navire appartient à une société singapourienne, dont le milliardaire israélien Idan Ofer, est un des actionnaires. Voilà pour le lien avec Israël. Car ni le cargo citerne, ni son équipage, ni son pavillon n'étaient israéliens. Mais on a déjà vu par le passé que cela suffisait à l'Iran pour sélectionner sa cible. Entre 2019 et 2021, l'Iran avait attaqué d'autres navires circulant dans le golfe d'Oman, ce qui avait entrainé des ripostes israéliennes, bien que jamais revendiquées comme telles. Les frappes israéliennes visaient des tankers iraniens en route pour livrer du pétrole à la Syrie, en violation de l'embargo international contre l'Iran et dont la vente servait à financer le Hezbollah et d'autres organisations pro-iraniennes. L'épisode le plus grave de cette guerre navale de l'ombre avait été une attaque iranienne contre un navire opérant indirectement pour une compagnie israélienne, et où deux membres d'équipage roumain et britannique avaient été tués. Depuis, la campagne entre les guerres menée par Israël contre l'Iran s'était recentrée principalement sur le théâtre syrien, où Israël effectue périodiquement des frappes contre des objectifs iraniens. Une des dernières en date avait visé le 9 novembre un convoi de camions d'essence où étaient dissimulées des cargaisons d'armes, à la frontière irako-syrienne. Une zone qui est rarement ciblée par Israël, notamment parce qu'elle se trouve sous contrôle américain. Mais ce raid a dû être considéré par Téhéran comme plus grave que les autres. D'autant qu'il faut y ajouter un autre échec iranien révélé cette semaine : une tentative d'enlèvement et d'assassinat d'un homme d'affaires israélien en Géorgie, déjoué par les services de sécurité locaux. Il est donc possible que les Iraniens aient cherché une riposte rapide et qu'ils soient allés au plus simple et au plus proche en attaquant le Pacific Zircon au large d'Oman. Fort heureusement, l'explosion du drone suicide n'a pas fait de blessé et n'a causé que des dégâts mineurs. Dans les milieux sécuritaires israéliens, on évoque une "erreur stratégique" commise par l'Iran. Attaquer un navire civil dans les eaux internationales, et de surcroit dans le golfe d'Oman, à quelques encablures et à quelques jours de l'ouverture du Mondial de football au Qatar, ne va pas améliorer la situation de Téhéran sur la scène internationale, alors que le régime iranien est déjà pointé du doigt pour la répression des manifestations à l'intérieur de l'Iran et pour sa fourniture d'armes à la Russie dans sa guerre en Ukraine. Toutefois, les risques d'escalade restent limités. Vu le rapprochement de ces deux dernières années avec Bahreïn et les Emirats arabes unis, Israël ne prendra pas le risque d'ouvrir une confrontation directe avec l'Iran dans ce secteur, de surcroit un axe crucial de la navigation internationale pour le transport d'hydrocarbures. Et les Iraniens le savent. Ce qui n'exclut pas une réaction plus discrète, et qu'Israël ne revendiquera pas, sur un des théâtres où se déploie la menace iranienne. [playlist ids="187218"] Pascale Zonszain

pzoom171122

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